Marina Ferrari est la première, depuis Léon Bertrand en mars 2004, à endosser le titre de ministre déléguée au Tourisme. Un ministère de plein portefeuille, comme le réclamait les syndicats patronaux, dont le titre même est inédit à ce jour : ministère de l'Economie du tourisme. Marina Ferrari, réélue députée Modem de Savoie n'aura pas à emménager à Bercy, elle y logeait déjà depuis 2024 en qualité de secrétaire d'Etat chargée du Numérique. Le Tourisme n'était pas sa spécialité. Mais elle a déjà eu l'occasion de s'y frotter avec un rapport sur les lits froids des stations de montagne.
Est-ce vraiment une affaire de titre ? Le Tourisme a déploré des ministres de plein droit sans envergure et sans héritage, on ne les citera pas par charité. Et il a eu à se féliciter de grands secrétaires d’Etat.
A commencer par Hervé Novelli. Un secrétaire pourtant multi cartes : Commerce, Artisanat, PME, Tourisme, Services, Consommation…. Qui en deux ans et demi seulement de mandat aura laissé à l’Economie française en général et au Tourisme en particulier quelques oeuvres pérennes.
A commencer par la création du statut d’auto-entrepreneur. Ils sont 2,5 millions en activité aujourd’hui à s’être lancés dans l’entrepreneuriat. Mais aussi la réforme du classement des hébergements touristiques et la création d’Atout France, les deux émanant de la grande loi de juillet 2009 de développement et de modernisation des services. Et également la mise en place du taux réduit de TVA pour la Restauration (négocié surtout par Christine Lagarde) et de son corrolaire, le contrat d’avenir.
Qu’en sera-t-il pour Marina Ferrari ? Elle aussi, dans la meilleure hypothèse, si le gouvernement n’est pas censuré, aura moins de trois ans devant elle. Et pourtant l’intitulé même de son portefeuille, l’économie du tourisme, laisse penser que sa priorité sera de développer le volume et surtout la valeur de ce secteur d’activité. Un vieux serpent de mer…
Après l’effondrement Covid, le volume est de nouveau au rendez-vous. Les 100 millions de visiteurs internationaux attendus cette année confirmeront le leadership mondial de la France. La valeur, en comparaison, en terme de recettes, est bien inférieure. C’est 63,5 milliards d’euros en 2023 générés par 98 millions de visiteurs. Très loin des 109 milliards d’euros apportés à l’Espagne (plutôt 84 milliards selon Atout France), son premier concurrent, par « seulement » 85 millions d’étrangers. Mais la valeur, c’est aussi la qualité de ses services touristiques, insuffisante et vieillisante, nécessitant de gros investissements. En particulier dans les infrastructures de transport et d’hébergement.
A plus court terme, la ministre a plusieurs fers au feu. Trouver un pilote dans l’avion pour Atout France et engager peut-être une réorganisation de l’opérateur. Inscrire des professions de la branche Hébergement Restauration dans les métiers en tension. Une approche non exhaustive pour traiter la question toujours non résolue des pénuries d’emploi. Poursuivre par ailleurs le déploiement du plan Destination France et de ses différents volets, dont France Tourisme Tech. Et préparer les JO d’hiver 2030…
Une idée précise des besoins des stations de montagne
S’agissant des stations de montagne justement, en qualité de chargée de mission pour le ministère de la cohésion des territoires, elle avait rendu en 2022 un rapport « les lits froids et la rénovation de l’immobilier de loisir en montagne ». Après avoir rencontré une grosse quarantaine d’élus et professionnels, elle y préconisait une aide à l’ingénierie et la création de foncières locales.
La ministre compte-t-elle par ailleurs relancer le dossier accessibilité ? A l’approche d’une date anniversaire symbolique, les 20 ans de la grande loi de février 2005 léguée par Jacques Chirac pour « l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées »Un chantier quasi mort-né pour l’instant, relancé avant les JO par sa prédécesseure Olivia Gregoire. L’une de ses rarissimes sorties médiatiques ne caressant pas les professionnels dans le sens du poil portait sur les carences des ERP en matière d’accessibilité aux porteurs d’handicaps.
« Avec 560 000 établissements recevant du public non accessibles aux personnes handicapées, la France n’est pas au rendez-vous, déclarait-elle, début septembre. C’est joli de regarder les Jeux olympiques et paralympiques, d’applaudir les athlètes paralympiques, c’est encore mieux s’ils peuvent aller dans les cafés, hôtels et restaurants et on n’est pas au rendez-vous ».
De fait, les 300 millions d’euros d’aides sur 5 ans du fonds Acessibilité ont trouvé peu de preneurs pour l’instant, quelques centaines tout au plus. 20 ans après la loi accessibilité, les ERP, et pas seulement ceux de la branche, sont encore loin d’avoir réservé le meilleur accueil à la loi et à ses millions d’ayant-droits. Marina Ferrari serait légitime à reprendre et retravailler ce dossier, non réglé lui aussi.
Bio express de Marina Ferrari
- Naissance le 10 octobre 1973 à Aix-les-Bains (Savoie)
- Mariée à Philippe Falcon de Longevialle. Mère d’un enfant
- Lycée Marlioz à Aix-les-Bains
- Maîtrise et 3e cycle relations internationales et défense (Hautes Etudes internationales et politiques HEIP),
- Diplôme d’études approfondies (DEA) de sciences politiques, sciences politiques-prospective internationale (université Paris V-René Descartes)
- DEA de droit, relations internationales et défense (universités Lyon III et Grenoble II
Mandats électoraux et fonctions ministérielles
- Depuis le 22 septembre 2024 : Ministre déléguée chargée de l’Économie du tourisme, l’une des septe membres du gouvernement Attal reconduits par Michel Barnier
- 9 février 2024 – 21 septembre 2024 : secrétaire d’État chargée du Numérique.
- Depuis le 22 juin 2022 : députée de la première circonscription de la Savoie.
- 2 avril 2015 – 27 juin 2021 : Conseillère départementale de la Savoie, vice-présidente du département.
Entre 2013 et 2022, elle avait travaillé en qualité de cadre dans l’entreprise savoyarde Lunabee Studio, spécialisée dans la création d’applications mobiles. Elle était responsable administrative et des ressources humaines.
Elue locale, elle avait occupé deux mandats de maire adjointe d’Aix-les-Bains entre 2008 et 2020.
Elle est la nièce de Gratien Ferrari, ancien maire d’Aix-les-Bains et député de la circonscription. Et la cousine de la journaliste et animatrice Laurence Ferrari (CNews, Europe 1, JDnews).
Ses premiers tweets
Au travail !
L'économie du tourisme est une force et une chance pour notre pays.
Pleinement engagée, dans l'équipe d'@antoine_armand, pour relever ses défis et conforter son dynamisme partout sur le territoire, en métropole comme dans les Outre-mer. https://t.co/ySyJXfWE4O— Marina Ferrari (@Marina_Ferrari) September 22, 2024
Gratitude et profonde reconnaissance au président de la République et au Premier ministre pour leur confiance.
Je mettrai toutes mes forces et mon énergie pour en être digne, au service de tous les acteurs du Tourisme.
Je serai dès demain au travail avec eux et pour eux.
— Marina Ferrari (@Marina_Ferrari) September 21, 2024
Extraits de son interview accordée à France 3 Auvergne-Rhône – Alpes (24/09/2024)
« Ça a été une surprise. Je ne m’y attendais pas. Le tourisme est un secteur que j’affectionne depuis de nombreuses années. Je suis élue depuis très longtemps à Aix-les-Bains, qui est une commune touristique et thermale.
Je me suis beaucoup impliquée dans ces problématiques. J’ai longtemps siégé à l’office de tourisme d’abord communal, puis intercommunal.
C’est une grande satisfaction de pouvoir œuvrer pour ce secteur d’activités qui est extrêmement important au niveau national. Aujourd’hui, je connais bien le tourisme du côté hivernal, avec tout ce qu’on peut vivre sur les Pays de Savoie. Désormais, c’est un changement d’échelle, avec le tourisme en métropole et dans les Outre-mer. »