La France leader européen des nuitées réservées sur les plateformes d’économie collaborative

Dans une enquête inédite et encore expérimentale, Eurostat a quantifié les nuitées réservées dans les hébergements de courte durée que les particuliers proposent par l’intermédiaire des quatre principales plateformes en ligne : Airbnb, Booking, Expedia et Tripadvisor. Il en ressort que la France constitue le premier marché européen de l’économie locative collaborative touristique. Avec 131 millions de nuitées réservées en 2022, elle cumule près d’un quart des nuitées de l’Union européenne, largement devant l’Espagne (106 millions, 19 % du marché) et l’Italie (77 millions, 14 %).

Dans une enquête inédite et encore expérimentale, Eurostat a quantifié les nuitées réservées dans les hébergements de courte durée que les particuliers proposent par l’intermédiaire des quatre principales plateformes en ligne : Airbnb, Booking, Expedia et Tripadvisor. Il en ressort que la France constitue le premier marché européen de l'économie locative collaborative touristique. Avec 131 millions de nuitées réservées en 2022, elle cumule près d'un quart des nuitées de l'Union européenne, largement devant l'Espagne (106 millions, 19 % du marché) et l'Italie (77 millions, 14 %).

En photo, un studio avec canapé-lit et chambre-lit proposé pour 4 voyageurs sur mi-novembre à 331 euros tout compris pour 3 nuits minimum. Derrière Paris et devant Marseille, Nice est la deuxième ville de France à compter le plus de nuitées réservées sur les quatre principales plateformes. Eurostat en dénombre 5,410 millions pour 2022. Soit une progression de 59,5 % sur 1 an. Contrairement à Paris, Nice a dépassé son niveau d'avant-crise (4,914 millions de nuitées en 2019).

La méthode novatrice de cette enquête, ses limites et ses risques possibles

Entité de la Commission européenne, l’agence Eurostat est en charge de l’information statistique à l’échelle communautaire. Elle a pris l’initiative de cette recherche inédite sur les locations collaboratives. Elle vise à la pérenniser après une première étape d’expérimentation suivie d’une phase de révision méthodologique et de consolidation des données.

Eurostat le reconnait :  les statistiques européennes sur le tourisme cernent mal le marché des hébergements de courte durée proposés par des particuliers via des plateformes en ligne d’économie collaborative. « Souvent, les données sur les maisons, les appartements et les chambres de vacances dans des bâtiments normalement privés ne sont pas couvertes par les registres et enquêtes sur le tourisme », explique l’agence sur son site internet officiel.

Du coup, les statistiques officielles sous-représentent ce segment de marché, pourtant en fort développement ces dernières années. Eurostat veut remédier à cette carence. Pour cela, l’agence a conclu début 2020 un accord d’échanges de données avec les quatre principales plateformes : Airbnb, Booking, Expedia Group et Tripadvisor.

Des données recueillies par empreinte numérique puis agrégées

Les données récupérées couvrent les hébergements de courte durée, à l’exclusion des hôtels et campings, réservés par leur intermédiaire, dans l’Union européenne et dans les pays de l’Association européenne de libre-échange (AELE). Eurostat a demandé à ces plateformes d’exclure les hébergements ne relevant pas de l’économie collaborative.

C’est une des raisons pour lesquelles les statistiques d’Eurostat ont le statut de statistiques expérimentales. Il est donc fortement déconseillé de confronter les volumes de nuitées issues d’Eurostat avec les nuitées issues d’autres sources de données touristiques.

Il est en revanche tout à fait possible de commenter et de comparer ces données en évolut

Pour préserver le secret professionnel, les données des quatre plateformes ont été agrégées.

Ces données n’ont pas été recueillies par enquête auprès des entreprises ou via les institutions locales (CRT, par exemple). Comme c’est le cas habituellement pour les statistiques officielles classiques sur l’hébergement. En effet, argue Eurostat, les registres répertorient mal les propriétaires qui louent leurs logements.

L’approche a donc été novatrice. Elle a consisté à exploiter l’empreinte numérique que laissent ces hébergeurs occasionnels sur les plateformes en ligne. Empreinte enregistrée sur les offres publiées et sur les réservations elles-mêmes.

Passer du statut de statistiques expérimentales à celui de statistiques officielles

De ces nouvelles données encore considérées comme expérimentales, Eurostat escompte une amélioration de la qualité et de l’exhaustivité des statistiques européennes sur l’hébergement touristique. Sans exclure des risques, notamment de double compte.

Mais ces données expérimentales autonomes n’ont pas encore valeur de statistiques officielles. Pour cela, « un certain nombre de difficultés devront être surmontées » reconnait Eurostat.

Ces écueils sont de deux types. D’une part, Eurostat devra parvenir à intégrer ces données dans les statistiques d’hébergement en corrigeant le double comptage possible entre ces données expérimentales et les données officielles sur le tourisme (par exemple, les chambres d’hôtes et gîtes). D’autre part, Eurostat devra renforcer l’assurance qualité de sa méthode en termes, écrit-elle, « d’exhaustivité (1), de représentativité et de continuité des séries. » . Eurostat assure préparer des mesures en ce sens.

(1) NDLR : les quatre plateformes sélectionnées, bien que leaders, ne pèsent pas 100 % du marché. Il faudrait pour cela agréger des dizaines d’autres opérateurs. Comme Abritel, PAP Vacances, Amivac, Mister B&B…

En 2022, la France pesait près d’un quart des nuitées réservées
dans l’Union Européenne via les plateformes locatives

C’est près d’1/4 des nuitées de l’Union Européenne. Depuis 2020, la France est le 1er pays européen, devant l’Espagne et l’Italie. Le nombre de nuitées en France a augmenté de 32 % par rapport à 2021. C’est un peu moins qu’en moyenne dans l’UE (50,4 %).

On notera pour la France que l’Insee et ses partenaires régionaux évaluaient à 212 millions le nombre de nuitées hôtelières sur 2022, contre 219 millions en 2019. Et à 136 millions les nuitées en campings en 2022 (contre 129 millions en 2019). La part de marché des hébergements collaboratifs reste donc très inférieure à celles des hébergements touristiques collectifs professionnels. En revanche, leur croissance annuelle est nettement plus forte.

Source : Eurostat, données expérimentales : site d’Eurostat / onglet « Données » / « Statistiques expérimentales » / « Plateformes d’économie collaboratives »

Un marché français reposant encore principalement sur la clientèle domestique

Avec 84,5 millions de nuitées en 2022, les résidents français constituent toujours la majeure partie (65 %) des visiteurs des hébergements réservés via les plateformes d’économie collaborative de France. Ce volume augmente faiblement sur un an (+6,4%). Contrairement à celui des clients internationaux, qui a doublé.

A l’échelle de l’ensemble de l’Union européenne, le constat est inverse, Les résidents européens ne représentent que 39,5 % des nuitées. En Italie, par exemple, les résidents italiens ne pèsent que 27,8 % des nuitées réservées sur ces plateformes.

Source : Eurostat, données expérimentales : site d’Eurostat / onglet « Données » / « Statistiques expérimentales » / « Plateformes d’économie collaboratives »

Forte progression des nuitées internationales

La France enregistre 46 millions de nuitées de visiteurs internationaux dans les hébergements d’économie collaborative. Ce volume a plus que doublé en un an (+ 138 % sur un an). Ces  hébergements, plus encore que les établissements professionnels, ont profité largement du retour des clientèles internationaless.

Malgré tout, le marché des plateformes françaises reste moins tourné vers l’international qu’en moyenne européenne. Les nuitées d’internationaux pesaient 35 % en 2022, contre 60 % en moyenne dans l’UE.

Source : Eurostat, données expérimentales : site d’Eurostat / onglet « Données » / « Statistiques expérimentales » / « Plateformes d’économie collaboratives »

La région Provence-Alpes-Côte d’Azur largement devant l’Ile-de-France

Avec 22 millions de nuitées dans les plateformes de réservation entre particuliers, la région Paca arrive en tête des régions françaises, devant Auvergne Rhône-Alpes, l’Île-de-France, l’Occitanie et la Nouvelle-Aquitaine.

Une tête de classement inversée par rapport à celui des nuitées réservées dans des hébergements collectifs professionnels. Sur Paris-Ile-de-France, elles s’élèvaient à 78,6 millions (dont 66,6 de nuitées en hôtels). Contre 50,5 millions pour Paca (dont 23,5 millions de nuitées en hôtels).

Source : Eurostat, données expérimentales : site d’Eurostat / onglet « Données » / « Statistiques expérimentales » / « Plateformes d’économie collaboratives »

Le classement des nuitées dans les grandes villes européennes

Avec 13,5 millions de nuitées dans les plateformes de réservation entre particuliers, Paris arrive très largement en tête des grandes villes[1] européennes. Le nombre de nuitées y a doublé en un an. Nice arrive sixième dans ce classement.

[1]Le concept de grandes villes (« cities ») est adopté au niveau européen et utilisé fréquemment dans les travaux d’Eurostat. Ce concept permet de comparer les principales villes européennes entre elles. Une « city » est une unité administrative locale (local administrative unit) dont la majorité de la population vit dans un centre urbain d’au moins 50 000 habitants.

Le concept de grandes villes (« cities ») est adopté au niveau européen et utilisé fréquemment dans les travaux d’Eurostat. Ce concept permet de comparer les principales villes européennes entre elles. Une « city » est une unité administrative locale (local administrative unit) dont la majorité de la population vit dans un centre urbain d’au moins 50 000 habitants.

Source : Eurostat, données expérimentales : site d’Eurostat / onglet « Données » / « Statistiques expérimentales » / « Plateformes d’économie collaboratives »

Une progression plus ralentie au 1er trimestre 2023

Au 1er trimestre 2023, la France enregistre 22 millions de nuitées dans les hébergements réservés via les plateformes d’économie collaborative. C’est 13 % de plus qu’au 1er trimestre 2022.

Source : Eurostat, données expérimentales : site d’Eurostat / onglet « Données » / « Statistiques expérimentales » / « Plateformes d’économie collaboratives »

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