L'enquête annuelle « Besoins en main-d'oeuvre » de Pôle Emploi recense pour 2022 plus de 360 000 projets d'embauche dans l'Hébergement Restauration. C'est 23 % de plus qu'en 2021 et un record historique qui bat le précédent de 2020. Les métiers de cadres, de chefs cuisiniers et de maîtres d'hôtel enregistrent les plus fortes progressions. Ceux de serveurs et d'employés polyvalents restent les plus recherchés. Rassurées par un premier rebond de l'activité en 2021, les entreprises anticipent une nouvelle croissance mais s'attendent à des difficultés accrues de recrutement.
Prévoir de recruter, c’est escompter un niveau d’activité suffisamment dynamique pour justifier des embauches. Y compris, mais pas exclusivement, pour remplacer des salariés en fin de contrat ou partant en retraite. A cet égard, le nombre record d’intentions d’embauches enregistrées par le dernier baromètre « BMO » de Pôle Emploi, témoigne d’une confiance retrouvée dans le marché. L’année 2022 pourrait enregistrer des chiffres records de recrutement. Elle l’engrange déjà pour celui des « projets de recrutement ».
Tout secteur d’activité confondu (hormis la fonction publique d’Etat), l’opérateur a recensé plus de 3 millions d’intentions d’embauche. C’est 12 % de plus qu’en 2021 ( 323 000). Et d’avantage aussi qu’avant-crise (+2,5 % par rapport à 2020). L’enquête BMO recense également une proportion plus élevée d’établissements recruteurs (32,8 % versus 26,5 % en 2021). Ainsi qu’un pourcentage également plus important d’engagements longs (7 points de mieux, avec 71 % de CDI et CDD de plus de 6 mois). En conséquence de quoi le taux de projets saisonniers recule de 2,6 points à 29,6 %.
En revanche, les entreprises recruteuses anticipent des difficultés croissantes de recrutement, dans plus d’1 projet sur, 58 % exactement, soit 13 points de plus qu’en 2021. En 2016, ce taux de difficultés ne dépassait pas 32 %. En 2019, pour la première fois, il atteignait puis franchissait le seuil des 50 %.
Ces difficultés ne semblent pas pour autant rédhibitoires. Selon le volet rétrospectif de la BMO 2022, tout secteur confondu, 67 % des entreprises déclarent avoir réussi en 2021 à recruter tous les postes pour lesquels elles avaient engagé des démarches. Et 20 % supplémentaires avoir recruté au moins une partie des postes à pourvoir. 11 % seulement n’ont pas réussi à recruter.
Plus touchée par la crise, l’Hébergement Restauration, 3ème plus gros recruteur, a rebondi aussi plus haut que les autres secteurs. Et son rebond n’est sans doute pas terminée. C’est ce qui explique le niveau jamais atteint jusque là de ses intentions de recrutement. Pôle Emploi a dénombré dans cette branche près de 361 000 projets d’engagement, soit 68 260 de plus qu’en 2021. Un bond de 23 %, à comparer au 12 % des autres secteurs. Et près de 6 000 de plus qu’en 2020, avant-crise (+ 1,5 %). %).
D’avantage d’entreprises prêtes à recruter
D’avantage de projets dans les H&R liés d’avantage d’entreprises prêtes à recruter. Une sur trois projetait d’embaucher en 2021. Elles sont près d’une sur deux (45 %) à l’envisager en 2022 (41,5 % en 2020). Une proportion là aussi plus élevée que pour les autres secteurs (32,8%).
L’enquête observe aussi une baisse significative de la proportion de recrutements saisonniers. En reculant de huit points à 50 %, ils s’établissent désormais à parts égales avec les recrutements longs. Malgré tout, la polarité estivale et hivernale de son activité explique ce taux toujours bien plus élevé que dans les autres secteurs.
Par ailleurs, « Besoins en main-d’oeuvre » met en relief la crainte grandissante des entreprises de rencontrer des difficultés lorsqu’elles se lanceront dans les recrutements. 68% des projets en occasionneront, selon les déclarantes. Avec des pics à 75 % pour les chefs cuisiniers et 72 % pour les maîtres d’hôtels. Crainte légitime au regard des tensions récurrentes observées sur les métiers de serveurs, cuisiniers, maîtres d’hôtels… Et la crise sanitaire n’a fait qu’aggraver le déséquilibre offre-demande.
Dans ce baromètre 2022, on remarquera la progression forte et plutôt inhabituelle des intentions de recrutement sur les métiers à forte qualification. En premier lieu, ceux de chefs cuisiniers, cadres et maîtres d’hôtel – sommeliers. Une tendance sans doute longue, mise en relief par la grande étude de France Stratégie et de la Dares (lire notre article) sur l’évolution des métiers à l’horizon 2030.
Pôle Emploi a interrogé les entreprises au cours dernier trimestre 2021. On peut donc se demander quel aurait été l’impact de la guerre en Ukraine sur les intentions d’embauches. Selon Pôle Emploi, le marché restait encore très dynamique fin mars, avec de nombreuses offres déposées sur son site internet agrégateur. On ne sait pas toutefois ce qu’il en était précisément des postes proposés dans les métiers des HCR.
Les projets de recrutement pour 2022 dans les principaux métiers
de l’Hébergement Restauration
Source : Pôle Emploi, enquête BMO 2022, traitement et tableau HR-infos.
- Avertissement : l’enquête BMO fait état de 360 612 projets de recrutement, le tableau ci-dessus en identifie 356 138. La différence pourrait correspondre à des métiers qu’HR-infos n’a pas été mesure d’identifier comme appartenant spécifiquement au secteur de l’Hébergement Restauration. Et sans doute aussi au décalage de mise à jour entre les données brutes et les données finales de l’enquête BMO.
- Pôle Emploi a réalisé cette étude par sondage et extrapolation. L’opérateur a adressé un questionnaire à quelque 139 000 établissements de la branche (sur les 206 668 dénombrés par Pôle Emploi).
- 19,4 % d’entre eux (26 974) ont rempli et retourné le document. Un taux de retour plus bas que la moyenne intersectoriel (25,2 %), qui s’explique par la faible participation des TPE de la branche (moins de 10 salariés).
