Marchands ou non marchands, les hébergements touristiques ont tous souffert de la crise sanitaire, en particulier lors des deux périodes de confinement, selon le bilan touristique établi par l'Insee pour l'année 2020. Toutefois, la baisse de fréquentation a été beaucoup plus importante dans les hébergements marchands, en premier lieu dans les hôtels, alors que les campings ont mieux résisté. Les visiteurs internationaux habituels leur ont fait défaut. Ainsi qu'une partie des résidents français, plus nombreux cette année à passer leurs vacances dans leur famille ou chez des amis.
Changements dictés par les circonstances ? Ou mutations en cours accélérées par la crise ? Cette fois, la clientèle française, contrairement à 2019, n’aura pas sauvé l’hôtellerie française d’un recul de son activité. Deux raisons l’expliquent.
D’une part, les résidents français sont moins souvent partis en vacances à partir de mars, pointe l’Insee. Les taux de départs ont été plus faibles chaque mois, février excepté. L’écart a atteint 7,6 points en moyenne (17,4 % vs 25 %) sur l’année 2020. Il a culminé à 26,9 points en avril (0,8 % vs 27,7 %) lors du premier confinement. En août, pourtant déconfiné, l’écart atteignait encore 4,5 points, avec 38,1 % de départs pour motif personnel contre 42,6 % en août 2019. Sur les seuls mois de l’été et en ne comptabilisant que les touristes résidents, les hébergements marchands ont perdu 2 % de nuitées.
Par ailleurs, lorsqu’ils partaient, les Français passaient plutôt leurs vacances dans leurs résidences secondaires, dans leur famille ou chez des amis. Le nombre de nuitées ne diminue que de 12 % entre 2020 et 2019 dans ces hébergements non marchands. Alors qu’elles baissent de 26 % dans l’ensemble des marchands : hôtels, campings, hébergements individuels loués par des particuliers, y compris via les plateformes de réservation internet, etc.
Les nuitées passées dans les hébergements non marchands ont même progressé durant l’été 2020 par rapport à l’été 2019. Et elles sont restées globalement stables lors des fêtes de fin d’année.
Des vacances de proximité, souvent auprès de ses proches
Ces hébergements ont d’ailleurs profité du développement du tourisme intrarégional en 2020. Les résidents ont voyagé beaucoup plus souvent à l’intérieur de leur région. De même, le tourisme lors des fêtes de fin d’année s’est également fortement reporté sur ces hébergements non marchands. Les nuitées marchandes des résidents ont ainsi diminué de moitié en décembre 2020, tandis que les non marchandes augmentaient légèrement.
Selon l’Institut, les Français ont plébiscité ces modes d’hébergement, qui leur permettaient de retrouver des proches. Tout en limitant les dépenses et en restreignant les contacts.
Qu’en sera-t-il en 2021 ? Profitant de la libération des voyages intra européens et inter régionaux, dans l’hypothèse où l’épidémie du Covid-19 régresserait de manière irréversible au deuxième semestre, les hébergements marchands devraient regagner des parts de marché. Mais les hôtels ne pourront rattraper la totalité de leur retard sur 2019 qu’avec le retour de leurs clients extra européens. Ils ont fait le plus défaut aux établissements haut de gamme.
En août, les nuitées ont même légèrement augmenté dans les hébergements non marchands
- Lecture : en août 2020, les résidents ont passé 114,4 millions de nuitées dans des hébergements non marchands, contre 107,0 millions en 2019.
- Champ : France métropolitaine.
- Source : Insee, enquête de suivi de la demande touristique, données provisoires.
Lors de leurs vacances en France, les touristes résidents ont privilégié l’hébergement non marchand. Dans leurs résidences secondaires, dans leur famille ou chez des amis. Les nuitées ne diminuent que de 12 % entre 2020 et 2019 dans ces hébergements.
Alors qu’elles baissent de 26 % dans l’ensemble des hébergements marchands (hôtels, campings, hébergements individuels loués par des particuliers, y compris via les plateformes de réservation internet, etc.).
Au plus haut, les taux d’occupation ont atteint 59,5 %, au plus bas 14,6 %
- Lecture : en mars 2020, 90,7 % des hôtels étaient ouverts ; en avril, ils n’étaient plus que 22,5 % et le taux d’occupation des chambres des hôtels restés ouverts est tombé à 14,6 %.
- Champ : France métropolitaine.
- Source : Insee, en partenariat avec les comités régionaux et départementaux du tourisme.
L’offre hôtelière a évolué différemment selon les deux confinements. En mars, les hôtels ont massivement fermé et le taux d’ouverture a chuté de 68 points en un mois pour s’établir à 23 % en avril. Au deuxième confinement, fin octobre, les restrictions et les fermetures ont été moins importantes. Le taux d’ouverture des hôtels baisse de 29 points en novembre par rapport à octobre pour s’établir à 60 %.
Dès le mois de mars 2020, les taux d’occupation des hôtels ouverts ont chuté en France métropolitaine, à 27 % en mars (versus 58 % en mars 2019). Cette baisse a été maximale en avril (14,6 %) et mai (19 %). Avec plus de 40 points d’écart avec les taux d’occupation des mêmes mois en 2019.
En Île-de-France, à partir du mois de mars 2020 et jusqu’en décembre, les TO mensuels sont restés inférieurs à 40 %. Depuis 2011, ils étaient systématiquement supérieurs à 70 % entre mars et décembre. Et même fréquemment supérieurs à 80 %.
L’Ile-de-France beaucoup plus touchée en raison de sa dépendance au tourisme international
Lecture : en Île-de-France, le nombre de nuitées hôtelières a baissé de 65 % en 2020 par rapport à 2019
Champ : France métropolitaine.
Source : Insee, en partenariat avec les comités régionaux et départementaux du tourisme.
Les nuitées hôtelières ont diminué de moitié dans les hôtels de France métropolitaine en 2020.
La baisse la plus forte a été observée en Île-de-France (‒ 65 % en moyenne annuelle et 96,7 % en avril), alors qu’elle accueille habituellement un tiers des nuitées passées dans l’hexagone.
La région représente surtout la moitié des nuitées de touristes provenant de l’étranger et le tiers des nuitées du tourisme d’affaires, deux segments de ce secteur particulièrement affectés par la crise sanitaire
Le Grand Est est la deuxième région la plus touchée avec une baisse de 50,4 % des nuitées par rapport à 20019. Dans les autres régions, la fréquentation hôtelière diminue de 39 % à 46 %.
Les campings n’ont perdu que 16 % de leurs clients à l’été 2020 contre 34 % pour les hôtels
1. Autres hébergements collectifs touristiques.
Note : données provisoires de l’enquête de fréquentation touristique.
Lecture : durant l’été 2020, le nombre de nuitées passées par des résidents dans les campings a baissé de 4,6 % par rapport à l’été 2019.
Source : Insee. Champ : France métropolitaine.
Les touristes, à l’été 2020, ont préféré les hébergements individuels et en plein air. Y compris les non-résidents, qui ont passé les deux tiers de leurs nuitées dans des campings (46 % en 2019). Cet engouement pour l’hôtellerie de plein air a profité aux sites haut de gamme comme aux sites plus modestes.
Si la baisse de fréquentation des campings est globalement de 16 %, elle est plus limitée dans les campings situés en montagne (‒ 2 %) ou dans la campagne (‒ 13 %).
Les nuitées des résidents en hébergements non marchands ont augmenté 7 mois sur 12,
alors qu’elles ont baissé 9 mois sur 12 dans les marchands
- Lecture : en août 2020, les résidents ont passé 91,8 millions de nuitées dans des hébergements marchands, contre 91,3 millions en 2019.
- Champ : France métropolitaine.
- Source : Insee, enquête de suivi de la demande touristique, données provisoires.
- Les données en vert correspondent à des chiffres en progression par rapport à ceux de à l’année N – 1
- Les données en rouge correspondent à des chiffres en recul par rapport à ceux de l’année N – 1
Les nuitées hôtelières ont davantage baissé dans les espaces urbains de province
et sur le littoral que dans les massifs de ski
- Lecture : en août 2020, dans les massifs de ski, le nombre de nuitées hôtelières augmente de 7,7 % par rapport au mois d’août 2019.
- Champ : France métropolitaine.
- Source : Insee, en partenariat avec les comités régionaux et départementaux du tourisme.
Au cours de l’été 2020, la fréquentation hôtelière a chuté de 53,3 % dans la métropole, passant de 69 millions de nuitées en 2019 à 45 en 2020.
La campagne et le bord de mer ont été un peu moins touchés. Ils ont bénéficié du report de séjours à l’étranger par les résidents. Et ils sont moins concernés par la chute du tourisme d’affaires.
Les hébergements en montagne ont aussi connu une affluence importante en été (+7,7 % en août). Mais la fréquentation a chuté en hiver, en raison de la fermeture de la plupart des stations de ski.