Le front du refus de couvrir les pertes d'exploitation se fissure chez les assureurs. Six compagnies vont mettre la main à la poche. Les pressions de tout part commencent à porter leurs fruits. Alain Grégoire, de l'Umih, y joue un rôle clef en démontrant la faisabilité financière d'une juste dédommagement.
Il est au sein de l’Umih, le monsieur « Assurance » de l’organisation. Celui qui a été chargé d’élaborer un argumentaire puissant, chiffré, irréfutable dans l’idéal… Pour cela, cet ancien banquier, passé par le Crédit Agricole et le Crédit mutuel, s’est plongé dans les bilans des grands banquiers et bancassureurs de la place. Il en rapporte la conviction que oui, les assureurs peuvent couvrir les pertes d’exploitation des hôteliers, des restaurateurs, des cafetiers…. A hauteur de 30 % de leur marge brute, sur une période de trois mois.
Qu’ils peuvent couvrir qui ? D’abord les souscripteurs de contrats multirisques professionnels, qui intègrent garantie « pertes d’exploitation ». Mais aussi, en théorie et de manière rétroactive, ceux qui ne le sont pas. En l’occurrence, une grande majorité d’hôteliers et de restaurateurs.
Qu’ils peuvent payer comment ? Toujours selon Alain Grégoire, les assureurs peuvent actionner trois leviers simultanément. Prélever 10 % sur leurs fonds propres. Céder 25 % de leurs plus-values latentes. Et céder encore 5 % de leurs actifs placés au bilan. Ils mobiliseraient ainsi de l’ordre de 35 milliards d’euros pour l’ensemble des secteurs d’activité concernés. Sur ces 35 milliards, 2,6 iraient aux établissements d’Hébergement Restauration.
Nous n’en sommes pas encore là… Mais l’argumentaire du président de l’Umih AURA est séduisant. Aux assureurs de lui apporter la contradiction. Ce qu’ils n’ont pas vraiment fait jusqu’à maintenant.
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Ces assureurs et bancassureurs qui indemnisent ou soutiennent
C’est encore loin d’être un mouvement de fonds. Mais plusieurs enseignes ont pris des initiatives. Soit en indemnisant au titre des pertes d’extension en faisant une analyse extensive des risques couverts par les polices souscrites. Quand bien même le risque de pandémie ou d’épidémie ne serait pas explicitement prévu. Soit en soutenant leurs assurés dans le cadre de la relance de leur activité.
Ainsi, la Maaf devrait verser 190 millions d’euros à ses quelques 6 000 hôteliers et restaurateurs ayant souscrit un contrat perte d’exploitation. Elle décaisserait également de l’ordre de 90 millions d’euros au titre de sa coentreprise dans BPCE IARD.
Chez BPCE IARD justement, filiale détenue à 50% par Natixis Assurances et 50% par Covéa (Maaf, MMA, GMF), on indique que 4 000 de ses 6000 clients restaurateurs seraient éligibles à une garantie en cas de fermeture administrative liée à une épidémie. Leur indemnisation coûterait plus de 100 millions d’euros.
De leur côté, les assurances du Crédit Mutuel et de CIC Assurances vont distribuer début mai une prime de relance forfaitaire à 30 000 clients. Des clients assurés au titre de l’assurance multirisque professionnelle perte d’exploitation. Assurance qui là encore ne couvre pas un événement exceptionnel comme le Covid-19. Cette prime serait comprise entre 1 500 et 20 000 euros par assuré, pour un montant moyen de 7 000 euros. L’enveloppe globale friserait les 200 millions d’euros.
Enfin, Crédit Agricole, le 23 avril, a annoncé un dispositif assez similaire. La bancassurance mobilisera également près de 200 millions d’euros pour ses 30 000 souscripteurs d’une assurance multirisque professionnelle avec perte d’exploitation.