Mesurer son bilan carbone, première étape pour réduire ses émissions de GES

Pour jouer un rôle efficace contre le changement climatique, les entreprises doivent au préalable mesurer précisément leurs émissions de Gaz à Effet de Serre.
On est au tout début de l’Histoire;

c bilan, pour l’instant, n’est obligatoire que pour les personnes morales de droit employant plus de 500 personnes dans

Greenly, Hellocarbo, Traace... des dizaines de plateformes de calcul des Gaz à Effet de Serre s'offrent aux entreprises. L'intérêt du calculateur Clorofil lancé par Majorian (Les Collectionneurs, Cadhi...) est d'être adapté à la branche H&R. Développé avec ClimateSeed, sur la base de la méthode Bilan Carbone® de l’Ademe, Clorofil aide à comptabiliser les émissions directes et indirectes générées par l’énergie, les achats, les déchets, les prestations d'hôtellerie et restauration et la mobilité. Son premier niveau d'accès est gratuit. Sa valeur ajoutée nécessitera un abonnement payant.

Vue du Relais Thalasso Ile-de-Ré – hôtel Atalante. L'un des premiers utisateurs du calculateur Clorofil. Dans ses actions prioritaires, la mise en service d'un concept innovant de thermofrigopompes géothermiques, pompe à chaleur fournissant simultanément chauffage et réfrigération pour sa thalassothérapie. A la clef, 850 00 euros d'économies (- 30 %), avec un effet baissier également sur les émissions de C02. Sa consommation énergétique annuelle passerait de 1 584 à 895 MWh.

« Vous savez comment vous carbonez la planète ? Vous saurez alors comment vous la décarbonerez. »

Au regard de la loi, seules aujourd’hui les entreprises d’au moins 500 salariés (250 dans les DOM) sont soumises à ce reporting Carbone. Mais la législation à venir pourrait abaisser ce seuil arbitraire.

Car au regard des réalités climatologiques, toutes les entreprises, quelle que soit leur taille et leur métier, émettent, peu ou prou, directement et indirectement, des gaz à effet de serre. En particulier celles opérant dans la filière Tourisme. Aucune raison, par conséquent, de les affranchir de cette démarche.

Ce secteur génère aujourd’hui plus de CO2 (118 millions, soit 11 % du total de la France ) que de richesses (7,4 % de son PIB). La responsabilité en revient d’abord au Transport (77 %). Viennent ensuite l’Hébergement (7 %), puis la Restauration et les achats de biens touristiques (6 % chacun). En 2018, la branche HR émettait environ 15 millions de tonnes de C02.

Un bilan Carbone, c’est considérer autant les émissions indirectes que les émissions directes

Malgré tout, cette sectorisation apparait artificielle. Car le transport est aussi une source indirecte d’émissions de CO2 dans les Hébergements. C’est d’ailleurs, le grand enseignement tiré par l’un des premiers utilisateurs du calculateur Clorofil,  Sylvain Morin, directeur du Relais Thalasso Ile-de-Ré – hôtel Atalante à Sainte-Marie-de-Ré. « 60 % de nos émissions de GES proviennent en réalité des déplacements de nos clients, déclare-t-il. Ce que nous avons mesuré en étudiant la liste des réservations, leur provenance, etc.» 

Du coup, la diminution de ces émissions liées à la mobilité constitue un axe d’action pour l’établissement. « Cela passera par une sensibilisation de nos clients et par des propositions d’alternatives, précise Sylvain Morin. Covoiturage et mise à disposition d’un véhicule électrique, par exemple. Nous souhaiterions aussi  étudier avec la communauté d’agglomération la mise en place d’un service de navettes électriques à partir de la gare SNCF. »

Le Relais Thalasso déclare avoir consommé environ une journée et demie pour effectuer son comptage de GES par grand postes : mobilité, énergie, achats, déchets, prestations d’hôtellerie et de restauration (1). Pour cela, il a utilisé les outils de ClimateSeed. Ce spécialiste de la compensation et de la mesure des émissions carbone (propriété d’un fonds d’impact d’Axa IM) est certifié méthodologie Bilan Carbone par l’Ademe.

(1) Pour effectuer son bilan carbone, une entreprise opérant dans le secteur de la communication (témoignage recueilli par HR-infos) fait état d’un comptage ayant duré plusieurs semaines et  nécessité l’intervention d’un ingénieur.

Des objectifs de réduction à cibler

Le Relais Thalasso- Ile de Ré sait donc désormais sur quels postes il doit cibler ses efforts de décarbonation. Sur l’énergie, en particulier (lire la légende photo). En visant le zéro carbone à l’horizon 2030 pour ses activités de thalassothérapie. Sur ses prestations de blanchisserie. Ses produits alimentaires en circuits court, le recyclage de ses déchets… Et même des eaux de pluie. L’établissement, qui est déjà labellisé Greed Food et refuge LPO, espère décrocher l’Ecolabel européen en février 2023.

L’autre intérêt de Clorofil pour l’établissement, c’est de pouvoir se comparer à ses confrères. Et notamment aux membres des « Collectionneurs » dont il fait partie, chaîne contrôlée par le groupe Majorian. C’est d’ailleurs Majorian qui est à l’origine de la plateforme Clorofil. Son projet était d’apporter un service, assez complexe, mais pensé pour les HCR et en partie par eux, et rendu accessible grâce à l’expertise de ClimateSeed.

 Clorofil, c’est d’abord un calculateur. Une fonctionnalité qui est gratuite. Ce sont également d’autres services, utiles voire indispensables, qui eux, sont payants. En premier lieu, la mise en place d’une « feuille de route » de réduction des GES.  Mais également l’accès à des projets de sequéstration et d’évitement carbone, labellisés, une spécialité de ClimateSeed. Clorofil offre en tout une vingtaine de fonctions différentes en ligne, accessibles sur abonnement annuel (800 euros HT). Par ailleurs, la plateforme peut proposer des prestations d’accompagnement (de formation par exemple), soumises à devis.

L’objectif de Clorofil, à fin 2023, est de compter près de 500 établissements HCR utilisateurs.

Exemple de tableau de bord de ses émissions

La collecte et le comptage de toutes les émissions directes ou indirectes demanderait entre une demi-journée et deux journées, selon les établissements.

Une fois le bilan effectué, des objectifs précis de réduction à définir

Selon le dernier rapport du Giec (avril 2022), pour espérer limiter le réchauffement climatique à 1,5°C ou 2°C, les émissions de gaz à effet de serre doivent atteindre leur maximum « avant 2025 au plus tard ».

Or, elles ont continué d’augmenter de 1,3% entre 2010 et 2019. Après avoir progressé de 2,1% entre 2000 et 2009.

La baisse des émissions doit atteindre 43% d’ici 2030 pour espérer limiter la réchauffement à +1,5°C. Pour le limiter à 2°C, il faudra tout de même les réduire d’au moins 25% à cet horizon.

 

Un système de badges à feuilles en fonction de son intensité carbone

Pour obtenir un badge de niveau supérieur (ou inférieur…), le système calcule au préalable l’intensité carbone et observe s’il y a eu amélioration ou dégradation de cette intensité.

A partir de la seconde année, un badge d’au moins une feuille est attribuée à condition que le bilan carbone N+1 soit meilleur et suffisant.

ClimatSeed a calculé les seuils d’intensité présentés dans le tableau, sur la base des résultats d’empreinte carbone de 170 hôtels et restaurants. Ses seuils pourront être modifiés dans le temps

 

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