Cette jeune enseigne française de burgers gourmets frais met les bouchées doubles pour éliminer totalement le plastique à usage unique avant la date butoir du 1er janvier 2021. Sa gamme de packaging, plus courte et vertueuse, utilise pour l'essentiel des matières recyclées, recyclables, compostables ou bio-dégradables. Roadside incite également les consommateurs au tri sélectif de leurs déchets et a banni paille et couverts en libre-service, pour limiter là aussi le gaspillage.
Ne reste plus qu’un dôme de gobelet de milk-shake à emporter, aujourd’hui encore en plastique PET… Faute de trouver une référence disponible en amidon de maïs ! Et tous les contenants en plastique à usage unique auront disparu des sept restaurants Roadside. Côté consommateurs du moins. Elles sont fort rares sur le marché français, les enseignes ayant atteint un tel degré de bannissement.
Ce résultat ne tient pas à un branle-bas de combat engagé en catastrophe. Sous la menace d’une sanction financière et d’une mauvaise réputation faite (le « name and shame »). Au contraire ! Il tient à une démarche éco-responsable posée dès la conception de la marque vers 2013-2014. Avec deux objectifs visés : générer le moins de déchets possible. Qu’ils soient alimentaire, en bois, en verre, en métal, en carton. Et les recycler-faire recycler le plus possible.
Un premier pas avant la vaisselle réutilisable au 1er janvier 2023
En matière de recyclage, toutefois, Roadside ne peut évidemment pas tout faire. L’enseigne n’est qu’un maillon dans la chaîne d’une filière de recyclage publique ou privée qui doit préexister. Or, ces filières de collecte et de retraitement n’existent pas encore partout sur le territoire. La mise en place d’une économie pleinement circulaire dans la restauration hors domicile demandera encore quelques années.
Par ailleurs, qu’elle soit recyclable ou pas recyclable, en plastique ou en kraft, la vaisselle jetable devra disparaître de la restauration rapide. Au profit de contenants réutilisables. La date butoir se rapproche là aussi à grand pas : 1er janvier 2023. Un sacré nouveau défi économique et technique pour Roadside. Comme pour tous les opérateurs de la filière, deliveroo et ubereats compris, qui pourraient être conduits à appliquer une consigne sur les contenants livrés.
S’agissant du tri des déchets, préalable à leur retraitement, Roadside se déclare en mesure de trier dans ses sept unités jusqu’à 5 flux : verre, carton, plastique, canette, déchet organique.
« Nous travaillons avec les municipalités et des prestataires privés et associations pour optimiser la collecte des déchets », explique Luc Laurent, le fondateur et président de Roadside., Mais de reconnaitre aussi que « les filières restent disparates en fonction des agglomérations.»
Ne pas trop générer de déchets en amont et les recycler au maximum
Cette double visée du zéro déchet et du zéro jetable chez Roadside vise en premier lieu l’alimentaire. Avec plusieurs leviers pour cela. L’instauration d’une carte assez courte de produits frais issus de circuits courts, locaux ou régionaux. Exception faite du Cheddar qui provient d’Angleterre. Une rotation élevée des produits, basée sur une production sur place en temps réel, au plus près des besoins. En privilégiant le frais et les circuits courts.
La double visée, réduire le déchet en amont et le reycler en aval, concerne aussi, bien entendu, le non alimentaire. Roadside a progressivement réduit ses gammes d’emballage, en utilisant les même références pour des produits différents. La chaîne a également supprimé le libre-service de paille et couverts, générateur de gaspillage.
Par ailleurs, ce packaging a minima, exempt de plastique, fait appel à des matériaux recyclés, recyclables, pour certains mêmes biodégradables et compostables. Bols et gobelets kraft 100 % par exemple.
Enfin, premier pas significatif vers l’introduction de contenant réutilisable, Roadside emploie désormais le verre pour les verres de vin et de bière.
Luc Laurent, le fondateur et président de Roadside
Cet amateur d’ « authentiques » hamburgers américains, ceux dégustés dans les restos au bord des routes qui le menaient de Las Vegas à San Francisco, ouvre sa première unité à Rennes en mai 2014. Son concept pour Roadside : « De l’assiette à la décoration, faire vivre une expérience américaine à ses clients». Mais en se démarquant du modèle industriel de burger surgelé. Et en jouant la carte de la qualité made in France mais accessible.
Pain artisanal « Bun » à l’Américaine, légèrement brioché et servi toasté. Confectionné avec de la farine agri-éthique, issue de blés régionaux non OGM.. Viande pure boeuf française (Charolaise, Limousine, Blonde d’Aquitaine…), hâchée sur place. Frites confectionnées en cuisine quotidiennement, selon une double cuisson. Légumes frais locaux. Cafés bios…
Un réseau centré sur le Grand-Ouest
Luc Laurent cible le Grand-Ouest pour développer ensuite un réseau. En mai 2016, il ouvre sa première franchise à Nantes. Une deuxième s’installe l’année suivante à Lorient, en lançant également une succursale sur Brest. En 2018, deux franchises Roadside démarrent à Fougère et Laval. La dernière en date débarque à Vannes en mai 2019.
Fin 2019, le chiffre d’affaires du réseau atteignait 7,4 millions d’euros (vs 6,2 en 2018). Rennes réalisait 1,4 millions d’euros de vente (+ 17 % par rapport à 2018), dont 20 % en vente à emporter. Avec un ticket moyen de 10 euros TTC.
Le Roadside de Nantes ouvert en mai 2016, l’un des 5 en franchise
Roadside encourage les consommateurs au tri des déchets
avec des bacs différenciés et des consignes affichés
« On limite au maximum les déchets incinérables. Mais aujourd’hui, la collecte différenciée n’est pas encore organisée partout », regrette Luc Laurent.