Plus d'1,1 million de véhicules électriques et hybrides circulent aujourd'hui en France. Son territoire compte environ 85 000 points de recharge ouverts au public. Fort de 29 000 adresses en majorité dotées d'un parking, les hébergements touristiques jouent un rôle important dans la densification du maillage des stations. Dernière initiative en date, le déploiement chez B&B HOTELS d'ici 2024 de 4 200 points de recharge dans 345 hôtels par un prestataire unique. Accor, dont plus de 400 hôtels sont déjà équipés, laisse le choix entre quatre fournisseurs référencés.
L’équipement en véhicules électriques accélère enfin en France. Les 220 000 immatriculations neuves enregistrées en 2022 ont marqué une hausse de 26 % par rapport à 2021, selon le dernier bilan de l’Avere – France, l’association nationale pour le développement de la mobilité électrique.
Hybrides et électriques confondus ont pesé l’an dernier plus de 18 % du marché neuf, contre 15 % en 2021, 9 % en 2020 et 2,6 % en 2019… Ils approchent même les 20 % en janvier 2023. Les 100 % électriques représentent d’ailleurs près des deux tiers des 27 000 immatriculations. Leur parc se développe désormais plus fortement que celui des hybrides.
Un maillage de stations loin d’être suffisant
En parallèle, le réseau public de stations de recharges a fait encore mieux. Avec près de 9 500 stations et 85 284 points de recharge ouverts, il a bondi de 53 % en un an. A ces bornes publiques, il faut ajouter les bornes privées, estimées à environ 1 million. Mais ce maillage est encore loin de suffire, au regards de besoins qui augmentent sans cesse.
Certes, le seuil des 100 000 bornes publiques, objectif initial, devrait être atteint au cours du premier semestre 2023. Mais l’objectif n’est que transitoire. Le développement accéléré des immatriculations de véhicules électriques en exigera bien d’avantage. Les experts estiment les besoins à environ 200 000 bornes d’ici 2025. Et entre 330 000 à 480 000 avant 2030…
Les commerces, tout secteur confondu, totalisent environ 36 % de ces points de recharges « publics ». Sur le dernier mois de janvier, ils en ont créés 3 000 supplémentaires, pour dépasser le seuil des 30 000 points.
Les réseaux hôteliers mettent les bouchées doubles pour équiper leur parking
On ignore combien de points de recharge offrent, à ce jour, les hébergements touristiques collectifs. Mais la dynamique y semble très forte. En particulier dans les hôtels, objets de cet article.
Dans les rares chiffres disponibles actuellement, on peut citer ceux du groupe Logis Hotels. Le leader des chaînes d’indépendants fait état de 300 hôtels équipés fin 2022, soit 15 % de son effectif français. Son objectif est un parc intégralement pourvu d’ici 2025.
Cible similaire pour le groupe Accor, qui a atteint toutefois un stade plus avancé dans sa réalisation. Le numéro 1 français revendique plus de 400 hôtels sous enseigne du groupe (soit environ un quart de son réseau) équipés de bornes délivrant une puissance de 7 à 50 kW.
Une approche partenariale pour une solution « souple et intelligente »
Les groupes hôteliers s’orientent plutôt sur une approche partenariale avec un, deux ou plusieurs fournisseurs. Ainsi Louvre Hotels Group, à partir de l’été 2022, a commencé a déployer les solution Qovoltis dans une vingtaine d’hôtels, avec une dotation de cinq bornes en moyenne pour chacun, avec une puissance allant jusqu’à 22 kW en courant triphasé.
Au préalable, Weboost, la start-up interne de Louvre Hotels, chargé, entre autres, du déploiement des bornes dans le réseau, avait conclu fin 2021 un partenariat avec Qovoltis. Donnée comme « souple et intelligente », Qovoltis permet à l’utilisateur d’une appli et d’un QR code, d’opter pour deux modes de recharge, rapide et intégral, ou à moindre coût. Weboost a également signé en mars 2022 un accord avec Electra pour accélérer le bornage.
Aujourd’hui, les hubs Qovoltis ou Electra équipent 40 hôtels du groupe avec 200 points de charge, avec un mix de charges rapide ou plus lente. Pour début 2024, Louvre Hotels vise 200 hôtels et environ 1 000 bornes. Et un réseau totalement équipé en 2025.
Des bornes ouvertes à tous les types de clients et d’utilisateurs de véhicules électriques
De son côté, AccorInvest (256 hôtels en France, essentiellement sous marques Accor) a choisi l’offre d’Electra pour équiper ses 68 premières adresses, urbaines pour la plupart. Les 362 bornes prévues pour cette première vague, intégralement alimentées en énergie verte, associent charge rapide (150-300 kW) et charge accélérée (22 kW).
En fonctionnement 24h/24 et 7j/7, les hubs sont accessibles via une appli Electra, un pass de recharge ou une carte bancaire. Les premiers sites devaient être opérationnels début 2023, en commençant par Paris et Lyon.
Ils seront ouverts aux clients des hôtels, mais aussi à l’ensemble des propriétaires de voitures électriques, particuliers ou professionnels. Ces derniers pouvant bénéficier des services des hôtels lors de leur recharge. Les partenaires n’avaient pas précisé si la clientèle des hôtels aurait droit à des tarifs préférentiels, Electra annonçait en juin 2022 un prix de 0,44 € TTC/kWh.
Favoriser une mobilité moins émettrice grâce à l’électricité renouvelable
B&B HOTELS a fait également le choix d’une offre unique sur l’ensemble du territoire. Avec 4 200 bornes implantées sur 345 hôtels entre le premier trimestre 2023 et courant 2024, soit la quasi totalité de son réseau français, elle serait la première chaîne hôtelière à installer des bornes sur un espace de temps aussi court (18 mois) avec un seul et unique installateur, opérateur et investisseur. En l’occurence Engie Solutions.
Si l’offre est unique, l’offre serait pourtant personnalisée.« Nous avons élaboré une solution sur mesure pour chaque site de B&B HOTELS», précise François-Xavier de Froment, directeur Mobilité Durable Engie.
Sur le plan technique, Engie Solutions et B&B HOTELS ont combiné deux types de puissance « afin de répondre à la diversité des usages des véhicules électriques ». Ils implanteront 3 600 bornes de 22 kW (charge accélérée). Ainsi que 600 bornes de 300 kW haute puissance (charge rapide). Ces dernières bornes seront disponibles dans une sélection de 70 hôtels, en addition de points de charge classique.
B&B et Engie Solutions précisent que l’électricité distribuée par ces bornes de recharges sera produite à partir de sources d’énergies renouvelables (hydraulique, éolienne, solaire). Et tracée pour chaque borne… Des certificats d’origine l’attesteront.
Quatre fournisseurs référencés chez Accor
Chez Accor, le déploiement des bornes s’effectue via sa plateforme d’achats. Au préalable, le groupe avait organisé des appels d’offre, au terme desquels il a référencé quatre fournisseurs. Total Energies. GreenYellow. Power Dot. Et Electra.
Les hôtels Accor sollicitent ces fournisseurs qui leur proposent ensuite une étude de faisabilité, explique la direction de la communication du groupe. Une fois l’accord trouvé, le fournisseur propose un contrat d’application à valider et signer par l’hôtel, le déploiement peut alors débuter.
C’est donc chaque établissement qui choisit, en fonction de ses besoins, des solutions rapides, ultra rapides ou au contraire lentes. Ou un mix d’entre elles, pour s’adapter à chaque type de clients.
Des solutions à adapter aux typologies de clients
Ainsi, les hôtels dédieront plutôt les bornes de recharge lente, dotée d’une puissance inférieure ou égale à 11 kW par sortie, à leurs hôtes hébergés, au regard d’un temps de recharge assez long : 5 heures et plus.
Les bornes de recharge rapide, d’une puissance comprise entre 11 kW et 50 kW, viseront plutôt, elles-aussi, les clients résidant à l’hôtel mais aussi des clients de passage. Qui fréquentent les séminaires ou les restaurants, par exemple. Leurs temps de rechargement peut, en effet, rester assez important, avec une intervalle de 1 à 5 heures selon les puissances souscrites.
Enfin, les bornes de recharges ultra-rapide (d’une puissance supérieure à 50 kW) , avec des temps de recharge inférieurs à 1 heure, attireront les clients et les personnes de passage dans l’hôtel.
Les modalités économiques et financières de ces différents partenariats, et en particulier les tarifs (sauf partiellement dans le cas d’AccorInvest et Electra), n’ont pas été communiquées.