Le nombre de salariés placés en chômage partiel en octobre a augmenté de 59 % par rapport à septembre, en raison des fermetures administratives et d'une nouvelle chute de l'activité. Les entreprises relevant de l'Hébergement Restauration ont déclaré 470 000 salariés, pour une durée moyenne de 60 heures par agent. De mars à octobre, le coût pour l'Etat et l'Unédic de l'allocation versée aux entreprises H&R, qui couvre 100 % de l'indemnité de chômage partiel, dépasserait 3,5 milliards d'euros.
Notre prévision s’est malheureusement vérifiée. Effectivement, à partir du mois d’octobre, les entreprises H&R ont de nouveau massivement fait appel au dispositif d’indemnisation d’activité partielle. En octobre, près d’1 salarié sur 2 de la branche a fait l’objet d’une demande d’activité partielle. C’était moins d’un tiers en septembre.
Ce dispositif de sauvegarde de l’emploi permet, faut-il le rappeler, de maintenir le contrat de travail du salarié et de lui éviter un licenciement sec. En dépit de l’interruption, en principe temporaire, de son activité.
Pour 57,5 % des entreprises H&R interrogés dans le cadre de l’enquête ACEMO du ministère du Travail, les fermetures administratives sont à l’origine de la diminution de leur activité en octobre. N’ayant le choix que d’une réponse, 41,6 % préfèrent évoquer une « perte de débouchés » (dit autrement, une chute de la demande). 61 % d’entre elles considèrent également que ces fermetures constituent la principale difficulté rencontrée depuis le début de la crise. Ayant le choix cette fois de plusieurs réponses, 51,9 % citent également les difficultés financières. Et 45,2 % la perte de débouchés.
Eviter un chômage de masse et un appauvrissement de masse
Cette enquête tend à montrer aussi la capacité du chômage partiel à empêcher un chômage de masse. En effet, 60,4 % des HCR interrogés dans cette enquête déclarent avoir conservé la totalité de leurs effectifs. Alors que 38 % seulement les ont diminués. Comment les ont-ils diminués justement ? En évitant au maximum les licenciements des CDI. 1,9 % seulement des sondées déclarent avoir procédé à des licenciements secs. A contrario, 60,2 % expliquent leur baisse d’effectifs par le non renouvellement de CDD. Et 53,1% par l’annulation ou le report d’embauches prévues.
Le chômage partiel n’aura donc pas empêché la mise au ban de dizaines de milliers de permittents non couverts par le dispositif. C’est en raison d’une chute des embauches en CDD saisonniers que la branche a enregistré un recul net de 112 000 postes au premier semestre. Qu’en sera-t-il à l’issue du troisième trimestre ? L’Urssaf publiera le 8 décembre ses dernières statistiques sur les effectifs salariés et la masse salariale.
S’il évite le chômage de masse, le chômage partiel évite également un appauvrissement de masse. Le dispositif inclue une allocation substantielle de revenu de remplacement. Pour les établissements d’Hébergement et de Restauration, l’indemnisation s’élève à 100 % du salaire net pour les salariés rémunérés à hauteur du SMIC. Et à environ 84 % du salaire net pour ceux rémunérés au-dessus. Avec un plafond fixé à 4,5 fois le Smic. L’Etat et l’Unedic prenant à sa charge la totalité du coût.
325 millions d’heures indemnisées dans l’H&R pour un coût moyen horaire de 9,3 euros
Selon la premier bilan effectué par l’Unedic, l’activité partielle représenterait à fin août une dépense de 18 milliards d’euros. Il s’agit d’une première estimation, susceptible de révisions, probablement à la hausse. Le ministère du Travail la chiffre pour sa part à 22 milliards.
Rapporté à l’heure d’activité partielle, le coût varie en fonction des secteurs et des niveaux de salaires appliqués. Les coûts horaires moyens les plus importants se repèrent notamment dans l’information et la communication (13,7€) et les activités financières et d’assurance (12,9€). Au contraire, les coûts les plus bas se concentrent dans l’industrie alimentaire (8,8€) et l’hébergement restauration (9,3€).
L’Unedic n’a pas encore livré de bilans détaillés pour les secteurs d’activité qui utilisent le plus le chômage partiel. HR-infos se risque en à une première estimation de son coût à fin octobre dans l’Hébergement Restauration. Sur la base de ce coût horaire de 9,3 euros et des 387 millions d’heures indemnisées de mars à octobre 2020 (données Dares/ ministère du Travail), les dépenses de chômage partiel supportées par l’Etat et l’Unedic au bénéfice des salariés indemnisés s’élèveraient à 3,559 milliards d’euros.
Preuve supplémentaire s’il était besoin du gigantisme de ce dispositif à l’heure de la crise du Covid-19, l’Etat a autorisé pour 2020 une consommation de 6,6 milliards d’heures d’activité partielle. Et budgété déjà 30 milliards d’euros. En 2009, au plus fort de la crise économique, l’Etat avait consenti 260 millions d’heures.
43 % des salariés de la branche étaient en chômage partiel en octobre 2020
Sources : demandes demandes d’indemnisations SI APART, enquête Acemo-Covid-19 ; estimation Dares.
Acoss – effectifs salariés du secteur privé au deuxième trimestre 2020 (sauf pour l’agriculture : effectifs DADS 2016).
Données susceptibles de révisions mensuelles
Tableau : HR-infos
L’évolution de mars à octobre 2020 du nombre de salariés
en chômage partiel par branche d’activité
Sources : demandes d’indemnisations SI APART, enquête Acemo-Covid-19 ; estimation Dares.
Tableau : HR-infos