Nouveau portrait social de la branche, toujours contrasté, à la lumière de ses conventions collectives

Cinq ans après avoir réalisé une première étude exclusive sur les grands profils socio-démographiques des HCR et des Restaurations rapide et collective, HR-infos s’est replongé dans les statistiques des conventions collectives. Structurellement, les deux portraits 2017-2022 présentent des similitudes avec une forte proportion de salariés jeunes, à temps partiel et exerçant dans des TPE. Mais nous repérons également des évolutions marquantes. En particulier des salaires progressant plus rapidement que l’inflation et des écarts Femmes/Hommes qui se réduisent.

Cinq ans après avoir réalisé une première étude exclusive sur les grands profils socio-démographiques des HCR et des Restaurations rapide et collective, HR-infos s'est replongé dans les statistiques des conventions collectives. Structurellement, les deux portraits 2017-2022 présentent des similitudes avec une forte proportion de salariés jeunes, à temps partiel et exerçant dans des TPE. Mais nous repérons également des évolutions marquantes. En particulier des salaires progressant plus rapidement que l'inflation et des écarts Femmes/Hommes qui se réduisent.

Dans les HCR, les femmes occupent 44 % des postes. Mais elles sont sur représentées dans la catégorie des employés (76,9 % d'entre elles sont classées dans cette CSP, par rapport à 56,6 % des hommes). A l'inverse, seulement 6,9 % des femmes sont cadres, contre 9,4 % des hommes. Ceci explique en partie l'écart de 8 % entre le salaire moyen des hommes et des femmes. Photo : peopleimages - Adobe Stock.

Des salaires inférieurs à ceux des autres secteurs
mais en plus fortes progressions

Rien de nouveau sous ce soleil-ci !  En 2022, le salaire mensuel net moyen en Equivalent Temps Plein (EQTP) appliqué dans les secteurs de l’Hébergement Restauration restait nettement inférieur à celui de la plupart des autres conventions collectives de branche ; 1 970 euros contre 2 670 euros, soit une différence de 26 %, un peu inférieure à celle constatée en 2017 (- 27 %).

Les HCR (2 000 €) se situent en 224 ème position sur les 265 conventions analysées par le ministère du Travail, par ordre décroissant de montant de salaire. Plus bas encore, la restauration rapide, en 262 ème position (1 680 €). Du plus bas au plus haut, ces salaires EQTP s’échelonnent de 1 560 euros (services à la personne) à 9 480 euros (activités de marchés financiers).

Un écart de six points entre la hausse des salaires et la hausse des prix

Malgré tout, les trois principaux secteurs de la branche peuvent se prévaloir d’avoir vu leurs salaires augmenter plus rapidement que l’Inflation. En effet, l’indice Insee des prix à la consommation a grimpé de + 11,2 % entre 2017 et 2022, dont + 5,2 % sur la seule année 2022. Or dans la même période, les salaires moyens EQTP de l’Hébergement Restauration ont augmenté de 17,3 % (1970 € vs 1 680 €). C’est presque deux points de plus que les progressions salariales moyennes observées dans les autres secteurs (+15,6 %)

Les hausses de salaires atteignent même + 19 % dans les HCR (2 000 € vs 1 680 €). Elle ont été également de +18,2 % dans la Restauration collective (2 080 € vs 1760 €). Et de +17,5 % dans la Restauration rapide (1 680 € vs 1 430 €). Sans les négociations annuelles conclues par les partenaires sociaux pour revaloriser les salaires minima conventionnels, la grande majorité des salariés n’auraient pas pu bénéficier d’augmentations équivalentes. On n’insistera jamais assez sur l’importance des conventions collectives et du dialogue social pour harmoniser les rémunérations entre les entreprises appartenant à une même branche.

Des progressions moyennes de salaires supérieures à 15 %

Nous vous renvoyons à notre étude de 2017 pour comparer les évolutions salariales 2017-2022 par secteur et par catégorie d’emploi. Dans la grande majorité des cas, celles-ci sont supérieures à 15 %. + 17 % même en moyenne pour les employés des trois secteurs. Et jusqu’à + 18 % pour ceux des HCR.  A rares exceptions près, comme les professions intermédiaires des HCR (+10%). A l’inverse, la plus forte hausse a bénéficié aux 66 000 cadres des HCR : leur salaire a progressé en moyenne de + 26 % dans la période (3 540 € vs 2 810 €).

Autre évolution notable, qui illustre l’importance de négociations salariales abouties entre patronat et syndicats de branche, c’est la nette diminution de la proportion de salariés touchant moins de 1,05 fois le SMIC. Plus d’un salarié sur dix touchait un quasi Smic en 2017. Ils n »étaient plus que 5,9 % en 2022. Ceci grâce aux négociations menées  notamment dans les HCR où les partenaires sociaux ont convenu que le minimum des minima (échelon 1 niveau 1 de la grille) devait être significativement supérieur au Smic.

C’est en tout cas dans la restauration collective que le nombre de quasi-smicard a le plus baissé. Leur proportion est passée de 7,6 % à 2,8%. Dans les HCR, elle a nettement reculé aussi de 9,7 % à 4,2 %. C’est moins le cas dans la restauration rapide. Mais la tendance y est aussi à la baisse, avec 13,4 % de ses effectifs salariés percevant un salaire compris entre 1 et 1,04 Smic, contre 17,6 % en 2017.

Champ : conventions collectives de branches en 2022. Données au 31/12/2022.
Source : 
Insee, DSN/DADS 2022 (fichier exhaustif) ; calculs Dares (ministère du Travail et de l’Emploi).
Tableau : HR-infos.

Des effectifs toujours plus importants et plus jeunes

Depuis 2017, l’économie française a créé beaucoup d’emplois dans le secteur privé concurrentiel : environ 3 millions. En 2022, 18,9 millions de salariés étaient couverts par une convention collective de branche sur le champ du privé. C’est 19 % de plus que cinq ans auparavant.

Le secteur de l’Hébergement et de la Restauration (**) a surperformé cette croissance. Ses effectifs ont grimpé de 32 %, engrangeant près de 320 000 salariés supplémentaires. Pour atteindre le pic historique de 1,304 million de salariés.

Deux des trois principaux secteurs de la branche étudiés ici ont très majoritairement contribué à cette croissance démographique. Les HCR, dont les effectifs ont augmenté de 30 %, s’étoffant de 185 100 salariés. Et la Restauration rapide qui a fait un bond de 61 %, enregistrant 117 000 salariés supplémentaires.

Cet effectif s’est encore rajeuni. 41,1 % d’entre eux ont moins de 30 ans, contre 37,8 % en 2017. Une proportion qui se stabilise à près de 62 % en restauration rapide. Elle prend deux points supplémentaires dans les HCR (38 %). Dans l’ensemble du secteur privé, la proportion n’est que de 24,8 %.

Prédominance des TPE 

Plus que jamais, les effectifs sont majoritairement salariés dans des entreprises de 1 à 9 salariés (elles en emploient plus de 520 000, soit 39,8 % de l’effectif de la branche) et de 10 à 19 salariés (17,4 %). Une différence majeure avec les autres secteurs d’activité. Ces derniers ne regroupent que 21 % de leurs salariés dans des TPE (Très Petites Entreprises). Et 10 % dans des 10-19 salariés (PE).

Près d’un salarié des HCR sur deux (46 %) exerce dans une TPE (vs 48 % en 2017). Et 22 % supplémentaires dans des PE (10-19 salariés). Proportionnellement, ils y sont plus nombreux que leurs collègues de la Restauration rapide (40,6 % en TPE et 11,2 % en PE).

Les TPE elles-même prédominent dans le paysage. 83,4 % des 172 000 entreprises de l’Hébergement Restauration en relèvent. Proportion qui monte même à 86,4 % dans la Restauration rapide contre 82,6 % pour les HCR et seulement 62 % pour la Restauration de collectivités.

Mais contrairement à une idée reçue, la prédominance de TPE n’est pas propre à cette branche. 81,9 % des entreprises relevant des quelque 1,8 million d’entreprises rattachées à l’une des 265 conventions collectives comptent entre 1 et 9 salariés.

Hausse du nombre d’apprentis et petit fléchissement du temps partiel 

Si la restauration rapide en affiche le plus fort pourcentage de jeunes (61,5%), c’est dans les HCR qu’elle augmente le plus (38,4 % vs 35,7 %). Un flux sans doute en lien avec la poussée du nombre d’apprentis (4,5 % vs 3,3 %). Dans les HCR, ils représentaient 5 % des effectifs en 2022, soit près de 32 000 apprentis, contre 28 800 en 2017. Et leur proportion est également passée de 1,2 % à 4 % dans la restauration rapide (12 300 vs 2 300 en 2017).

Quant à la proportion des cadres et des professions intermédiaires (agents de maîtrise, techniciens…), elle reste beaucoup plus faible que dans l’ensemble des conventions collectives (environ 20 % de ses effectifs). Elle progresse néanmoins légèrement avec 8,1 % de cadres (vs 7,7 % en 2017) et 9,6 % de professions intermédiaires (9,6 % vs 8,3 %). La restauration de collectivités se distingue avec une forte proportion de professions intermédiaires : 21,7 % contre 5,9 % dans la Rapide et 8,3 % dans les HCR.

A noter également le léger fléchissement du travail à temps partiel. Ils concernent encore 31,2 % des salariés (vs 19,9 % dans l’ensemble de l’Economie), contre 33,9 % en 2017. Il reste même dominant dans la Restauration rapide (56,6 %) bien qu’il y ait significativement baissé par rapport à 2017 (63,4 %). Il diminue superficiellement dans les HCR (23,9 % vs 25,7 % en 2017).

(*) hors branches agricoles, secteurs sous statut et particuliers employeurs.
(**) en incluant les quatre conventions collectives relevant des activités du Tourisme (agences de voyages, casinos…). Si l’on retire leur 73 000 salariés, les six conventions collectives de la branche Hébergement Restauration pesaient 1,231 million de salariés.


Champ : conventions collectives de branches en 2022. Données au 31/12/2022.
Source : Insee, DSN/DADS 2022 (fichier exhaustif) ; calculs Dares (ministère de l’Emploi et du Travail).
Tableau : HR-infos

Des écarts de salaires femmes/hommes tendent à se réduire
et restent moins élevés dans l’HR que dans les autres secteurs d’activité

Les écarts de rémunération se réduisent dans la majorité des secteurs d’activité. Ils sont passés, en moyenne, de -18,8 % à – 15,2 % en cinq ans. Mais ils restent négatifs, au détriments des femmes, dans 95 % des 265 conventions collectives classées par la Dares.

D’un secteur à l’autre, les différences sont considérables. Une femme chauffeur routier gagne un petit mieux sa vie qu’un collègue homme (+1,8%).  Mais au sein des cabinets d’avocats et des cabinets dentaires, une femme gagne deux fois moins  :-43, 9 % et -57,2 %.

La branche HR, pour sa part, a réduit cette disparité de deux points et demi, à 7 %. Le salaire moyen perçu par un homme s’élève à 2 030 €. Celui d’une femme à 1 890 €. La restauration rapide, bon élève sur ce critère-là, est tombée à -1,2 % (vs -2,1%) : 1 690 € vs 1670 €. En outre, ses cadres, ses employées et ses ouvrières, ont un salaire supérieur de 4 % à leurs homologues hommes.

A contrario, la restauration de collectivités, même si elle réduit légèrement le delta, rémunère toujours nettement moins les femmes que les hommes (-13,9 %). Et cela à tous les échelons, des ouvriers aux cadres. Un salarié homme perçoit un salaire moyen de 2 230 € quand sa collègue femme  touche 1 920 €.

Davantage salariées à partiel et à des postes d’employées et d’ouvrières 

Deux raisons principales à cette inégalité salariale entre les sexes. D’une part, les femmes travaillent davantage en temps partiel que les hommes : 36,5 % d’entre elles, contre 26,7 % pour les hommes. D’autre part, elles sont moins présentes dans les niveaux de postes supérieurs.

En effet, les femmes sont en proportion davantage embauchées comme employés et les ouvriers (83,4 % d’entre elles vs 80,9 % chez les hommes). Or, ces deux catégories sont les moins bien rémunérées (1 770 € et 1900 € en moyenne).

A l’inverse, elles sont moins visibles au sein des deux catégories les mieux rétribuées (16 % vs 19 % des hommes). Celles des professions intermédiaires ( 2 270 €) et des cadres ( 3 550 €).

Champ : conventions collectives de branches en 2022. Données au 31/12/2022.
Source : 
Insee, DSN/DADS 2022 (fichier exhaustif) ; calculs Dares (ministère de l’Emploi et du Travail).
Tableau : HR-infos.

Les bases de données 2022 utilisées par HR-infos pour réaliser cette étude
Les bases de données 2017

 

Précisions sur le champ Hôtellerie & Restauration

La catégorie Hôtellerie & Restauration englobe également le secteur Tourisme. Ce regroupement statistique opéré par l’Insee ne modifie pas les grandes tendances.

Sur les 1,303 millions de salariés regroupés sous la branche Hôtellerie, Restauration et Tourisme, 94,4 % sont régis par  des conventions collectives des secteurs de l’Hébergement Restauration. Cafétérias, hôtellerie de plein air et restauration ferroviaire inclus.

Les 5,6 % restant se répartissent entre quatre conventions collectives. 1 : Opérateurs de voyages et guides (2,4 %, près de 31 000 salariés). 2 et 3 :  Organismes de tourisme à but non lucratif ou social et familial (2,1 %, 27 000 salariés). 4 : Casinos (1,2 %, 15 900 salariés).

Les salariés relevant de la convention Hôtels Cafés Restaurants représentent le contingent plus important, avec 61,2 % des salariés. La restauration rapide arrive loin derrière avec 23,7 %. Mais sa part relative ne cesse de grimper. Elle ne pesait que 19,5 % du groupement en 2017. Et en troisième position, la restauration de collective, avec 7,2 % des salariés.

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