Interviewé par France 24 le 9 juin en début de soirée, le secrétaire d'Etat au Tourisme se dit prêt à plaider la demande des restaurateurs de réouvrir plus tôt. Le gouvernement n'a pas encore pris de décision. Elle parait possible si les conditions sanitaires sont réunies pour passer l'Ile-de-France en zone verte.
Le secrétaire d’Etat au Tourisme a lancé un ballon d’essai mardi 9 juin en direction de son propre gouvernement. Qu’il reste à transformer, car la décision ne lui appartient pas. Nous serons très rapidement fixés sur les intentions du Premier ministre et du chef de l’Etat. Une décision qu’ils prendront en comité interministériel, après consultation des autorités de santé. Comme ils l’ont toujours fait jusqu’à maintenant. Emmanuel Macron pourrait en faire l’annonce lui–même lors de son allocution prévue dimanche 14 juin à 20 h.
Ce n’est pas la première fois que les restaurateurs pressent l’Etat de réouvrir leurs établissements. Dès avril d’ailleurs, en pleine crise sanitaire, Alain Ducasse demandait à ce qu’une partie de la restauration obtienne des aménagements aux mesures de fermeture. Et à chaque fois, le Gouvernement, à juste raison, n’avait pas donné suite à ces demandes.
Mais cette fois, le contexte sanitaire a évolué très favorablement. Raison pour laquelle Edouard Philippe, le 28 mai, a annoncé des mesures accélérées de déconfinement. Avec malgré tout encore, des interdictions partielles maintenues en zone orange (Ile-de-France, Guyane et Mayotte).
Chefs et organisations patronales font monter la pression
Mais depuis le 28 mai, l’amélioration sanitaire se confirme. Les professionnels ne l’ignorent pas. Depuis quelques jours, on ne compte plus les prises de parole de grands chefs (Guy Savoy, Philippe Etchebest, etc), ni les communiqués des syndicats professionnels appelant à une réouverture complète et rapide. Certaines organisations, comme l’Umih, réclament également un assouplissement du procotole sanitaire. La CPME, pour sa part, demande au gouvernement de dire à quelle échéance il lèvera les mesures barrière et de distanciation sociale. Derniers obstacles, avec la réouverture de toutes les frontières, à une reprise normale de l’activité.
Reste une question. L’Ile-de-France obéit-elle désormais à toutes les conditions sanitaires pour être classée en zone verte ? Le 28 mai, deux indicateurs de suivi sur quatre, l’activité épidémique et la tension sur les réanimations, n’atteignaient pas les seuils exigés.
Et si l’un au moins de ces deux indicateurs était passé au vert depuis ? Aucune raison, a priori, ne s’opposerait alors à une réouverture des cafés et des restaurants vers le 15 ou le 16 juin par exemple. Mais aussi alors, des résidences de tourisme, des villages vacances, des cinémas…
La retranscription de l’intervention de Jean-Baptiste Lemoyne
« Je continue à travailler avec les restaurateurs, mais également avec un certain nombre de professionnels du tourisme, qui sont encore entravés. Voire même qui ne se sont pas encore réouverts. Je pense au secteur de l’événementiel, au secteur de la nuit, par exemple, avec lesquels j’ai tenu des réunions, pour qu’on puisse travailler sur des modalités de réouverture, voire comment plaider ces réouvertures.
Au sein du gouvernement , justement, je suis celui qui relaie, naturellement, leurs propositions.
S’agissant des restaurateurs, il me semble que l’évolution des conditions sanitaires en Ile-de-France et le recul progressif du virus, devraient permettre, je l’espère, et bien peut-être d’avancer de quelques jours la réouverture des restaurants dans leur ensemble. En tous les cas, ce sont des propositions que nous allons faire avec les professionnels. Pour que les instances interministérielles puissent se prononcer.
Je suis à la tache avec les professionnels pour qu’on puisse justement regarder comment évolue l’épidémie. Et si en fonction de cette évolution, on ne pourrait pas justement peut-être plaider une réouverture un peu plus tôt que celle du 22 juin.
« Je suis dans mon rôle de secrétaire d’Etat au Tourisme »
Mais je suis dans mon rôle de secrétaire d’Etat au Tourisme. Et après, il y a d’autres considérations qui doivent être regardées et des décisions qui doivent se prendre en interministériel. C’est pour cela que je ne fais pas d’annonce définitive. Je dis que en tous les cas, nous sommes attentifs à la situation des restaurateurs en Ile de France.
Le chef de l’Etat, vous savez, les avait reçus le 24 avril. Je peux vous dire, c’est qu’il souhaite qu’il puissent retravailler à nouveau dans les meilleures conditions possibles, le plus vite possible .
En tous les cas, tout cela mérite d’être examiné, notamment avec le ministère de la Santé. Mais peut-être pourrons-nous dans quelques jours estimer que les conditions sont réunies pour accélérer de ce point de vue là. »