Attentats du 13 novembre : un impact prolongé mais réversible sur la filière Tourisme

La fréquentation des restaurants et des hôtels franciliens et surtout parisiens a immédiatement chuté en raison des fermetures temporaires d’établissements et des annulations de réservation. Ce recul demeurait important à la fin novembre tout en diminuant d’intensité.

Les conditions ne sont pas réunies pour enregistrer un redémarrage rapide, comme cela avait été précédemment le cas après les attentats du 7 et 9 janvier 2015. »

La fréquentation des restaurants et des hôtels franciliens et surtout parisiens a immédiatement chuté en raison des fermetures temporaires d’établissements et des annulations de réservation. Ce recul demeurait important à la fin novembre tout en diminuant d’intensité.
Les conditions ne sont pas réunies pour enregistrer un redémarrage rapide, comme cela avait été précédemment le cas après les attentats du 7 et 9 janvier 2015."
logo hr-infosTemps de retour de l’activité touristique au niveau ex-ante

Temps de retour
Ces dates correspondent aux attentats les plus meurtriers enregistrés depuis 1995
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(source : Office de Tourisme et de Congrès de Paris)
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Ce n’est que notre analyse (mais on la partage !)
 
 

Serons nous rassurés à la veille de l’Euro 2016 ?

Le 18 novembre, le ministère de l’Économie réunissait une « cellule de continuité économique » afin d’évaluer l’impact sur les différents secteurs de l’économie, dont le tourisme, premier secteur touché, et de définir d’éventuelles mesures de soutien, en particulier pour relancer la demande qui va selon toute probabilité s’affaiblir.
Cette cellule, qui comprend les principales directions de Bercy et les organisations professionnelles, avait été activée en mai 2009 dans le cadre de la pandémie de grippe, puis en octobre 2010 au moment d’importantes grèves qui avaient alors impacté sensiblement les secteurs pétroliers, et, déjà, le commerce et le tourisme.
Toutes les gammes touchées, les traiteurs quasi à l’arrêt
S’agissant de la fréquentation dans les cafés et restaurants, « le chiffre d’affaires des établissements parisiens était en baisse de 60 % par rapport à un samedi normal », affirme Didier Chenet, président du Synhorcat et du GNI (Groupement National des Indépendants). L’activité repartait toutefois légèrement le dimanche 15 novembre, avec un recul ramené à 30 %.
Pour la semaine glissante allant du vendredi 13 au jeudi 19 novembre, le GNI avance pour les cafés, bars et brasserie un taux d’occupation en recul de – 37,6% par rapport à la semaine précédente et en recul de – 44,1% par rapport à 2014. Le taux d’occupation prévisionnel pour les fêtes de fin d’année (du 20 au 31 décembre) recule de 34,6%.
Du côté des restaurants traditionnels, plus ils montent en gamme, plus leur activité décroît. Toujours selon le GNI, qui compte de nombreux adhérents sur Paris, leur TO baisse de 38 % d’une semaine à l’autre et de 45 % d’une année. Les dîners, plus dédiés à la festivité, sont davantage affectés que les déjeuners. Quant au taux d’occupation prévisionnel pour les fêtes de fin d’année (du 20 au 31 décembre), il est à -27% par rapport à 2015. La haute gastronomie est encore plus touchée, avec des baisses de 60 %, consécutives aux départs de la clientèle étrangère.
Les traiteurs organisateurs de réceptions sont particulièrement touchés touchés en raison de l’annulation de la très grande majorité des manifestations. Ils sont à l’évidence en sursis enregistrant des annulations de près de 80% de leur activité tandis que d’autres déplorent d’ores et déjà la perte de 25% de leur CA prévisionnel (source GNI).
Seule finalement la restauration livrée semble maintenir son niveau d’activité antérieure.
Des reculs allant jusqu’à 50 % dans le secteur hôtelier puis remontant progressivement

Selon les sources, les taux d’occupation des hôtels sur Paris oscillent entre – 29 points (MKG Hospitality, données pour le 18 novembre) et – 51 % (GNI), avec là aussi un effet gamme. L’Umih fait état d’une baisse de 50 % sur le segment des 5 étoiles et des palaces.
Le GNI, pour sa part, évoque une baisse de -51% pour la semaine du 13 au 19 novembre et de -57% en comparaison de la même semaine de l’année 2014. Le taux d’occupation prévisionnel pour les fêtes de fin d’année (du 20 au 31 décembre) diminue de 34%.
En Ile-de-France, le recul est également perceptible mais dans de moindres proportions (de l’ordre de 15 points selon MKG). Les destinations de province ne semblent pratiquement pas affectées (-2,7 points).
Sur Paris, la situation la situation à partir du 20 novembre semblait toutefois évoluer plus favorablement, à défaut de revenir à la normale. »Un retournement de tendance semble s’esquisser depuis ce week-end ‘NDLR : 21 et 22 novembre) », indiquait un communiqué de l’Office de Tourisme et des Congrès de Paris (OTCP) qui note une baisse de 16 points du taux d’occupation des hôtels les dimanches 22 et 23 novembre contre une baisse de 28 points le 21.
Premier levier : la réouverture des sites
Un faisceau de causes explique ce quasi arrêt de l’activité : l’annulation des réservations des touristes étrangers, la fermeture des sites publics (musée, Tour Eiffel, parc de loisirs), le confinement volontaire d’une partie de la clientèle française à son domicile et l’annulation ou le report d’évènements majeurs.
Ainsi, le Groupe Moniteur et l’Association des Maires de France viennent d’annoncer, à la demande de l’État, l’annulation du Salon des maires et des collectivités locales et du Congrès des maires, initialement prévus du 17 au 19 novembre 2015. « Chacun comprend dans le contexte actuel les raisons de ce report liées à des circonstances exceptionnelles », indique un communiqué du Salon des maires. La manifestation est reportée au printemps (du 31 mai au 2 juin 2016).
La réouverture progressive dès cette semaine des sites et des espaces publics aura certainement un effet positif. De même que les évènements de type MICE, davantage reportés qu’annulés, en raison de leur nécessité professionnelle.
Les suites des attentats de janvier 2015
En janvier 2015, après les attentats contre Charlie Hebdo (7 janvier) et contre l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes (9 janvier), le taux d’occupation des hôtels parisiens avait accusé une baisse sensible mais en rien vertigineuse : de 3% à 6% pour la plupart des catégories selon l’observatoire In Extenso, avec un impact très visible sur les hôtels de charme et de luxe, leur clientèle à forte composante étrangère ayant préféré annuler ses voyages.
En revanche, les autres destinations françaises étaient demeurées dans le vert. Au global, l’Insee avait constaté sur janvier une progression de 2,6 % de l’activité hébergement. La restauration, elle, enregistrait une légère baisse de 0,6% sans qu’on puisse l’imputer directement aux attentats.
Qu’en sera-t-il cette fois ? Un recul plus marqué et plus durable de l’activité est à craindre sur le court terme. Les opinions publiques, les comportements clients sont aujourd’hui confrontés à des évènements inédits et de plus grande ampleur encore. La France vient de connaître les premiers attentats de masse simultanés perpétrés sur son sol par des kamikazes.
A-t-on envie de franchir les océans pour une destination « en guerre »?
Dès février 2015, la destination parisienne avait rebondi. Peu probable cette fois qu’une reprise intervienne dés le mois de décembre. Celle-ci dépendra de nouveau des décisions des visiteurs étrangers et des organisateurs de Mice, décisions qui sera fonction de leur degré de confiance dans la destination.
Le marché repartira progressivement d’ici le 2ème trimestre 2016 si aucun nouvel évènement dramatique ne se produit dans l’intervalle. Malheureusement, les experts et le gouvernement nous alertent déjà sur la probabilité élevée d’un nouvel attentat ou d’une nouvelle série d’attentats.
La France, pays le plus visité au monde, a accueilli en 2014 83,8 millions de visiteurs étrangers. Auront-ils tous le désir de passer leurs vacances dans un pays en « état de guerre », puisque c’est le terme officiel que le gouvernement a aujourd’hui retenu ?
Si les pouvoirs publics sont en mesure de garantir durablement la sécurité des biens et des personnes et la paix civile, nul doute que nos hôtes reviendront, de toutes les régions du monde. Mais un décalage de quelques mois adviendra entre le retour à la normale et la perception par les visiteurs que la France est de nouveau un pays sûr.
Soutenir aussi la demande intérieure, qui pèse les deux tiers du tourisme français
La destination France et son opérateur Atout France devront donc communiquer massivement vers toutes ses cibles prioritaires. Des mesures de soutien à la filière seront également indispensables, comme le report de six mois annoncé par bpifrance des échéances de crédit hôtelier.
La résilience devrait faire aussi son oeuvre d’ici le printemps 2016.
En attendant les 7 millions de visiteurs attendus du 10 juin au 10 juillet pour le championnat d’Europe UEFA de football qui se déroulera dans dix villes hôtes.
Rappelons enfin que le tourisme français repose principalement sur la demande intérieure. Les dépenses intérieures des consommateurs français (les « visiteurs résidents ») représentaient en 2013 67,5 % (105,9 milliards d’euros) de la consommation touristique intérieure française et 5,1 % du PIB national. Si cette demande continuait de croître, comme ce fut le cas en 2014, elle compenserait au moins partiellement le recul probable à court terme des dépenses des visiteurs internationaux.

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Wembley aux couleurs tricolores…

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Des dizaines de milliers d’Anglais se sont essayés à chanter la Marseillaise ce mardi 17 novembre en ouverture du match de football France-Angleterre. Un magnifique témoignage de leur fidélité.
Si nos amis britanniques nous faisaient aussi l’amitié de revenir visiter notre pays dès l’an prochain… Près de 12 millions d’entre eux étaient venus en France en 2013, ils avaient consommé près de 85 millions de nuitées (deuxième plus gros volume derrière l’Allemagne), y séjournant en moyenne 7 jours (chiffres Memento du tourisme 2014).

… La presse britannique à l’heure des « Paris Terror Attacks »

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Les médias imprimés et la presse audiovisuelle couvrent quotidiennement l’après 13 novembre. Le Royaume-Uni a vécu un drame similaire en juillet 2005 lors de 4 attaques suicides dans le métro qui avait causé 56 morts et 700 blessés.
Le pays, qui n’a pas subi de nouveaux attentats depuis, avait dans l’intervalle renforcé ses systèmes de surveillance et de sécurité. Il s’apprête de nouveau à le faire. Son premier ministre David Cameron a annoncé le recrutement de 1 900 personnes au sein du MI5 (sécurité intérieure), du MI6 (sécurité extérieure) et au GCHQ (sécurité des systèmes d’information). La menace terroriste reste élevée en Grande-Bretagne, sept projets d’attentats ont été déjoués au cours des six derniers mois.

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