La start-up française implante depuis 2015 un concept alternatif à la cuisine-cantine d'entreprise, en faisant valoir une économie de coûts pour ses clients et un moindre gaspillage alimentaire. Pour financer son développement commercial et technologique, Foodles vient de boucler un deuxième tour de table réunissant les fonds InfraVia Growth et Bpifrance Large Venture ainsi que ses investisseurs historiques Creadev, DN Capital et Adelie.
Troisième levée de fonds pour Foodles. Elior avait d’abord mis au pot 2 millions d’euros. Puis en 2019, Creadev, DN capital et Adelie apportaient 9 millions d’euros. Changement d’échelle en 2021, avec 31 millions, répartis entre ces trois partenaires et deux nouveaux fonds français. En l’occurrence InfraVia Growth et Bpifrance Large Venture. Les deux fondateurs, Michael Ormancey et Clément Bonhomme, conservent la majorité du capital.
Cet apport de fonds propres va permettre à Foodless d’accélérer sa pénétration du marché. La start-up, qui compte 130 salariés et prévoit 100 recrutement en 2022, étoffera ainsi ses équipes commerciales. Elle musclera également sa R&D, sa technologie brevetée étant l’un de ses points forts. Et se dotera de sa propre unité de production culinaire, située sans doute entre Saint-Ouen et Clichy, commune de son siège et de sa plate-forme logistique où elle reçoit les plats livrés par les traiteurs et d’où elle les achemine vers ses clients. Celle-ci fabriquera certaines gammes, type snacking et Salad’bar. Mais Foodles continuera de faire appel à des traiteurs partenaires, réalisant ses plats à partir de ses recettes et cahier des charges.
Ce qui fait sans doute l’avantage concurrentiel de Foodles, c’est l’économie et la praticité de sa solution de restauration pour des PME à partir de 30 salariés. Selon nos informations, le coût de base pour l’entreprise installée reviendrait à 3000 euros par mois pour un frigo rempli. Et 1 500 euros supplémentaire pour une deuxième enceinte. Son coût de revient se situe donc bien en dessous de celui d’une cuisine-cantine. Sauf à ce que celle-ci serve au moins 150 repas par jour.
Mais l’option Foodles semble aussi potentiellement moins cher qu’un titre restaurant. Le salarié peut faire un repas complet pour moins de 8 euros. Il paiera son entrée et son dessert entre 1 et 2 euros. Et son plat principal 4,90 euros. Deux solutions de service s’offrent d’ailleurs à lui. Soit il commande la veille depuis son appli Foodles. Et Foodles le livre le lendemain avant midi. Soit il se sert directement dans le frigo.
Foodles semble donc d’avantage concurrencer la restauration commerciale (boulangerie, GMS, resto à table…) ou la « gamelle » que la cantine classique.
S’étendre dans les villes moyennes de province et en Europe
Aujourd’hui, Foodles a déployé ses frigos dans plus de 150 restaurants d’entreprises répartis dans 15 villes de France. Ainsi qu’en Belgique, à Bruxelles. La start-up est ainsi présente au sein du groupe SNCF (Orféa), La Monnaie de Paris, Oddo BHF, Gecina, l’UGAP, l’Economat des armées, la Ville d’Issy-les-Moulineaux ou encore Ubisoft et l’Ecole Ferrandi. Ce qui correspond à 25 000 salariés.
Son chiffre d’affaires se chiffrait en 2020 6,828 millions d’euros, sans atteindre pour l’instant la rentabilité. Ses pertes d’exploitation atteignaient 1,9 million d’euros. La start-up francilienne brigue 100 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici 2025.
Reste que Foodles va devoir composer avec des concurrents remuants sur un marché dynamisé par la digitalisation. Y compris chez les trois opérateurs mondiaux qui cherchent de nouveaux relais de croissance. La fréquentation de leurs grands restos d’entreprise, victimes collatérales de la Covid-19 et du télétravail, ne retrouvera sans doute jamais ses niveaux d’avant la crise.
Des concurrents sur ce marché encore émergent du livré et du connecté en Entreprise
Elior, ainsi, a mis la main en 2021 sur Nestor, spécialiste de la livraison. Tout comme Sodexo avait racheté FoodChéri dès 2018. Le groupe français s’est également associé depuis janvier 2020 à Deliveroo. Un salarié peut se faire livrer des repas par la plateforme en payant avec sa carte Pass Restaurant émise par Sodexo. Sodexo toujours lui, annonçait en juin 2020 se lancer vers le domicile familial avec son offre « Prêt à Partager » livrée par Uber Eats.
Enfin, Compass, lui aussi concentré sur des réponses aux mutations de son business model, a lancé sa solution « maison» sous la marque Popote. Son labo de Courbevoie livre une quarantaine d’entreprises à ce jour. Et celles-ci les déploient sous différentes formes : dans des corners animés, avec du click & collect ou encore des frigos connectés. Ces fameux frigos connectés que l’on retrouve aussi chez Class’Croûte et PopChef.
Clément Bonhomme et Michael Ormancey, co-fondateurs de Foodles
“ Foodles souhaite transformer la restauration d’entreprise en proposant une alternative responsable et gourmande à la cantine d’entreprise traditionnelle.
Avec nos partenaires, nous voulons créer les conditions idéales pour que la pause déjeuner au travail soit un plaisir sain et convivial et réponde aux nouvelles attentes des salariés, partout en France ou en Europe.”
Guillaume Santamaria & Julie Lewkowicz (InfraVia Growth)
“La crise du Covid-19 a accéléré la digitalisation des entreprises et l’émergence de nouvelles attentes des salariés en matière de restauration d’entreprises. Avec ses cantines digitales, Foodles s’appuie sur les données de consommation pour optimiser l’ensemble de la chaîne de valeur et réduire drastiquement le gaspillage. Nous sommes fiers d’aider les équipes à devenir les leaders européens sur leur marché.”
Yassine Soual, Bpifrance Large Venture
« Foodles permet au secteur de la restauration collective qui est en pleine mutation, de s’adapter aux attentes des consommateurs en termes de qualité, de digitalisation et de flexibilité. Nous sommes ravis d’accompagner Michael, Clément et toute l’équipe Foodles dans leur développement et sommes persuadés que Foodles peut devenir un acteur de référence sur ce segment ».