Publié le 5 juin, notre article sur la première transformation en France d'une ancienne maison d'arrêt en hôtel-restaurant a suscité un énorme intérêt chez nos lecteurs et abonnés. Nous le republions en l'enrichissant d'un reportage photos complet.
A Béziers, Mando Hospitality et l’agence A+Architecture ont réhabilité l’ancienne maison d’arrêt fermée depuis 2009 en hôtel-restaurant doté de 50 chambres de 13 à 66 m2, qui reprennent la trame des cellules de jadis.
Mené dans le centre historique, ce chantier complexe s’est efforcé de conserver l’esprit du lieu et de l’embellir, en l’ouvrant à la lumière et à son environnement par la création de hautes fenêtres et d’une terrasse panoramique surplombant la ville et la vallée.
Un investissement de 10 millions d’euros, soutenu par le Fonds Tourisme Occitanie et BpiFrance.
Photos : Diego Parlange, Pauline Pivot, DR.
Une approche patrimoniale, mémorielle... Et hôtelière !
Epure, minimalisme… Et travaux titanesques mais respectueux
C’est le premier hôtel en France à ouvrir dans une ancienne prison. Mais cela s’était déjà vue ailleurs. Aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne notamment. Et récemment en Allemagne, à Berlin, avec la conversion d’une ancienne prison de femmes. Un projet remarquable, récompensé en 2022 par le jury international du 196+ hotelforum (lire notre article).
Une approche similaire, patrimoniale et mémorielle, a présidé au projet de Béziers. Il aurait d’ailleurs été impossible d’effacer le passé architectural de cette maison d’arrêt ouverte en 1867. Ses trois batiments connexes ont gardé leur imposant volume et… leurs grilles. Mais sur leurs façades, les fenestrons d’origine ont été agrandis pour permettre à la lumière de pénétrer.
De son promontoire, la prison surplombait déjà un environnement exceptionnel mais le masquait. Il est désormais visible grâce à ces percées et à une promenade-terrasse. Le résident se plaiera à détailler la cathédrale Saint-Nazaire-et-Saint-Celse toute proche. Et son regard se perdra au loin dans la vallée de l’Orbe et la plaine du Languedoc.
A l’intérieur, le cabinet A+ Architecture a conservé l’atrium et la double couronne de passerelles métalliques qui relient les cellules. Maintenu également les voûtes néo-romanes, y compris dans les cellules. Banni les faux-plafonds et autres dissimulations.
Sobriété presque monacale de bon aloi
Mais la trame des cellules-elles mêmes a été restructurée pour les transformer en chambres. Pour cela, il a fallu percer les murs, très épais, à de multiples endroits. Une opération titanesque qui aurait mobilisé à elle seule plus de 10 % du budget. C’est ainsi qu’une chambre de base est la réunion d’au moins trois cellules, dont une dédiée à la salle d’eau.
Le projet, pour autant, ne verse pas dans le luxe ni même dans le haut de gamme (au contraire du Wilmina, dont les chambres sont plus spacieuses et d’un grand raffinement décoratif). Pour des raisons avant tout de coûts. La norme ciblée est le 3 étoiles. Viser le 4 ou 5 étoiles aurait coûté beaucoup plus cher. Ce projet là aura déjà nécessité de l’ordre 10 millions d’euros, avec une durée de chantier d’environ quatorze mois.
Si l’équipement des chambres est relativement complet, la décoration elle, est minimaliste…. La beauté brute de la pierre et la hauteur des voûtes se suffisent à elles-seules. Tout comme les patines des peintures et des portes des cellules. Les grilles aussi. Et les graffittis griffés par les détenus, conservés dans quelques cellules. Le mobilier, discret en dehors des canapés placés dans le hall, est également aux antipodes de la standardisation. Il est vrai qu’il a été largement chiné, avec des cohabitations de styles, des années 50 aux années 90.
Sept catégories de chambres de 13 à 66 m2
L’ancien chemin de ronde, la cour promenade et les ex cellules de la maison d’arrêt contiennent aujourd’hui un hôtel de 50 chambres réparties en sept catégories. Pour mémoire, la prison comptait 90 cellules d’environ 9 m2. Elle contenait, pour ne pas dire entassait, jusqu’à 200 détenus.
Les chambres, elles, commencent à 13 m2 pour deux configurations possibles (2 x 1 lit jumeaux ou 1 lit double). Elles passent ensuite à 18 m2 (cellule «Confort »), 23 m2 («Triple », 3 personnes), 33 m2 («Cozy »), 50 m2 («Atypique », pour six personnes), et 66 m2 («Suite familiale », avec salon). La Prison dispose également d’un restaurant-bar de 180 m2 pour 60 places modulables. Il est aménagé dans la seule partie neuve de l’ensemble,. Une extension discrète bâtie au pied du bâtiment central.
Les complètent une petite salle de conférence modulable (40 m2, jusqu’au 35 personnes), deux salons privatifs (20 et 35 m2), une boutique épicerie ainsi qu’un couloir de nage de 12 m et un espace fitness. L’établissement compte également un local à vélo. Et il met des vélos électriques à disposition des hôtes. L’établissement emploie 25 salariés.
Pour cette réhabilitation, le groupe Mando a investi 8,5 millions d’euros (dont 5,35 millions en fonds propres). Et le fonds tourisme Occitanie a apporté 1,5 millions d’euros.
Samantha de Castro dirige les activités de l’hôtel. Et le chef Mathieu Bessière a la responsabilité du restaurant « Le Bistro La Prison ». Son menu déjeuner aux accents locavores et méditerranéens, il le renouvelle chaque semaine. Il propose une sélection de trois entrées, trois plats et une carte savoureuse, colorée et évolutive. Le tarif du menu complet est à 26 €. Et la formule entrée/plat ou plat/dessert à 21€. Le menu du dîner est à 35 €.
Quant aux tarifs des chambres, ils s’échelonnent actuellement de 88 euros la cellule standard de 13 m2 (118 € avec le PDJ) à 295 euros la suite familiale (66 m2).
A propos de Mando Hospitality
Mando a été créé en 2019 par trois diplômés de L’École hôtelière de Lausanne, Max Bonon, Maxim et Tatiana Halimi, associés à l’acteur Christophe Lambert, l’investisseur Michel Halimi (père de Maxim et Tatiana) et Philippe Bonon (père de Max), fondateur du cabinet montpellierain A+ Architecture, concepteur du projet.
Le groupe possède et/ou exploite trois hébergements : deux boutique-hôtels (Le Mas de La Feuillade à Montpellier et le Louvre Richelieu à Paris) et l’hôtel La Prison à Béziers. Il détient également six restaurants : le Café de la Panacée, le Café Pitot et le Bistrot d’O à Montpellier, les Réformés et Blum à Marseille et le Café de la musique à Paris. Mando prévoit l’ouverture de l’hôtel-restaurant le Voco en novembre 2023 à Beaune (Côte d’Or), et le bar-restaurant LPB à Marseille en février 2024.