Après avoir augmenté en moyenne de 1,6% sur le mois de mai 2022, les prix des services de restauration et d'hébergement calculés par l'Insee ont grimpé de 1,4 % en juin, soit à nouveau deux fois plus vite (0,7%) que l'ensemble de l'Indice des Prix à la Consommation (IPC). Sur 12 mois cumulés, malgré une faible progression sur les quatre premiers mois, l'inflation dans l'Hébergement Restauration atteint désormais 5,4 %, contre 5,8 % pour l'IPC. On relève toutefois de gros écarts entre les hausses pratiquées dans la restauration à table (+3,9%) et celles dans les hôtels (+18,9%).
Une hausse annuelle des prix de 5,4 % qui ne dépassait pas 0,2 % en 2021 et 1,6 % en 2019
Du jamais vu pour les tarifs hôteliers sur cette période ? Probablement ! Chaque année, les tarifs hôteliers sont sujets à d’importantes variations saisonnières. En particulier en juillet et août. A fortiori quand la demande est particulièrement dynamique. Ce qui est le cas en 2022 avec le double effet de la fidélité des clients nationaux et du retour en force des internationaux.
En juin aussi, traditionnellement, des hausses importantes s’enclanchent dans les services d’hébergement. Mais dans de moindres proportions que cette année. Certes, en juin 2019, avant la crise du tourisme, l’inflation avait atteint +6,5 % sur 1 mois dans les hôtels. Sur les trois derniers mois, elle cumulait encore à +9,8 %. Mais elle chutait à +0,9 % sur les 12 derniers mois, en raison de la quasi stabilité des prix du secteur sur la majorité de la période annuelle.
Les prix augmentent plus fortement dans les hôtels que dans les autres types d’hébergements
La nouvelle donne de ce mois de juin 2022, c’est que la hausse mensuelle de +5,3% se cumule à une trimestrielle de +15,3% et à annuelle de +18,9 %. Encore s’agit-il d’une moyenne. La majoration sera beaucoup plus élevée sur certaines destinations. Si on se réfère, par exemple, au Trivago Hotel price index, le prix moyen d’une chambre à Paris atteignant 270 euros en juin 2022. Il ne dépassait pas 151 euros en juin 2021, soit une hausse de près de 79 %.
Cette inflation, si elle est sans doute alimentée par les hausses observées sur d’autres postes (énergies, alimentation..), tient à ce retour en force de la demande. Et probablement aussi à un rattrapage.
On observe d’ailleurs une spécificité inflationniste des hôtels, en comparaison des autres formes d’hébergements marchands collectifs. Les prix des centres de vacances (qui regroupe résidences de tourisme, villages vacances et campings) progressent aussi de 5,3% en juin. Mais sur les trois derniers mois (février à avril), ils stagnent à +0,2%. Et sur 12 mois, leur progression se limite à +3,4%. Selon de fortes probabilités, les centres augmenteront beaucoup plus fortement leur prix en juillet. Cela avait été le cas en 2021 (+22,1%). Ainsi qu’en 2019 (+22,7%).
L’inflation relativement contenue dans la restauration malgré la forte hausse des prix alimentaires
Les tarifs de la restauration, quant à eux, qui, pourtant, dépendent pourtant plus directement des prix des produits alimentaires, n’enregistrent qu’une légère poussée inflationniste. Elle ne dépasse pas 0,4 % sur 1 mois. Mais elle atteint +4,2 % sur les 12 derniers mois. IL faut distinguer toutefois les comportements différents de ses principaux segments. Les prix de la restauration à table progresse de +0,6% sur 1 mois et de +3,9 % sur 1 an. Soit nettement moins que la restauration rapide : +0,9 % et +5,1%.
Quant aux cantines, qui pèsent beaucoup plus dans l’indice Insee que la Rapide (94 points vs 6 points), ils n’ont pas bougé leur prix le mois dernier; Mais elles l’avaient fait au cours de mois précédents. Si bien qu’en rythme annuel, les tarifs de la Collective ont grimpé de +6,3%.
Des prix structurellement plus stables dans la restauration qui pratique peu le revenue management
Est-ce en lien direct avec une inflation des prix alimentaires un peu moins forte en juin (+0,8 %) qu’en mai (+1%), malgré une tendance annuelle toujours en hausse ( +6,4 % sur les 12 derniers mois à fin juin, vs +4,6% à fin mai) ? On note en tout cas une légère décélération de l’inflation dans les services de restauration. Comme le montre notre étude sur les prix en mai 2022, l’inflation atteignait alors +08% en rythme mensuel et +4,6% en rythme annuel.
Il serait prématuré et imprudent de conclure à un ralentissement de l’inflation dans les mois à venir. La restauration, en tout cas, pratique moins la valse des étiquettes au mois le mois. Fort heureusement pour les consommateurs, le revenue management, qui fait varier les prix en fonction de la demande, ne s’y applique guère.
Source : Insee – traitement HR-infos