Roland Heguy et Hervé Becam, président et vice-président depuis 2010 de la première organisation professionnelle de la branche CHRD, passeront la main le 27 octobre à l'issue des élections confédérales. Les 109 grands électeurs, composés des 106 présidents départementaux de l'Union et des 3 présidents de ses syndicats associés, voteront pour l'une des cinq candidatures, se partageant entre élus Umih de longue date et nouvelles figures médiatiques. Aucun favori ne semblait se détacher. Les grands électeurs trancheront sur leur programme et leur personnalité.
Que de candidats cette fois ! Les précédentes élections de l’Umih se limitaient à des duels. Généralement emportés haut la main par l’un des duellistes. En 2010, le duo basco-breton Heguy-Becam avait décroché un plébiscite, avec 80,2 % des voies exprimées, face à Pierre-Paul Alfonsi et Alain Paulin.
Cette fois, ils sont cinq binômes. Du jamais vu. Avec, à nouveau, une forte majorité d’hommes (huit sur dix). A l’image finalement des Umih départementales, qui ne comptent que 12 présidentes à leur tête sur 106.
On ne dénombre que deux attelages mixtes et encrés en régions : Laurent Duc et Nathalie Baudoin, Bernard Marty et Sabine Ferrand. Face à trois attelages masculins. L’un régional et encré en l’Umih, Alain Grégoire et Hubert Jan. L’autre parisien, Stéphane Manigold et Grégory Pourrin. Et enfin, un Parisien associé à un Niçois, Thiery Marx et Eric Abihssira.
Si l’on s’en tient aux seuls candidats à la présidence, on distinguera deux groupes. D’un côté, trois piliers de l’Umih. Laurent Duc, depuis 2003 dans la place. Alain Gregoire, le plus rapide à avoir gravi les échelons syndicaux. Bernard Marty, passé d’un syndicat de salariés (CGT-SNCM) à un syndicat de patrons…
Face à eux, deux professionnels à haut profil médiatique. Thierry Marx, qu’on ne présente plus. Et Stéphane Manigold, qui s’est bâti une notoriété dans les HCR à partir de 2020 en faisant de son combat contre les compagnies d’assurance une tribune audiovisuelle permanente.
Compétence, pertinence et aura…
Qui l’emportera ? Le résultat n’a jamais été moins certain. Tout l’enjeu est d’arriver à convaincre une majorité de leurs pairs départementaux. Sur les seuls critères de l’expérience, de la maîtrise des dossiers, de la combativité et de la pertinence du programme, certains candidats sembleraient mieux placés que d’autres. Un Laurent Duc, par exemple, à la tête de l’Umih Hôtellerie française depuis 2009, est d’une compétence et d’une pugnacité redoutable. Trop peut-être en matière de pugnacité, reconnait l’intéressé lui-même… Un Alain Gregoire, très technique aussi, s’est très vite mis au diapason. Et Hubert Jan, patron d’Umih Restauration, qui a débuté comme commis, incarne le mérite et la tradition responsable.
Une lecture attentive des programmes montrera d’ailleurs, dans les actions à engager et les revendications à porter devant les pouvoirs publics, un haut degré de finition et de précision chez certains. Et un haut degré de superficialité et de généralités chez d’autres… Sachant aussi que des serpents de mer traversent tous les programmes. L’étalement du remboursement des PGE. L’allègement de la fiscalité sociale… La simplification du code des débits de boissons. La protection de la dénomination « Restaurant ». Ou encore, la création d’une OPCO Tourisme.
On regrettera toutefois, même dans les programmes les plus pointus, le peu de cas fait des questions sociales, tout juste évoquées. A l’exception, peut-être, des projets d’Alain Gregoire et de Thierry Marx.
Un futur en fusion ?
Une élection, c’est aussi une affaire d’affection et de séduction. Le candidat qui saura être le plus pertinent sur le fond, tout en y mettant les formes, avec des qualités humaines, relationnelles, devrait l’emporter. Sans oublier de l’appétence et de l’aptitude à communiquer vers le monde extérieur et les médias. Gare à la petite phrase de travers ou au comportement limite ! Important aussi selon nous, sera la complémentarité, pour ne pas dire la complicité, entre président et vice-président. Sur ce plan, le binôme Heguy-Becam aura fait figure d’exemple.
Quoi qu’il en soit, un sacré challenge interne attend les futurs dirigeants. Celui de relancer l’Umih pour éviter que son déclin ne se poursuive. Certes, la confédération compte encore 35 000 adhérents. Mais elle en comptait presque deux fois plus 15 ans plus tôt. Et sa représentativité est passée sous le seuil stratégique des 50 %. Elle n’en reste pas moins la première organisation de la branche HCR. Son futur passera-t-il par une fusion avec son concurrent GNI ? Réponse probable sous la mandature de quatre ans qui va débuter.
Des points saillants de leur programme
Laurent Duc / Nathalie Baudoin
Laurent Duc est président d’Umih Hôtellerie Française. Il est directeur général de l’hôtel Ariana, à Villeurbanne (69)
Nathalie Baudoin est vice-présidente Umih 84 et présidente Logis 84. Elle est gérante de l’hôtel-bar-bistrot Le Glacier à Orange (84).
Leurs enjeux et priorités
Renforcer l’Umih au service de ses adhérents,
Faciliter le quotidien des chefs d’entreprise en leur redonnant de la liberté et de la visibilité,
Développer et défendre l’attractivité des entreprises et métiers,
Défendre une restauration de qualité au service de la santé et du respect de l’environnement,
S’engager dans les défis de demain.
Dans leurs actions majeures
Créer un CDI saisonnier ; Réduire de 24 h à 7 h le seuil du travail à temps partiel hebdo ; Créer un CESU « extras » ; Reenégocier les commissions des titres restaurants ; Maintenir le forfait de charges sociales des apprentis embauchés pendant 1 an après leur diplôme ; Faire augmenter l’exonération des frais de succession sur les établissements du secteur de 100 000 euros à 1 million d’euros ; Sortir du temps de travail des traiteurs la durée des trajets.
Alain Grégoire / Hubert Jan
Alain Grégoire est président Umih Auvergne-Rhône-Alpes. Il est propriétaire-exploitant de l’hôtel Mercure Spa, Les Bains Romains à Saint-Nectaire (63).
Hubert Jan est président Umih Restauration et Umih 29. Il est propriétaire et chef de cuisine de l’hôtel-restaurant de Bretagne, à Beg-Meil, Fouesnant (29) , transformé en restaurant « Bistrot chez Hubert » (bistronomie)
Leur enjeux et priorités
Redynamiser l’industrie touristique,
Renouveler et adapter l’offre existante,
« Libérer » les entreprises,
Recruter « responsable »,
Accompagner la transition numérique et le développement durable des entreprises,
Agir pour une ruralité captive et agile.
Dans leurs actions majeures
Créer un fonds public de soutien à la rénovation des établissements CHRD ; Créer une OPCO du Tourisme ; Relancer la négociation sociale ; Simplifier et garantir l’accès aux dispositifs de formation ; Orienter la fiscalité écologique sur le financement des innovations durables via un crédit d’impôt ; Faciliter l’hébergement des saisonniers ; Accroître de 10 % le nombre d’adhérents d’ici 2026 – soit 40 000.
Stéphane Manigold / Grégory Pourrin
Stéphane Manigold est président Umih Restauration Ile-de-France, Il est président du groupe Eclore (8 restaurants gastronomiques et bistronomiques à Paris)
Grégory Pourrin est directeur général et fondateur associé de la société de gestion hôtelière Centaurus (ex Paris Inn group).
Leurs enjeux et priorités
Protéger les entreprises des défis et crises à venir,
Unifier la voix de la profession,
.Augmenter l’attractivité de l’emploi et développer la formation,
.Œuvrer à l’union de la branche hôtelière et à l’encadrement réglementé des meublés de tourisme,
.Proposer des services aux présidents des départements pour faciliter leur action aux services des adhérents,
.Ouvrir le Directoire à huit présidents de départements.
Dans leurs actions majeures
Ouvrir le Directoire à 8 présidents de départements ; Proposer des services aux présidents des départements pour faciliter leur action aux services des adhérents ; Oeuvrer à l’union de la branche hôtelière et à l’encadrement réglementé des meublés de tourisme ; Unifier la voix de la profession.
Bernard Marty / Sabine Ferrand
.Bernard Marty est président Umih 13 – Umih Paca Corse. Propriétaire avec son épouse du restaurant-brasserie La Gratinée à Marseille.
Sabine Ferrand est présidente Umih 41 – Umih Centre-Val-de-Loire. Elle dirige le bar-grill-restaurant Le Rhinocéros à Saint-Laurent-Nouan (41)
Leurs enjeux et priorités
Dialogue social,
Relations entre l’Umih nationale, les Umih régionales et les Umih départementales,
Progression du nombre d’adhérents,
Partenariats,
Communication,
Recrutement,
Ruralité figurent
Fédérer, agir, défendre, accompagner » l’ensemble des professionnels du secteur,
« Penser l’avenir sans oublier les problèmes du jour… pour un engagement responsable ».
Dans leurs actions majeures
Election d’un deuxième vice-président pour élargir la représentativité des branches ; Transparence détaillée des comptes de l’Umih ; Rapprocher les structures patronales existantes ; Référent média dans chaque département ; Accompagner la diffusion d’innovations, la réalisation d’Appel à Projets dans les départements ; Mutualiser les moyens des départements.
Thierry Marx / Eric Abihssira
Thierry Marx est chef du restaurant Sur Mesure (hôtel Mandarin Oriental). Il est entrepreneur, créateur entre autre de l’Ecole Cuisine Mode d’Emploi(s)
Eric Abihssira est président de la FHRT Nice Côte d’Azur. Il est directeur général du Best Western Nice Cosy Hôtel.
Enjeux et priorités
Soutenir la trésorerie des entreprises et leur capacité d’investissement,
Faire du tourisme une priorité de l’économie française,
Créer des conditions de concurrence justes et pérennes,
Renforcer l’attractivité des métiers,
Soutenir les entreprises dans leur transition numérique et dans la ruralité,
Accompagner les entreprises responsables (promotion du tourisme durable, labels, fiscalité écologique…
Dans leurs actions majeures
Favoriser la conclusion de contrats d’objectifs territoriaux Etat/Région/Branches ; Simplifier la reconversion ou la promotion par Alternance (Pro-) pour faciliter la montée en compétence des salariés ; Instaurer un label Qualité de Vie au Travail (QVT) pour certifier les entreprises qui s’engagent dans cette démarche et renforcer leur attractivité ; Faciliter les mobilités professionnelles des saisonniers (sécurisation des parcours pros et logements dédiés) ; Labelliser les bonnes pratiques environnementales ; Mettre en place un dispositif entreprise apprenante dans les zones rurales.