Barrière désormais détenu et présidé en totalité par Alexandre Barrière et Joy Desseigne-Barrière

Le groupe Barrière a officialisé la cession des 40% de son capital détenus par Fimalac à Alexandre Barrière et à sa soeur Joy Desseigne-Barrière. Cette prise de contrôle totale s’accompagne d’une nouvelle gouvernance. Alexandre devient président de la Société de Participation Deauvillaise (SPD), la holding familiale qui chapeaute le groupe Lucien Barrière (GLB) dont il préside le conseil d’administration, et la Société Fermière du Casino Municipal de Cannes (SFCMC). Et Joy prend la présidence de la SFCMC et de la Société Immobilière et d’Exploitation de l’Hôtel Majestic (SIEHM).

Le groupe Barrière a officialisé la cession des 40% de son capital détenus par Fimalac à Alexandre Barrière et à sa soeur Joy Desseigne-Barrière. Cette prise de contrôle totale s'accompagne d'une nouvelle gouvernance. Alexandre devient président de la Société de Participation Deauvillaise (SPD), la holding familiale qui chapeaute le groupe Lucien Barrière (GLB) dont il préside le conseil d’administration, et la Société Fermière du Casino Municipal de Cannes (SFCMC). Et Joy prend la présidence de la SFCMC et de la Société Immobilière et d’Exploitation de l’Hôtel Majestic (SIEHM).

Alexandre Barrière et Joy Desseigne-Barrière

Place nette est faite à la quatrième génération des Barrière à la tête de leur groupe éponyme.

Alexandre Barrière et sa soeur Joy Desseigne-Barrière se substituent, officiellement, à leur père Dominique Barrière, 78 ans, qui présidait seul le groupe de casinos et d’hôtels depuis 2001. Ils en avaient fait l’annonce initiale en avril 2023 (notre article).

Cette année-là, Dominique Desseigne succédait à son épouse Diane Barrière-Desseigne, décédée en mai à l’âge de 44 ans. Six ans auparavant, elle fut victime d’un accident d’avion qui la laissa tétraplégique. Dominique et Diane coprésidèrent le groupe de 1997 à 2001.

Diane Barrière-Desseigne incarne la deuxième génération Barrière. Elle présida seule le groupe à partir de 1990, date du décès de son père adoptif Lucien Barrière, et ce jusqu’en 1997.

Développement international et ouverture du capital

Quant à Lucien Barrière, première génération Barrière, il lui revient la fondation du groupe éponyme. Mais une grande partie de ses casinos et hôtels sur Deauville, Cannes et La Baule, avait été progressivement acquise dès les années 1920 par son oncle François André. Oncle auprès de qui il travailla à partir des années 50 et qui en fit, n’ayant pas de descendant direct, son légataire universel en 1962.

Autant dire que chaque génération Barrière, et François André avant celles-ci, ont contribué au développement du groupe. Y compris Dominique Desseigne. Barrière lui doit son développement international. Mais aussi l’ouverture de son capital en 2004 et la rationalisation du groupe qui s’en est suivie. Une entité détenant désormais la quasi totalité des casinos et hôtels (en dehors des activités cannoises).

Place nette capitalistique

Pour mémoire, en 2004, Colony Capital et Accor détenaient 49 % du groupe (dont 39 % chez l’hôtelier). Colony vendit ensuite sa participation à Accor en 2009 qui la céda à son tour en 2011 à Fimalac.

20 ans plus tard, la boucle est désormais bouclée. Doublement bouclée avec deux évènements concomitant et structurant.

Avec d’une part la sortie, pour ne pas dire l’éviction de Dominique Desseigne de l’organigramme Barrière et de tout mandat social. Sortie âprement négociée et notoirement tendue avec son fils. En particulier depuis juin 2022 quand Alexandre prit l’initiative d’assigner son père en référé devant le président du tribunal judiciaire de Paris. Nous renvoyons aux médias Le Point (1) et Le Figaro (2) les lecteurs qui voudraient connaître, avec forces révélations, dignes de la presse à scandale ou d’une série sur Netflix, les raisons intimes de cette dégradation progressive des relations entre le père et ses deux héritiers.

Selon Les Echos et le Figaro, Dominique devient président d’honneur du groupe. Le Figaro précise qu’il percevra 2 millions d’euros de dividendes par an, en contrepartie de la donation de son usufruit. Le journal ne fait grâce d’aucun détail. «Les enfants n’ont pas eu un regard ni un mot pour leur père, lors de la signature de l’accord» (NDLR  : signé  en juillet 2023), confie un proche, cité par le journal. Dominique Desseigne, poursuit le quotidien, « garde son bureau, son chauffeur et peut descendre à sa guise dans les hôtels du groupe ». «Sa vie quotidienne est assurée, mais son honneur est bafoué», réagit un observateur.

Recours à l’endettement pour financer le rachat des 40 % de Fimalac

L’autre sortie, négociée bien sûr mais beaucoup plus amicale, concerne Fimalac. Moyennant environ 325 millions d’euros, après l’avoir acquis en 2011 pour 186 millions d’euros, le groupe de Marc Ladreit de Lacharrière cède l’intégralité de sa participation de 40 %  dans la  Société de Participation Deauvillaise au duo Alexandre-Joy. La fratrie détient désormais 100 % du capital de cette SPD, holding familiale chapeautant le groupe. Pour financer ce rachat, les deux héritiers Barrière auraient eu recours à l’endettement, via un LBO (« Leveraged Buy Out », rachat avec effet de levier), selon le magazine Challenges.

Fimalac devrait également vendre sa participation de 10 % dans la Société Fermière du Casino Municipal de Cannes (SFCMC), contrôlée à  60,51 % par la famille Barrière. Cette opération, d’un montant attendu de 25 millions d’euros, sera finalisée au début du mois d’octobre, lors d’une assemblée générale de la SFCMC. Cette société exploite 3 hôtels (Hôtel Barrière Le Majestic Cannes, Barrière Le Gray d’Albion Cannes et Barrière Le Carl Gustaf St Barth) et un casino (Barrière Le Croisette Cannes).

Transmission à la cinquième génération le moment venu

Ce qui frappe dans le communiqué de presse, c’est à la fois les « chaleureux remerciements » qu’Alexandre et Joy adressent à Marc Ladreit de Lacharrière (Fimalac). Et  la«  gratitude » qu’ils expriment à Nicolas Sarkozy. Le financier et l’ancien chef de l’Etat, tous deux administrateurs au conseil d’administration (et qui vont en sortir) ont joué un rôle essentiel en coulisses pour faciliter cette succession oh combien passionnelle et à couteaux tirés.

Frappe également l’absence de toute forme, même légère, de remerciement à l’adresse de leur père et prédécesseur à la tête du groupe. Certes, au détour d’une phrase, le communiqué cite Dominique Desseigne comme l’un des quatre présidents ayant développé le groupe Barrière. Mais c’est bien à leur mère Diane que le duo se dédie. Elle qui leur a « transmis »  le groupe.  Et de conclure dans le communiqué que leur « devoir (est) d’assurer son rayonnement, son développement, sa fidélité aux valeurs qui font sa force depuis 1912. « Ils en assureront sa transmission, le moment venu, à la cinquième génération. »

Défis de la croissance rentable et du désendettement

L’un des défis que le tandem Alexandre-Joy devra relever consistera à conserver cette pleine indépendance retrouvée. Elle suppose d’assurer au groupe un développement rentable. Il passera  par le digital (casino en ligne) et l’asset light (type franchise, licences de marque) à l’international, moins coûteux en capitaux. Il suppose également d’assurer le désendettement progressif des propriétaires. Faute de quoi le groupe se verrait contraint d’ouvrir à nouveau son capital. Ou, pire, de céder des bijoux de famille.

(1) article en ligne publié 8 juillet 2023  : « EXCLUSIF. Dans les coulisses de la guerre chez les Barrière. Assignations, demandes de réparation, médiation… « Le Point » dévoile les secrets d’une incroyable bataille entre un père et ses enfants…»
(2) article en ligne publié le 31 juillet 2023 : « Derrière les paillettes du groupe Barrière, le putsch d’un fils contre son père.  Fouquet’s, Le Majestic, Le Normandy… L’héritage de Diane Barrière a fait exploser sa famille. »

 Joy Desseigne-Barrière et Alexandre Barrière

« Nous avons conscience des responsabilités qui sont les nôtres et entendons les assumer. Nous ferons ce qu’il nous semble nécessaire pour être dignes des trois générations qui nous ont précédés, et pour rendre nos 7 000 collègues toujours plus fiers de travailler pour Barrière, ce Groupe français familial centenaire. C’est dans cette optique que nous avons décidé de procéder au rachat des titres détenus par Fimalac. »

Le groupe Barrière, faits et chiffres clefs

Présidé par Alexandre Barrière et Joy Desseigne-Barrière, le groupe Barrière a été fondé en 1912 par François André et développé successivement par Lucien Barrière, Diane Barrière et Dominique Desseigne.

Depuis ses débuts, le Groupe a développé des offres sans équivalent dans le domaine des loisirs haut de gamme, fondées sur le souci de l’excellence opérationnelle, de la qualité de service, et de l’art de vivre à la française. Il regroupe aujourd’hui 32 Casinos, 1 Club de Jeux, 19 Hôtels de luxe implantés dans des destinations uniques participant à leur renommée internationale.

Il compte aussi plus de 150 restaurants et bars, dont le célèbre Fouquet’s sur les Champs-Elysées, marque française emblématique née en 1899 (rachetés par Barrière en 1998) et présente aujourd’hui à New York, au Louvre Abu Dhabi et à Dubaï. Au sein de ses établissements, le Groupe propose par ailleurs près de 3 500 spectacles et animations par an.

Barrière compte près de 7 000 collaborateurs et son chiffre d’affaires s’est élevé à 1,29 milliard d’euros pour l’exercice clos le 31 octobre 2022.

Barrière est une marque sous laquelle sont commercialisées les activités de deux groupes distincts : groupe Lucien Barrière (GLB) et Société Fermière du Casino Municipal de Cannes (SFCMC).

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