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Empreintes proustiennes
En plongeant dans l’histoire de cet hôtel et en relisant sans cesse son cher Proust et les études qui lui sont consacrées, Jacques Letertre, financier mais fin lettré et bibliophile, découvrit que l’hôtel avait accueilli déjà des écrivains il y a plus d’un siècle. Le poète Guillaume Apollinaire notamment, mais aussi son confrère hongrois Endre Ady qui y vécut une grande histoire d’amour avec Adél Brüll, sublimée en Léda dans ses poèmes.
Il n’ignorait pas non plus que cette partie du 8ème arrondissement de Paris située à deux pas de la gare Saint-Lazare et de la plaine Monceau avait acceuilli de nombreuses connaissances et relations intimes de Marcel, devenues des personnages du chef d’oeuvre hors norme qu’est « A la recherche du temps perdu ». A commencer par sa gouvernante Céleste Albaret, l’omniprésente « Françoise » de la Recherche, qui venait faire ses emplettes de bouche et achetait chez un marchand de la rue Lévis le café que son maître insomniaque buvait en quantité déraisonnable.
Superbe exercice d’admiration livré par l’architecte Aude Bruguière, le Swann est littéralement habité par l’oeuvre de Proust et par des créations artistiques contemporaines ou d’époque qui s’en inspirent. Des éditions originales et des manuscrits appartenant à Jacques Letertre. Une bibliothèque de 500 livres de et sur Proust, dans de nombreuses langues. Des citations imprimées sur les murs et sérigraphiées sur les vitres. Des aquarelles originales de Jean Aubertin accrochées dans chacune des 81 chambres. Pour ne citer que quelques exemples.
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Film : Emilie Darnaud/Nathaël Rusch-HR-infos
Texte : Jean-François Vuillerme
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