Le 30 septembre, l'UMIH a appelé à des rassemblements devant les établissements des CHRD à partir du vendredi 2 octobre 11 h 45, en faisant cette injonction au gouvernement : "Laissez-nous travailler !". Face à la menace de nouvelles fermetures généralisées, l'Umih, le GNI, le GNC et le SNRTC formulent des propositions de renforcement des mesures sanitaires dans les établissements.
L’Umih nationale et ses syndicats associés (dont le GNC, le SNRTC et le SNRPO) montent le ton. Et ouvrent un deuxième front, dans la rue cette fois. Comme au temps d’André Daguin et de la guérilla contre la TVA chère. Les négociations fermes mais courtoises avec le Gouvernement ne suffisent plus à leurs yeux. L’Union appelle cette fois à une mobilisation de grande ampleur et à battre le terrain médiatique. Comme le font déjà plusieurs de ses organisations départementales. Paca-Corse et Grand Hainaut notamment. Qui n’ont pas attendu les consignes nationales pour manifester.
Dès le 28 septembre, le MOF 2 étoiles Philippe Etchebest avait éventé l’initiative Umih sur les chaînes radio et TV et dans la presse. Il en attribue la parternité à l’Umih Nouvelle Aquitaine et compte la soutenir activement. Le chef très médiatique (Top Chef, Cauchemar en cuisine) appelle le vendredi 2 octobre à 11 h 45 à sortir pacifiquement « des restaurants» avec l’ensemble du personnel. Et à faire du bruit pendant une minute, pour « ne pas mourir en silence », déclame-t-il. «On nous enfonce encore plus pour nous noyer»…
Virage à 180 ° et nouvel argumentaire contre les fermetures
Sous le slogan « Laissez-nous travailler », l’Umih entre désormais en guerre ouverte contre les nouvelles fermetures administratives. Celles déjà en vigueur depuis quelques jours dans 12 grandes métropoles. Comme celles qu’elle redoute de voir prononcer dans les jours à venir.
La première organisation patronale amorce donc un virage à 180°. Car jusque là, elle ne s’était jamais opposée aux fermetures administratives. Celles décidées par le chef de l’Etat en mars dernier et qui coururent jusqu’au 15 juin. Du moins à Paris et en Ile-de-France. Additionnées au confinement de la population et à d’autres mesures d’interdiction, ces fermetures qui ne concernaient pas seulement la Restauration avaient permis de maîtriser la pandémie et de faire chuter tous les indicateurs sanitaires.
Or, ce virage, l’Umih le négocie avec un nouvel argumentaire. Qui consiste cette fois à contester totalement le fait que les fermetures des cafés et restaurants puissent casser les chaînes de contamination. Elle affirme même qu’en les fermant ou en limitant leurs horaires d’ouverture, on facilite « les rassemblements sauvages sur la voie publique ou dans des lieux privés». Et par voie de conséquence, les contaminations.
L’Etat sommé de s’expliquer sur l’efficacité contestée de ces fermetures
Un discours qui trouve un certain écho dans l’opinion publique aujourd’hui. Opinion très hétérogène, volatile et contradictoire par ailleurs. Ce discours, pourtant, est loin encore d’emporter l’adhésion de la communauté scientifique et médicale. Pour trancher dans ce débat qui devient inflammable, l’Etat devra fournir, plus qu’il ne l’a fait jusqu’à maintenant, des arguments suffisamment probants pour justifier le bien fondé de ces fermetures ciblées. Fermetures dont on connait l’impact sur la branche H&R. Et sur les finances de l’Etat lui-même, qui dépense des milliards d’euros pour éviter la faillite générale et les drames sociaux.
L’Umih change également de registre à l’égard du gouvernement. Elle était jusque là dans une posture de dialogue. En particulier quand il s’agissait de négocier les mesures de soutien. Mais cette fois, sa charge contre le gouvernement est sans appel. A court terme du moins. Selon la confédération, la réunion du 29 septembre à Matignon, avec le Premier Ministre était « celle de la dernière chance. Et à nouveau les pouvoirs publics ont essayé de gagner du temps en tentant de nous endormir par des promesses d’aides, qui ne seront pas suivies des faits sur le terrain et dans les trésoreries de nos entreprises.»
L’Umih va plus loin. Le Gouvernement fait des professionnels des « boucs-émissaires », il « n’assume pas ses responsabilités, ni son incapacité à faire appliquer les mesures sanitaires déjà prises ces derniers mois.»
Alternative aux fermetures : un renforcement du protocole sanitaire dans les établissements
La charge est violente et plutôt inhabituelle sous l’ère Heguy. Elle n’en demeure pas moins une posture syndicale, à usage aussi bien interne qu’externe. L’Umih (FNIH à l’époque) en était coutumière sous l’ère Daguin. Suffira-t-elle à infléchir la politique sanitaire gouvernementale ?
Une chose est sûre. Jean Castex veut éviter un nouveau coup de force à la Marseillaise. Il prend soin cette fois de recevoir et concerter les maires des grandes métropoles avant d’annoncer de nouvelles mesures. Elles semblent indispensables pour empêcher une dégradation continue de la situation sanitaire. L’appel réitéré à la responsabilité individuelle ne peut tenir lieu de politique publique, surtout en France…
Alors quelles nouvelles mesures ? D’ors et déjà, quatre organisations professionnelles ont fait connaître la leur. Un renforcement drastique du protocole sanitaire en vigueur dans les établissements (lire ci-dessous). Suffira-t-elle à éviter de nouvelles fermetures, des bars tout particulièrement ? Réponse dans les heures et jours à venir.
ACTUALISATION 2 OCTOBRE : Olivier Véran reçoit les organisations professionnelles
Le ministre de la Santé devait recevoir les organisations professionnelles le 2 octobre à partir de 15 h.
Selon nos informations, il reviendra au Haut Conseil pour la Santé publique d’examiner les nouvelles mesures présentées par les syndicats au cours du week-end. Si le Haut Conseil validait ce protocole renforcé, les restaurants pourraient rester ouverts partout en France.
GNI – UMIH – GNC – SNRTC :
Leurs propositions pour éviter les fermetures généralisées
- Mettre en place dans les établissements un « CAHIER DE RAPPEL » afin de garder à disposition des autorités sanitaires les coordonnées des clients en cas de contamination et de les aider à remonter le fil des cas contacts.
Les clients pourront laisser leurs noms et numéros de téléphone qui seront conservées pendant une durée d’un mois. Ils seront ainsi alertés par les autorités sanitaires en cas de suspicion de contamination de toute personne présente dans un établissement en même temps qu’eux. Selon ces organisations, cette mesure a déjà̀ montré son efficacité́ à l’étranger.
- Inviter les salariés ainsi que les clients à la prise de leur température préalablement à l’accès à l’établissement.
- Organiser avec les autorités sanitaires les conditions d’un dépistage massif de tous les professionnels du secteur au moyen de plages horaires avec accès prioritaire qui leur seront réservées.
- Assurer les paiements des clients à table afin d’éviter leurs déplacements au sein des établissements
- Limiter à 8 le nombre de convives à une même table.
- Gestion des réservations;
Ces mesures, s’appliqueraient en plus de celles déjà obligatoires contenues dans le protocole sanitaire dont un rappel sera fait notamment sur l’interdiction de consommation debout en intérieur comme en extérieur.
Les quatre organisations ont demandé à être reçus en «extrême urgence» par le ministre de la Santé afin d’examiner comment ces mesures complémentaires pourront amender le protocole sanitaire des CHR et permettre aux professionnels de continuer d’exercer leur activité.
Roland Héguy, président confédéral de l’UMIH
« Nous ne voulons être ni réduits à la mendicité, ni payés par l’Etat. Un seul message au Gouvernement : laissez-nous travailler ! »
« Soutenue par l’ensemble des fournisseurs, des producteurs et clients de nos établissements, l’UMIH nationale appelle à la mobilisation dans l’ensemble de la France de tous les professionnels restaurants, hôtels, cafés, brasseries, traiteurs, bars, discothèques et donne rendez-vous à tous les chefs d’entreprises et leurs salariés. » (extrait du communiqué de presse de l’Umih).
Manifestation sur la grand’place de Lille le 29 septembre