Le Premier Ministre a présenté le 28 avril à l'Assemblée nationale la stratégie nationale du plan de déconfinement. Confirmation, la décision d'une possible réouverture après le 2 juin des bars, cafés et restaurants interviendra fin mai.
Les demandes formulées au cours des semaines par des associations professionnelles, des lobbyistes et des influenceurs n’auront pas abouti. Y compris la proposition de 110 députés de la majorité élargie demandant une réouverture à partir du 15 mai. Réouverture qu’il planifiait en trois étapes. Le 15 mai pour les départements en « sous-mortalité ». Le 1er juin pour les départements « à mortalité modérée ». Et le 15 juin pour les départements « à mortalité forte ».
Le Premier ministre pouvait-il accepter cette demande ? Politiquement, non. Sauf à entendre Edouard Philippe contredire le président de la République (dans son adresse du 13 avril) et son propre gouvernement (conférence Tourisme du 24 avril). Au nom de la santé publique, pas plus.
Le Gouvernement, en effet, a adopté une stratégie de déconfinement progressif et différencié. Avec l’objectif sanitaire de limiter au maximum le risque d’une deuxième vague épidémique. Une nouvelle vague conduirait les pouvoirs publics à décréter alors un nouveau re-confinement. Autant dire, l’aveu d’un échec !
C’est pour cela que le Gouvernement, explique-t-il, maintient la fermeture jusqu’à la fin mai de tous les lieux fermés ou semi-fermés. Les liens les plus enclins justement à provoquer des contaminations. Cafés, bars, restaurants. Mais également centres commerciaux de plus de 40 000 m2. Grands musées. Salles de cinéma, salles de théâtre, salles de concerts. Stades. Salles de sports, salles des fêtes, salles polyvalentes…
L’hypothèse d’une réouverture au moins progressive des cafés et restaurants début juin reste plausible
L’Etat, d’ailleurs, n’a pas définitivement acté le 11 mai pour le début du déconfinement. Edouard Philippe l’a a indiqué : « Je le dis aux Français, si les indicateurs ne sont pas au rendez-vous, nous ne déconfinerons pas le 11 mai. Ou nous le ferons plus strictement.» L’indicateur en question s’applique au nombre de nouveaux cas journaliers. Avec un seuil à ne pas franchir : 3 000 cas par jour.
Quoi qu’il en soit, les décisions publiques à venir tiendront toujours strictement compte de la situation sanitaire. Et celle-ci, depuis la mi avril, évolue favorablement. Mais elles tiendront compte aussi de la capacité de chaque secteur d’activité à appliquer des protocoles sanitaires pour leur clients et leur personnel. La branche H&R prépare activement les siens. La formalisation et la validation des guides de bonnes pratiques d’hygiène et de sécurité devraient intervenir avant la fin mai.
Par conséquent, une réouverture le 3 juin, nationale ou par département, reste une hypothèse réaliste, voire probable. Encore faut-il que la France négocie au mieux la première phase transitoire de déconfinement entre le 11 mai et le 2 juin. Et que les Français continuent de respecter les règles de confinement jusqu’au 11 mai.
Extrait de la déclaration d’Edouard Philippe
Les commerces rouvriront également à compter du 11 mai. Aujourd’hui, seuls certains commerces essentiels sont ouverts. Tous, sauf les cafés, restaurants, pourront ouvrir à compter du 11 mai. Les marchés, pour lesquels l’interdiction est aujourd’hui la règle et l’autorisation l’exception, seront en général autorisés. Sauf si les maires ou les préfets estiment qu’ils ne peuvent être organisés dans des conditions de respect des gestes barrières et de distanciation physique.
Car si les commerces vont rouvrir, chacun d’entre eux devra respecter un cahier des charges strict. Limitant le nombre de personnes présentes en même temps dans le magasin et organisant les flux, afin de faire respecter la règle de la distance minimale d’un mètre par personne sans contact autour d’elle. Il devra bien évidemment veiller à la protection de son personnel. Le port du masque grand public sera recommandé pour les personnels et les clients lorsque les mesures de distanciation physique ne peuvent être garanties. Un commerçant pourra subordonner l’accès de son magasin au port du masque.
L’ouverture des commerces comprendra une exception pour les centres commerciaux avec une zone de chalandise qui va au-delà du bassin de vie. Et donc qui génère des déplacements et des contacts que nous ne voulons pas encourager. Les préfets pourront décider de ne pas laisser ouvrir (…) les centres commerciaux de plus de 40 000 m2 qui risquent de susciter de tels mouvements de population.
Enfin je l’ai dit, nous prendrons une décision sur les bars, cafés et restaurants fin mai, pour décider s’ils peuvent ouvrir après le 2 juin.