Les défaillances d’entreprises à leur plus bas niveau historique au 2ème trimestre 2021

La crise la plus profonde qu’ait traversée l’Hébergement Restauration n’a toujours pas provoqué de surmortalité au sein de ses entreprises. Selon les données des tribunaux, traitées par Altarès, le nombre de défaillances a de nouveau baissé au 2ème trimestre 2021 (- 28 %), après avoir déjà reculé 1 an plus tôt (-49 %), pour arriver cette fois à un point bas de 583 défaillances, jamais atteint jusque là. Toutefois, le taux de liquidations judiciaires reste à un niveau élevé de 75 %. La branche n’est peut-être pas encore sortie d’affaires. Pour Altarès, un rebond des défauts semble inéluctable, après la fin des aides financières et sociales.

La crise la plus profonde qu'ait traversée l'Hébergement Restauration n'a toujours pas provoqué de surmortalité au sein de ses entreprises. Selon les données des tribunaux, traitées par Altarès, le nombre de défaillances a de nouveau baissé au 2ème trimestre 2021 (- 28 %), après avoir déjà reculé 1 an plus tôt (-49 %), pour arriver cette fois à un point bas de 583 défaillances, jamais atteint jusque là. Toutefois, le taux de liquidations judiciaires reste à un niveau élevé de 75 %. La branche n'est peut-être pas encore sortie d'affaires. Pour Altarès, un rebond des défauts semble inéluctable, après la fin des aides financières et sociales.

Procédure de sauvegarde pour Appart’City (en photo ci-dessus, l’une de ses résidences sur Montpellier). Dans la branche H&R, c’est le plus important événement judiciaire, qu’on ne peut pas encore qualifier de sinistre à ce stade, du deuxième trimestre 2021.

Le leader français de l’appart’hôtel, qui compte 105 résidences Appart’City, a obtenu, à la mi-avril, le feu vert du Tribunal de commerce de Montpellier. La durée de six mois prévue va lui permettre de préparer un plan de sortie de crise. En l’espace de deux mois, mars et avril 2020, ses 11 900 appartements se sont rapidement vidés de leur habituelle clientèle d’affaires. Elle n’est que très partiellement revenue depuis.

Si le Tribunal a accepté la procédure, c’est qu’ Appart’City s’était auparavant engagé vis-à vis de ses 8 800 propriétaires-bailleurs. 81 % d’entre eux ont finalement accepté un accord prévoyant d’abandonner quatre mois de loyers en 2020 et 30 % des loyers en 2021. Appart’City s’engage à payer les autres mensualités selon un échelonnement moyen-long terme (non communiqué à ce jour).

Appart’City emploie 980 salariés, massivement placés en chômage partiel. Le groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 110 millions d’euros en 2020 (clos au 30 septembre). Alors qu’il avait atteint 186,9 millions d’euros sur l’exercice précédent, soit une baisse de 41 %.

Nouveau recul des défaillances dans toutes les activités
hormis dans deux secteurs de l’hébergement touristique

 

Sauv. : procédures de sauvegarde
RJ : redressements judiciaires
LJ : liquidations judiciaires
Lecture :  Au 2ème trimestre 2021, les défaillances d’entreprises ont diminué de 28,1 % dans la branche par rapport au 2ème trimestre 2020.  Elles ont baissé de 27,4 % dans la Restauration et de 43,7 % dans les Débits de boissons. Elles ont augmenté de 1,8 % dans les Hébergements.
Source du tableau : Altares– retraitement HR-infos

Détail des défaillances par secteur, par comparaison trimestrielle

Le tableau montre un léger regain de défaillances (12 VS 10) dans la classe 5520 Z, correspondant notamment aux résidences de tourisme. Même constat pour les campings, avec 6 défaillances enregistrées au 2 ème trimestre 2021 contre 3 au 2 ème trimestre 2020.

Source du tableau : Altarès 

Des données réputées fiables et exhaustives provenant des sources judiciaires

Altares comptabilise à la fois l’ensemble des entités légales disposant d’un numéro Siren (entreprises individuelles, professions libérales, sociétés, associations) et l’ensemble de celles ayant fait l’objet d’un jugement d’ouverture de procédure prononcé par un Tribunal de Commerce ou de Grande Instance.
Altares collecte par ailleurs l’ensemble des jugements auprès des greffes des Tribunaux de Commerce ou des Tribunaux d’Instance. L’entreprise est également licenciée officiel du B.O.D.A.C.C.

Trois question à Thierry Millon, directeur des études Altares

Le syndicat national de discothèques fait état de 430 discothèques et clubs « ayant mis la clef sous la porte » en 2020, ce qui représenterait plus d’un quart de leur parc. Avez-vous observé une sinistralité particulière sur ce secteur ? Le chiffre avancé vous paraît-il correspondre à la réalité ?

« Lorsque le syndicat parle de 430, il considère qu’il s’agit de 200 fermetures sur défaillances et 230 fermetures amiables (volontaires). Si on considère le code NAF 9329Z concentrant les discothèques mais pas seulement (https://www.insee.fr/fr/metadonnees/nafr2/sousClasse/93.29Z?champRecherche=false), nous avons enregistré les chiffres de défaillance suivant : 2017 = 238 ; 2018 = 223 ; 2019 = 243 ; 2020 = 172 ; 2021 (6 mois) = 72.
Il n’y a donc pas une surmortalité « Covid » pas plus que sur le reste de l’économie qui a été aidée (comme la restauration par exemple) sur ce code NAF.

 Les statistiques de greffe sont-elles suffisantes pour rendre compte de l’espérance de vie des entreprises ? Pour prendre un exemple, la France, début 2021, comptait officiellement 17 405 hôtels. Soit 282 de moins qu’en 2020 et 544 de moins qu’en 2019. Pour autant, il n’apparaît pas dans les données Altares qu’autant d’hôtels aient été « liquidés » ces deux dernières années. Comment rendre compte de ces flux ?

« Les chiffres Altares dévoilés chaque trimestre rendent compte des ouvertures de procédure. Les hôtels sont plus fréquemment placés en redressement que les autres secteurs. Mais d’une part, chaque trimestre nous comptabilisons les Liquidations Judiciaires directes (LJ). Et par ailleurs, naturellement certains Redressements Judiciaires (RJ) sont convertis en LJ quelques semaines après l’ouverture. Depuis le début de l’année nous comptons une cinquantaine de LJ directes. Par ailleurs, certains hôtels peuvent faire l’objet de fermetures amiables (fusion, rachat de fonds de commerce etc.). »  

Depuis le début de la crise, le secteur Hébergement & Restauration enregistre assez peu de liquidations. Et moins d’ailleurs qu’en 2019 et 2018. Pensez-vous qu’il a désormais définitivement échappé à la crise, grâce aux différents dispositifs d’aide et au besoin de consommation des Français ?

« Non malheureusement, les défauts vont augmenter. Le secteur a été très aidé et plus longtemps que d’autres pour affronter la crise et une fermeture administrative plus longue. Le secteur a donc très bien tenu.
Mais il y aura donc immanquablement un rattrapage des défauts sur ce secteur. Ce rattrapage a déjà commencé sur le 2e trimestre, épargnant la restauration qui n’était pas encore sortie des mesures de restriction et qui donc bénéficiait encore d’aides. L’activité a redémarré très fort dans la restauration. Mais l’été n’est pas toujours synonyme de bon business sur l’ensemble du territoire . Ce peut être le cas pour Paris par exemple.
Le risque est celui de savoir réussir la crise « par soi-même » après avoir été mis sous cloche pendant la Covid. » 

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