Hôtels, campings, résidences de tourisme et villages vacances ont à nouveau perdu des adresses (-3,6 %) et dans une proportion quasi équivalente, des capacités d'hébergement (-3%), selon le dernier recensement effectué début 2023 par l'Insee et les Comités Régionaux de Tourisme. Contrairement à 2022, le parc hôtelier, qui perd à nouveau des adresses, perd aussi cette fois des chambres, malgré le retour des classés 1 étoile et l'essor confirmé des 4 et 5 étoiles. Les campings, en revanche, connaissent une forte diminution de leurs terrains et de leurs emplacements.
Contre-coup de la crise sanitaire de 2020 et 2021 ? Concurrence des plateformes ? Recours plus fréquent à des hébergements non marchands, comme ce fut le cas en 2 020 et 2021 ? Manque de repreneurs pour les nombreuses affaires mises en vente ? Ou simple ajustement sur un marché qui reste pourtant très dynamique ? Autant d’hypothèses plausibles qui peuvent s’aditionner et se pondérer plutôt que s’opposer.
Quoi qu’il en soit, le parc français collectif, 27 800 hébergements, va perdre cette année encore, des adresses, plus d’un millier au total (-3,6 %). Ainsi que des chambres et emplacements. Près de 74 800 (-3 %) sur un total de 2,420 millions.
Les campings repassent sous la barre des 8 000 terrains
Le recul le plus marqué touche les terrains de camping. Repassant sous le seuil des 8 000 terrains ( 7 432, soit -8,7 %), ils perdent aussi plus de 37 000 emplacements (861 103, -4,2 %). C’est la septième année consécutive que les campings perdent à la fois des terrains et des emplacements.
Pour autant, leur marché est-il en crise ? Nullement… Ils se repositionnent sur le haut de gamme. Tout comme les hôtels.
Les résidences de tourisme déplorent à nouveau, pour la quatrième année consécutive, une diminution de leurs adresses (81, soit -3,4 %) et de leurs places (31 331, soit -4,9 %). Même tendance baissière pour les villages vacances avec la disparition de 35 sites (-3,8 %) et de 31 331 lits (-4,9 %).
Plus inattendu peut-être, les auberges de jeunesse, qui étaient en plein essor depuis 2018, marquent une pause cette année. Elles n’enregistrent que 343 adresses au lieu de 348 en 2022. Par contre, elles engrangent toujours des couchages, avec 708 lits supplémentaires (+1,6 %).
Les hôtels se remplissent, leurs adresses se désemplissent…
Tout un symbole ! Les hôtels passent sous le seuil des 17 000 adresses. Du jamais vu depuis le siècle passé….
En 1999, l’Insee dénombrait pourtant 18 809 hôtels homologués regroupant 587 000 chambres. Mais dès les années suivantes, le nombre d’adresses tendait à diminuer. Alors que celui des chambres augmentait.
Ainsi, trois ans plus tard, en 2002, la France ne comptait plus que 18 468 hôtels (-1,8%). Mais ils offraient 600 492 chambres (+2,3%). Cette hausse de leur capacité provenait du développement des chaînes hôtelières intégrées. A l’époque, elles avaient besoin de gros volumes pour amortir leurs investissements et engranger des résultats. C’est moins vrai aujourd’hui, avec leur stratégie asset-light.
Pour rappel, en 2002, la capacité moyenne d’un hôtel atteignait 32,5 chambres. Elle avoisine aujourd’hui les 39 chambres. En 2005, notait l’Insee, la capacité moyenne d’un hôtel de chaîne dépassait déjà les 76 chambres. Quand celle d’un indépendant se limitait à 25.
Retour en grâce des classés « 1 étoile » ?
Mais la nouvelle donne cette année, c’est l’hôtellerie en solde négatif de chambres (ce fut aussi le cas en 2021 et 2018). De l’ordre d’un gros millier. Mais la variation de -0,2 % est trop faible pour laisser augurer une saturation. Et par rapport à son pic historique de 2017 (659 773 chambres), elle ne perd finalement que – 1,2 %.
Plus inattendu est le retour en grâce des « 1 étoile ». Ils comptent 10 adresses supplémentaires cette année. Et surtout, leur parc de chambres augmente de 13,2 %. Toutes choses étant égales par ailleurs. Les 1 étoiles ne représentent aujourd’hui que deux hôtels et deux chambres sur cent.
Leurs vases sont-ils communicants ? On remarque dans le même temps le nouveau recul de l’effectif des non classés. Le classement hôtelier conserve donc toute son attractivité aux yeux d’une majorité de professionnels.
En revanche, les « 2 étoiles » continuent de décliner. Ils perdent 246 adresses (- 6,6 %) et 1 469 chambres ( -3,9 %). Les manquantes se retrouvent-elles chez les 3 étoiles à la faveur d’une rénovation ? Difficile de l’affirmer. D’autant que cette catégorie accuse elle-même un léger déficit de 100 adresses (6 105 vs 6 115-0,2 %). Mais elle maintient globalement son parc de chambres (647 clefs supplémentaires, soit + 0,2 %).
Les « 4 et 5 étoiles » au beau fixe
Quant aux « 4 et 5 étoiles », ils ont toujours le vent en poupe chez les investisseurs. Chaque année, depuis une décennie, ils engrangent adresses et chambres supplémentaires. Le parc de « 4 étoiles» augmente de + 4,2 % (112 adresses de plus ) mais leur capacité de seulement +0,8 % (1 143 chambres supplémentaires).
Les « 5 étoiles » font encore mieux, avec + 5 % en adresses (+ 21) et +4,2 % en chambres (+ 1 086).
Le développement du haut de gamme s’effectue essentiellement en milieu urbain. A commencer dans Paris. La capitale a engrangé, en l’espace de deux exercices, 49 hôtels « 4 étoiles » et 8 « 5 étoiles » supplémentaires. Ses 475 « 4 étoiles » disposent de 30 890 chambres (65 par établissement) soit + 4,2 % de plus qu’en 2021. Quant à ses 103 « 5 étoiles », ils cumulent 8 783 chambres (85 par adresse !) : 770 de plus que deux ans plus tôt, soit + 9,6 % !
Force est aussi de constater que cette concentration du parc haut de gamme se double aussi, sans lien direct de cause à effet, d’une diminution du nombre de communes équipées d’au moins un hôtel. Elles ne sont plus que 5 295 à en offrir (dont 3 129 qui n’ont qu’un seul). Dix ans auparavant, on en dénombrait 227 de plus…
Hébergements touristiques collectifs en France : l’évolution sur cinq ans
Sources des données et du tableau
- Insee en partenariat avec la DGE (Direction Générale des Entreprises) et les partenaires territoriaux en région
- HR-infos pour la conception du tableau comparatif des données annuelles
Précisions
- données France (hors Mayotte) actualisées au 1er janvier 2023
- les résidences de tourisme incluent des établissement dits « assimilés »
- Les villages de vacances incluent les maisons familiales de vacances
- Les auberges de jeunesses incluent les centres internationaux de séjour et les centres sportifs
- Les données en bleu correspondent à des chiffres en progression par rapport à ceux de à l’année N – 1
- Les données en rouge correspondent à des chiffres en recul par rapport à ceux de l’année N – 1