Des fermetures aux réouvertures. le Président de la République, lors de son allocution du 31 mars a d'abord annoncé deux restrictions supplémentaires : l'extension à toute la Métropole de celles en vigueur depuis la mi-mars dans 19 départements; Et la fermeture pour trois semaines des crèches, écoles, collèges et lycées. Mais le chef de l'Etat a terminé par deux messages d'espoir. Avec l'accélération de la campagne vaccinale. Et une réouverture progressive à partir de la mi-mai pour l'événementiel, les cafés et restaurants, la culture. Une promesse forte autant qu'un risque politique majeur si elle n'était pas tenue.
Vaccination pour tous, réouverture progressive à la mi-mai… Chat échaudé craint toujours l’eau froide ! Pour faire avaler la pilule d’un troisième reconfinement qui ne dit pas son nom, Emmanuel Macron a fait deux annonces importantes aux Français et au monde économique.
Le chef de l’Etat a d’abord promis une forte accélération de la campagne vaccinale. Avec l’éligibilité des soixantenaires à partir du 16 avril. Et celle des quinquagénaires à la mi-mai. Une promesse plausible. Les doses disponibles, près de 30 millions d’ici la fin avril, devraient suffire aux besoins. Et pour vacciner à tour de bras, le territoire français compte déjà près de 1 700 centres de vaccination.
Mais le Président a également promis une réouverture progressive du pays à la mi-mai. En commençant, a-t-il déclaré, par « certains lieux de culture et par l’ouverture des terrasses.» Une nouvelle attendue avec impatience par les cinémas, les théâtres, les festivals. Et par les HCR ! Tous exigeaient d’avoir enfin de la visibilité sur les prochains mois.
Un calendrier à travailler avec les professionnels
Si l’on a bien compris les propos du chef de l’Etat, ces ouvertures prévues pour la culture, le sport, le loisir, l’événementiel, les cafés et restaurants, feront l’objet d’un calendrier de réouverture progressive entre la mi-mai et le début de l’été. Un exercice délicat, qui dépendra aussi de l’évolution sanitaire. Début mars d’ailleurs, des organisations professionnelles, sur la foi d’une réunion de travail avec Jean Castex, tablaient sur un lancement à la mi avril. Qui, en réalité, n’a jamais été officiellement annoncé par le Gouvernement.
« A partir de la mi-mai ! » . Pour la première fois, en 2021 du moins (il l’avait fait le 14 avril 2020 pour premier déconfinement), Emmanuel Macron avance une date précise. Date qu’il n’a pas assorti, dans son discours du moins, de conditions préalables. Mais il a pris soin de préciser que le succès de ce mois d’avril et de cette stratégie dépendait de la mobilisation de chaque Français et de leur esprit de responsabilité.
Mi-mai à fin juin : le Président de la République a fixé l’échéance. Il reviendra au Gouvernement, en concertation avec les professionnels, de fixer le calendrier précis et définitif de cette réouverture progressive.
On notera, à ce titre, une contradiction entre l’ouverture conditionnelle des terrasses, évoquée par Macron, et le plan présenté par Alain Griset, à la mi mars. A l’époque, prudemment, le ministre des PME n’annonçait aucune date de démarrage. De plus, il ne priorisait pas les terrasses. Mais les petits déjeuners et les piscines extérieures des hôtels. Suivis quatre semaines plus tard par une réouverture des bars et restaurants dans la limite de 50 % de leurs places, mais sans jauge en terrasses. Et enfin, après un nouveau délai de quatre semaines, un retour à la quasi normale, mais avec un protocole sanitaire renforcé.
Le sort politique d’Emmanuel Macron en jeu
Les professionnels sont de plus en plus sous tension. Financièrement et psychologiquement. En leur donnant enfin un calendrier de réouverture, le Président de la République les réassure, en théorie… Encore faut-il que les professionnels arrivent eux-mêmes à s’en convaincre : « Cette fois, c’est vrai, c’est la bonne date et Macron la tiendra…» Le chef de l’Etat prendrait une très grande responsabilité à ne pas tenir cet engagement. Devant le monde économique et devant tous les Français. Au Gouvernement de s’atteler à la tâche s’en tarder.
Des Français qui jusque là, semblent très majoritairement favorables aux restrictions que le Président a annoncées le 31 mars. Y compris chez les parents des enfants privés d’écoles (69 %) et les habitants des départements nouvellement confinés (65 %). Des résultats extraits du sondage Harris-LCI, réalisé juste après son intervention télévisée. Une majorité de sondés (57 %) ont trouvé Macron à nouveau convaincant (ils étaient 68 % en octobre 2020…). Cette confiance, mesurée mais réelle, traduit d’ailleurs un divorce entre les Français et tous les « experts », « commentateurs » et leaders de l’opposition qui se relaient sur les plateaux et derrière les micros pour étriller en permanence les dirigeants de l’Etat.
Le crédit du chef de l’Etat, sur le dossier du Covid-19 aussi, n’est pas inépuisable, même chez les entrepreneurs, qui ont largement contribué à son élection en 2017. Emmanuel Macron provoquerait une énorme frustration dans les HCR qui lui font encore confiance, et par conséquent une colère légitime, s’il n’arrivait pas à enclancher un première réouverture à la mi-mai, comme il le promet. Les Français eux-mêmes y croient-ils d’ailleurs ? Interrogés par le figaro.fr, seuls 29 % parmi 80 000 répondants croyaient à la réouverture à la mi-mai des terrasses et des lieux culturels. C’est dire combien le scepticisme est grand !
Dans ce combat contre la Covid-19, la responsabilité de l’Etat et de ses services publics est immense. Mais chaque Français ne doit pas oublier la sienne. Certains l’oublient trop quand ils s’attroupent sans masque et en masse pour avaler des pintes de bière.
Extraits de l’allocution d’Emmanuel Macron
« Mes chers compatriotes,
Les efforts d’avril d’une part, et le déploiement de la vaccination d’autre part, c’est cette tenaille qui va nous permettre de contenir progressivement ce nouveau virus.
Cette tenaille qui va nous permettre, à partir de la mi-mai, de commencer à rouvrir progressivement le pays.
A retrouver cette culture qui nous a tant manqué.
Retrouver les lieux de rencontres, les commerces.
A retrouver cet art de vivre à la française que sont les restaurants, les cafés, que nous aimons tant.Je reviendrai vers vous prochainement pour préciser un agenda de réouverture, et pour que chacun puisse aussi se projeter avec plus de visibilité dans les mois qui viennent.
Dès la mi-mai, nous recommencerons à ouvrir avec des règles strictes certains lieux de culture, nous autoriserons sous conditions l’ouverture des terrasses.
Et nous allons bâtir entre la mi-mai et le début de l’été un calendrier de réouverture progressive pour la culture, de sport, le loisir, l’événementiel, nos cafés et restaurants. »