En vertu d'un décret publié au JO le 27 janvier, les responsables de restauration commerciale ou collective devront, à compter du 1er mars 2022, clairement informer leurs clients, par affichage ou sur les cartes, de la provenance des viandes de porc, d’ovin et de volailles employées dans leur établissement. Ce qu'ils doivent faire déjà pour les viandes bovines depuis décembre 2002. Cet étiquetage concerne les viandes achetées crues et non celles achetées déjà préparées ou cuisinées. L'obligation porte toujours sur l'indication des pays de naissance, d'élevage et d'abattage.
20 ans pour élargir le champ des barbaques ! Il avait fallu une crise, la vache folle, pour instaurer en 2002, pour la première fois, une obligation d’affichage d’origine de la viande dans un restaurant. L’objectif du Gouvernement de l’époque était double, sécuritaire et économique.
Il s’agissait alors de rassurer les consommateurs inquiets d’être un jour empoisonnés par une viande de boeuf, d’origine britannique au départ de l’épizootie, souffrant d’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB). Mais il fallait aussi relancer la consommation bovine qui s’était effondrée.
20 ans plus tard, l’objectif a changé. Il est d’avantage qualitatif et politique, sous le mot d’ordre « Produire local, manger local ! ». Entre temps, s’est développé le concept de souveraineté alimentaire. Souveraineté assortie d’un corollaire qui ne dit pas son nom, la préférence nationale et locale. Peu compatible avec la libre circulation des biens au sein de l’Union européenne.
Champion autoproclamé de cette « souveraineté », Julien Denormandie, le ministre de l’Agriculture, croit en un changement de comportement pro-local grâce à une meilleure traçabilité de la viande.
« Quand le blanc de poulet sera affiché « brésilien » ou « ukrainien », cela va faire bouger les comportements », déclarait-il en janvier à l’Assemblée nationale (source AFP). En rappelant, au passage, qu’actuellement, en restauration collective, « la moitié de la viande est importée ». Importée d’où ? D’Europe également ? Serait-ce une faute ?
Reste à savoir si les établissements afficheront tous cette information. Ce qui ne semblait pas toujours le cas du temps de l’étiquetage de la viande bovine.
Un défaut d’étiquetage vaudrait en théorie une amende de 5 ème classe, soit 1 500 euros. 3 000 euros en cas de récidive.
Points clefs du décret du 26 janvier 2022
« L’origine des viandes bovines, porcines, ovines et de volailles, mentionnées à l’article 1er est indiquée par l’une ou l’autre des mentions suivantes :
1° « Origine : (nom du pays) », lorsque la naissance, l’élevage et l’abattage du bovin dont sont issues les viandes ont eu lieu dans le même pays ;
2° « Né et élevé : (nom du pays de naissance et nom du ou des pays d’élevage) et abattu : (nom du pays d’abattage) », lorsque la naissance, l’élevage et l’abattage ont eu lieu dans des pays différents.
La « notice » de présentation du décret, précise que le texte s’applique aux viandes achetées crues par les restaurateurs et non aux viandes achetées déjà préparées ou cuisinées.
Rappelons qu’en vertu du décret initial de décembre 2002 sur l’étiquetage de la viande bovine, l’établissement de restauration porte ces mentions « à la connaissance du consommateur, de façon lisible et visible, par affichage, indication sur les cartes et menus, ou sur tout autre support. »
Un exemple d’affichage
Dans ce type d’affiche, dont le contenu se modifie avec un stylo effaçable, l’information fournie concerne chaque plat employant une viande entrant dans le champ du décret.
L’information du consommateur est donc d’un meilleur niveau que lorsque l’établissement se contente d’indiquer les origines des viandes qu’il utilise, sans les rapporter à chaque plat.
L’éditeur de l’affiche prend cet exemple. Exemple : « Escalope à la Milanèse et Veau Marengo » / « Viande de Veau, Née en France ; Elevée en Italie ; Abattue en France
Source : MCA Group