En mars, les prix des services de restauration et d'hébergement calculés par l'Insee ont augmenté de 0,9 %, contre 0,3 % en février et janvier, et de 3,3 % sur les 12 derniers mois. Cette accélération tient à la forte hausse observée sur les postes des hôtels (+3,7 % par rapport à février 2022) et des centres de vacances (+3,6 %). La progression des prix de la restauration traditionnelle reste faible et identique à celle des deux mois précédents (+0,3 %) alors qu'elle s'accentue légèrement dans la restauration rapide (+0,5 %) et dans les cantines (+0,4 %).
Sur 12 mois, la hausse des prix reste assez stable, passant de 3,2 % à 3,3%
De nouveau en mars, les tarifs de la branche (+0,9 % sur 1 mois) ont augmenté plus faiblement que ceux de l’ensemble de l’Indice Insee des Prix à la Consommation (+1,4 % ). Sur 12 mois cumulés, l’écart demeure également important. +3,3 % pour l’Hébergement Restauration contre 4,5 % pour l’IPC.
Les HCR échappent encore en grande partie aux tendances inflationnistes qui pèsent sur les secteurs de l’économie directement impactés par les pénuries et les hausses des matières premières. C’est le cas des secteurs de l’énergie (+9 % en mars et +29,2 % sur 12 mois). Et, dans une moindre mesure, des produits manufacturés (+1,4% sur février contre 2,1% sur 12 mois). A contrario, la sagesse, relative et sans doute temporaire, des prix alimentaires (+0,9% en mars mais déjà +2,9% sur 12 mois ) protège, pour l’instant, les consommateurs de la Restauration.
Pour autant, les tarifs des HCR en mars ont augmenté trois fois plus qu’en février et mars (+0,9 % versus +0,3 %). Et presque deux fois plus entre janvier et mars 2022 qu’entre décembre 2021 et février 2022 (+2% versus 1,3%). Cette accélération tient presque exclusivement aux fortes hausses tarifaires pratiquées dans l’Hébergement. Le secteur, qui n’était pas complètement sorti de la crise en 2021, profite de la vigueur de la demande (fidélité des clients nationaux et retour en force des internationaux) pour augmenter ses prix moyens. Hausse encore plus manifeste sur les périodes de fortes activités saisonnières. Par comparaison, les prix des hôtels n’avait augmenté que de 0,9 % en mars 2021. Cette fois, ils grimpent de 3,6 %.
Source : Insee – Indice des Prix à la Consommation – traitement HR-infos
L’Insee modifie ses pondérations au détriment des hôtels
mais ne rompe pas les grands équilibres (*)
Signe des temps, les hôtels, motels et autres auberges n’apparaissent plus aussi prépondérants dans les consommations touristiques des ménages. Du moins si l’on se base sur leur importance au sein de l’Indice des Prix à la Consommation (IPC). Explications.
Chaque année, l’Insee modifie la pondération de chacun des 303 groupes qui est pris en compte dans le calcul des l’Indice des Prix des biens et services à la Consommation (IPC), en fonction de leur poids dans la consommation des ménages. Chaque groupe est doté d’un nombre de points correspondant à une partie des 10 000 points composant l’Indice.
L’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE) évalue leur poids respectif notamment à partir de la répartition des dépenses de consommation dans le cadre des comptes nationaux. L’Institut cite l’exemple de la Communication. Son poids dans le panier a augmenté de près de moitié depuis 30 ans. Il représente actuellement 269 points sur les 10 000 de l’Indice. La Communication (internet et téléphonies comprises) représenterait ainsi 2,69 % de la consommation des ménages. L’Institut cite également les carburants pour les véhicules. Ils représentent aujourd’hui 3,6 % de leur consommation. Et 362 points dans l’Indice des prix.
Historiquement, l’Insee attribuait aux hôtels la plus grosse pondération parmi les trois services d’hébergement qu’elle classifie dans l’IPC. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Leur poids dans le panier est passé de 87 points en 2019 à 54 points en 2022. Les hôtels sont désormais devancés par les « centres de vacances », forts de leurs 64 points. Ces derniers en pèsent 14 de plus qu’en 2021 (50) mais 10 moins qu’en 2019 (74). Sous ce terme de « centres de vacances », l’Insee regroupe les résidences de tourisme, les villages vacances et les campings.
Même si les hôtels semblent les plus impactés, l’ensemble des services d’hébergement l’ont également été. Ils pèsent aujourd’hui 137 points d’indice contre 177 en 2019. Deux facteurs concomitant expliquent cette baisse de leur pondération. D’une part, une diminution de la consommation des dépenses des ménages. D’autre par, un recul des prix que ces ménages ont acquittés. Ce qui est encore plus vrai pour les hôtels, les premiers touchés.
Les faibles variations de prix dans la restauration amortissent les fortes hausses dans les hébergements
Des mouvements similaires impactent les services de restauration. Alors que leurs trois groupes pesaient 796 points en 2016, ils n’en pesaient plus que 485 en 2021. Avant de remonter à 523 points en 2022. Contrairement à ce qui s’écrit souvent par ailleurs, les repas et boissons pris dans un restaurant ou un café restent de très loin le premier poste de dépense des ménages (423 points sur 523). Très au-dessus du poste cantines (94 points). Et encore plus loin de celui de la restauration rapide (6 points).
Globalement, la pondération des trois services de restauration représente 79 % des 660 points attribués aux prix des six groupes « Restaurants et Hôtels ».
Par conséquent, la forte hausse des prix des groupes « hôtels » « centres de vacances » n’a pas été suffisante pour faire flamber l’ensemble du Poste « Restaurants et Hôtels ». Celle-ci a été contrebalancée par la hausse limitée des prix des repas pris dans la restauration, en particulier à table. Sur mars, la hausse a atteint + 0,3 % pour la restauration et + 3,2 % pour les hébergements. Après pondération globale, la variation des prix du secteur entre mars et février n’a été que de +0,9 %.
De même sur 12 mois (avril 2021- mars2022), l’inflation reste contenue à +3,3 %. Ceci en raison de la prépondérance des +2,5 % constatés dans la restauration par rapport aux +6,1 % observés dans les hébergements.
Ainsi, la modération des prix et la pondération prédominante des services de restauration (523 points sur les 660 comptabilisés par l’Insee pour le poste « Restaurants et Hôtels ») expliquent-elles la sobriété de la hausse des prix sur l’ensemble de ce poste R&H.
(*) Cette analyse reprend celle que nous avons publiée en février 2022. En actualisant, bien entendu, les statistiques de l’Insee (mars vs février).