Le rebond de l'emploi observé au cours de l'été aura été éphémère. L'effectif salarié de l'Hébergement Restauration a finalement reculé de 11,1 % en 2020 selon les Urssaf, en raison principalement du non renouvellement des CDD et CDD saisonnier, l'essentiel des CDI restant placés en chômage partiel, jusqu'à la reprise. La masse salariale versée par les entreprises, pour sa part, a chuté de 44 % du fait du recours massif depuis mars au dispositif d'activité partielle financé par l'Etat et l'Unedic.
Couvre-feux puis confinement, les mesures sanitaires de l’automne lui auront porté le coup de grâce ! Secteur d’activité le plus sinistré entre tous, l’Hébergement Restauration représente à lui seul 42 % des effectifs supprimés dans l’ensemble de l’Economie française l’an dernier (130 500 vs 310 700).
Avec 1,049 million de salariés, l’HR se retrouve à un niveau très en dessous du sien avant-crise (1,179 million). Il correspond à sa démographie du 3 ème trimestre 2016. L’H&R a donc détruit en neuf mois l’équivalent de 4 années de créations d’emploi.
Dégringolade pire encore pour l’Hébergement qui a perdu 16,5 % de ses salariés (43 000 postes). Son effectif arrêté fin 2020 (217 900 personnes) la ramène 22 ans en arrière, en septembre 1999.
Quant à la Restauration, dont l’activité a un peu moins reculé grâce à la VAE et au clique & collecte, elle perd malgré tout 9,5 % de ses effectifs (87 500 salariés). Avec ses 831 400 salariés officiellement toujours en poste fin 2020, elle redescend à son niveau de décembre 2017.
Aussi catastrophiques, soient-ils, ces bilans finiront par être dépassés. La crise que traverse l’Hébergement Restauration est conjoncturel et non structurel. Même si elle va sans doute engendrer aussi de nouveaux modes de consommation, moins générateurs d’emploi et de valeur ajoutée.
Des CDI toujours en poste prêts pour la reprise, en attendant le recrutement des saisonniers
Ces disparitions n’ont concerné, jusqu’à maintenant, que très marginalement les CDI, qui sont protégés par le dispositif de chômage partiel (activité partielle). Elle a, en revanche, touché de plein fouet les CDD. Ils représentent environ 13 % de ses effectifs.
Ces CDD, saisonniers surtout, constituent la variable d’ajustement aux pic et aux creux d’activité des HCR. Le fonctionnement du marché et l’historique des années précédentes montrent que ce sont eux que les établissements embaucheront en priorité demain. En 2019, rappelait Pôle Emploi, les saisonniers représentaient 55 % des 270 000 projets de recrutement recensés.
Si la France et l’Europe arrivent à surmonter la crise sanitaire d’ici mai -juin 2020, il s’en suivra un rebond de l’emploi de grande ampleur dans la branche dès la saison estivale. De plus forte ampleur encore si les visiteurs internationaux renouent avec la destination France et ses hébergements.
L’effectif salarié de la branche a reculé de 11,1% entre janvier et décembre 2020
et la masse salariale chuté de 43,6 %
GA : Glissement annuel de la masse salariale et des effectifs. GT : Glissement Trimestriel de la masse salariale et des effectifs
Source : Acoss-Urssaf, Dares (effectifs intérimaires) – traitement HR-infos
Deux graphismes qui révèlent l’ampleur du recul en 2020
et une chute de l’emploi salarié sans précédent au 21 ème siècle
La masse salariale plonge de 31,6 % en moyenne annuelle
GA : Glissement annuel de la masse salariale. GT : Glissement trimestriel de la masse salariale
Les valeurs en abscisses désignent les années références : 01 pour 2001, 02 pour 2002…,…, 20 pour 2020.
Source : Acoss-Urssaf, Dares (effectifs intérimaires)
Comme aux 1er et 2èmes trimestres, la masse salariale baisse très fortement au 4ème trimestre (- 32,8 %) après une hausse très importante au 3 ème (+ 116,8 %). La masse salariale est passée de 5,30 milliards d’euros au 3 T à 3,6 milliards d’euros au 4 T . Au 4 T 2019, la masse salariale avait atteint 6,4 milliards d’euros. Celle-ci a donc baissé de 2,8 milliards d’euros en 2020.
Cette chute s’explique par un recours important au chômage partiel, dont la part dans la masse salariale du secteur atteint au 4 T 30,9 %, contre 8,6 % au T3, 45,3 % au 2T et 6,7 % au 1T.
Les effectifs salariés se contractent de 11,1 % sur 1 an
GA : Glissement annuel de la masse salariale. GT : Glissement trimestriel de la masse salariale
Les valeurs en abscisse désignent les années références : 01 pour 2001, 02 pour 2002… 20 pour 2020.
Source : Acoss-Urssaf, Dares (effectifs intérimaires)
Les effectifs se contractent fortement sous l’effet des mesures de restriction sanitaires : – 4,9 % au 4 ème trimestre, après + 5,3 % au 3ème. Cette chute concerne aussi bien l’Hébergement (- 4,7 % après + 6,1 %) que la Restauration (- 4,9 % après + 5,1 %). Les effectifs du secteur sont très en dessous de leur niveau d’avant-crise : sur un an, ils se contractent de 11,1 % (- 130 500 postes), avec une baisse beaucoup plus marquée dans l’hébergement (- 16,5 %).