Un hôtel unique au monde créé par un artiste également singulier. L’hôtel s’appelle The Walled Off, l’artiste Bansky. Situé en Cisjordanie dans la ville de Bethléem, à 10 km au sud de Jérusalem, The Walled Off Hotel (littéralement « Hôtel coupé par le mur ») se vante de proposer « la pire vue que l’on puisse avoir d’un hôtel ». L’établissement jouxte en effet le mur de séparation qui cerne cette commune où, selon la tradition, naquit Jésus de Nazareth. Plusieurs de ses chambres offrent une vue imprenable sur cette fortification en béton qui sépare Israël des territoires palestiniens.
Bansky a investi et décoré un ancien immeuble résidentiel de cette cité de 30 000 habitants pour créer un hôtel de 9 chambres 3 étoiles, accessibles à partir de 30 dollars. L’artiste a confié la gestion de l’hôtel à l’administration locale palestinienne. Bethléem reçoit 2 millions de touristes par an et compte 24 autres hôtels comparés par Tripadvisor.
L’hôtel est à la base un projet artistique de ce Britannique natif de Bristol à l’identité volontairement cachée. Les chambres et les salons sont recouverts de ses oeuvres, décrites comme des « transfigurations poétiques » de la réalité. En l’occurrence ici, le conflit israélo-palestinien et ses répercussions sur les populations. Les créations de deux autres artistes, le Palestinien Samir Musa et la Canadienne Dominique Petrin, sont également présentées. L’humour est souvent présent dans le travail de Banksy. «Walled-Off» est d’ailleurs le détournement du nom de la chaîne d’hôtels de luxe Waldorf Astoria.
Bansky est décrit parfois comme un « Artiviste ». Ce néologisme, qui est la contraction d’ « Art » et « Activiste », désigne l’Artivisme comme un Art qui vise à faire prendre conscience de problèmes politiques à travers la création artistique dans l’espace public. Bansky n’accepte de vendre qu’au compte-goutte et sous son contrôle quelques-unes de ses oeuvres pour financer ses actions.
Walled-Off Hotel est la dernière en date des réalisations de Banksy dans les Territoires palestiniens. En 2015, il était entré secrètement dans la bande de Gaza pour peindre trois œuvres sur les murs du territoire dévasté l’année précédente par la troisième guerre en six ans entre le mouvement palestinien Hamas et Israël.
Long d’environ 700 km, le mur de Cisjordanie, appelé également « Clôture antiterroriste d’Israël » par ses partisans et « Mur de la Honte » par ses détracteurs, est l’une des matérialisations les plus emblématiques d’un conflit vieux de presque 70 ans. Le gouvernement israélien l’a édifié à partir de 2002 pour « sécuriser » le territoire contre les « intrusions de terroristes palestiniens ». En 2003, l’Assemblée générale des Nations unies adoptait une résolution condamnant sa construction. La Cour internationale de justice, en 2004, l’a également jugé illégale et exigé, en vain, son démantèlement.
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