En 2023, l’ensemble des activités directement liées au tourisme représentait, comme en 2022, 3,8 % du produit intérieur brut (PIB) de la France, soit 109 milliards d'euros, selon les chiffres du Compte Satellite du Tourisme (CST) établi par l'Insee selon des normes internationales. La valeur ajoutée brute directe du tourisme atteint pour sa part 95 milliards d'euros, en augmentation de 7,6 % par rapport à 2022. Première activité économique du tourisme, l'Hébergement des visiteurs en représente 44 %, devant le Transport des voyageurs (17 %) et les Restaurants et Cafés (9,8 %).
Deux années de reprise après deux années de recul
Produit intérieur brut direct du tourisme et poids dans l’ensemble de l’économie, de 2019 à 2023
Le PIB brut direct du tourisme était tombé à 2,8 % du PIB en 2020, en raison de la crise internationale du Covid-19. Elle avait vidé la France de ses visiteurs internationaux. Et limité les flux des touristes résidents.
La part du PIB est remontée à 3,8 % dès 2022 et s’est stabilisée à ce pourcentage en 2023. Mais elle n’a pas encore retrouvé son niveau de 2019, d’avant-crise sanitaire (3,9 %).
Malgré tout, en raisonnant en valeur (inflation comprise), le PIB brut direct du tourisme, à 108,7 milliards du tourisme, a augmenté de 7, 9 % en 2023 par rapport à 2022. Et de 16 % par rapport à 2019.
Le PIB brut du tourisme a connu une très forte croissance en 2022 (34,4 % de hausse en valeur). Ceci en raison de la reprise complète des activités touristiques après la crise sanitaire de 2020 et 2021.
Il a poursuivi sa progression en 2023. Mais à un rythme plus modéré : +7,9 %, dont +4,5 % en croissance de volume et +3,2 %. à la hausse des prix.
Le PIB de la France présente une évolution comparable (+6,5 % en valeur). Ce qui explique la stabilité du poids du tourisme dans le PIB par rapport à 2022 (3,8 % à prix courants).

- Lecture : En 2023, le produit intérieur brut direct du tourisme, à prix courants, atteint 108,7 milliards d’euros, soit 3,8 % du produit intérieur brut de la France.
- Champ : France. Source : Insee, compte satellite du tourisme, base 2020.
Hébergement et Restauration pèsent ensemble
plus de la moitié de la Valeur ajoutée brute directe du tourisme
Valeur ajoutée brute directe du tourisme et valeur ajoutée brute totale en 2023, selon l’activité
Les six activités caractéristiques du tourisme, indispensables à celui-ci, ont dégagé en 2023 une valeur ajoutée brute totale de 345 milliards d’euros. Pour autant, cette valeur ajoutée n’entre qu’en partie dans le chiffrage du tourisme.
En effet, la plupart de ces activités fournissent des biens et services aussi bien aux touristes qu’aux autres acteurs économiques, en premier lieu la population locale.
Au final, la part de la valeur ajoutée dédiée aux touristes (résidents en France ou non) est de 24,2 % de ces 345 milliards d’euros. Soit 83,6 milliards.
Chaque activité dite touristique présente ainsi un « taux de touristicité » révisé chaque année. Par exemple, l’Hébergement des visiteurs pèse aujourd’hui 17,7 % de la valeur ajoutée brute totale de l’Hébergement dans son ensemble. En 2021, elle était de 16,2 %. Et de 20,4 % pour les Restaurants et Cafés, contre 20 % en 2023.
En revanche, le taux de touristicité, le seul de 100 %, est resté inchangé pour les agences de voyages.
Parmi ces six activités structurelles du tourisme, trois représentent à elles-seules 71 % de cette valeur ajoutée brute directe du tourisme. Respectivement l’Hébergement des Visiteurs (42,1 milliards d’euros, soit 44,3 %). Suivi du Transport de voyageurs (17,2 % pour 16, 3 milliards d’euros dont 7,5 milliards provenant du transport aérien. Suivi des Restaurants et Cafés (9,3 milliards d’euros, soit 9,8 % de la VA du tourisme).
D’autres activités ne sont pas caractéristiques du tourisme. Elles répondent en effet à une demande principalement locale : commerce de détail, service à la personne, coiffure, soins corporels…
Toutefois, elles répondent aussi aux besoins des touristes. En 2023, l’ensemble de ces activités a contribué à la valeur ajoutée brute du tourisme à hauteur de 11,4 milliards d’euros (soit 12 %). Bien que la part du tourisme ne pèse que 0,5 % de leur valeur totale (2 538 millliards d’euros).

- Lecture : En 2023, l’hébergement des visiteurs dégage une valeur ajoutée de 42,1 milliards d’euros, à prix courants, grâce au tourisme, soit 17,7 % de la valeur ajoutée totale de cette activité et 44,3 % de l’ensemble de la valeur ajoutée brute directe du tourisme.
- Champ : France. Source : Insee, compte satellite du tourisme, base 2020.
Des évolutions assez disparates selon les activités
Valeur ajoutée brute directe du tourisme par activité, de 2019 à 2023
La plus forte progression entre 2023 et 2022 (+ 40,1 %) est observée pour les activités d’agences de voyages. Pourtant, leur valeur ajoutée brute directe de 2023 (1,8 milliards d’euros) reste encore inférieure de 50 % à celle de 2019 (2,7 milliards d’euros).
A l’inverse, le transport aérien de voyageurs est passé de 5,4 milliards d’euros en 2019 à 7,5 milliards en 2023, après être tombé à 1,6 milliards en 2020. L’année la plus critique de la crise du covid-19. Et il a nouveau progressé de +17,6 % entre 2023 et 2022. On peut y voir là un premier retour de la clientèle internationale des long-courriers
En revanche,, le transport ferroviaire des voyages recule en 2023, de 6 % en volume. Il baisse également fortement (-29,7 %) en évolution des prix. Tendance similaire pour le transport routier, fluvial et maritine avec une évolution négative de 18,7 % en volume et 36,3 % en prix.
De toutes les activités caractéristiques du tourisme, transport ferroviaire et transport routier des voyageurs sont les seuls à avoir connu en 2023 un recul de leur production touristique.
L’Hébergement des visiteurs a vu sa valeur ajoutée brute directe touristique progresser de plus de 22 % entre 2019 et 2023. Sa hausse a été encore de 9,5 %.
La croissance sur 5 ans a été moins forte pour les Restaurants et cafés (7 %). Elle a toutefois été forte entre 2023 et 2022, de 9,5 % à 9,3 milliards d’euros.

- Lecture : En 2023, la valeur ajoutée brute directe du tourisme dégagée par les activités des restaurants et des cafés s’élève à 9,3 milliards d’euros, à prix courants.
- Champ : France. Source : Insee, compte satellite du tourisme, base 2020.

L’Hébergement des visiteurs plus gros contributeur à la croissance de la valeur ajoutée
Évolution de la valeur ajoutée brute directe du tourisme entre 2022 et 2023, par activité détaillée
L’Hébergement des visiteurs contribue pour 4,1 points à la hausse de la valeur ajoutée brute directe du Tourisme. Sa hausse en volume est bien moindre que celle enregistrée en 2022 (+4 %, après +22 %). L’année de la reprise de l’activité après deux années de crise sanitaire.
Mais plus de 50 % de son évolution totale en valeur (9,5 %) tient à l’évolution de ses prix (+5,2 %). Au global, l’Hébergement des visiteurs a pesé pour plus de 60 % à la croissance en valeur des activités caractéristiques du Tourisme.
C’est l’inverse pour les activités de tourisme liées aux Restaurants et Cafés. C’est essentiellement gràce à une croissane en volume (+8 % vs +1,1 % pour l’évolution des prix), qu’ils ont vu leur richesse de 9 milliards d’euros augmenter de 9 % entre 2022 et et 2023.
En 2022, l’activité des agences de voyages et des services de réservation en volume s’était fortement contractée (-43 %). Elle était liée à une consommation des intrants beaucoup plus élevée que la hausse de la production. En particulier en dépenses de publicités pour relancer l’activité post crise sanitaire.
En 2023, la valeur ajoutée des activités des agences de voyages et des services rebondit en valeur de +40,1 %. C’est la plus forte hausse enregistrée au sein des activités caractéristiques du tourisme. Cette hausse se décompose en +6 % pour l »évolution en volume (au prix de l’année précédente) et +32,1 % pour l’évolution des prix. Ceci pour permettre une reconstitution des marges.
Cependant, avec 2 milliards d’euros générés pour cette activité, la valeur ajoutée brute directe du tourisme reste toujours en dessous de son niveau d’avant crise. La reprise progressive des voyages long-courriers a certes contribué au redressement du secteur. Mais il ne suffit pas encore à retrouver le niveau de 2019.

- Lecture : En 2023, la valeur ajoutée directe du tourisme des services d’hébergement des visiteurs a augmenté de 9,5 % en valeur.
- Champ : France. Source : Insee, compte satellite du tourisme, base 2020.
(reprise d’une partie de notre article parue le 4 mai 2023 sur la révision de la comptabilisation du PIB Tourisme)
Ce schéma permet de visualiser comment la comptabilité nationale différencie
consommation touristique, valeur ajoutée et PIB du tourisme

Champ : France entière
Source : Insee, compte satellite du tourisme, base 2014
Le schéma ci-dessus porte sur les estimations de l’année 2021. Mais son mode de calcul vaut pour tous les exercices. La Comptabilité nationale mesure d’abord « la consommation touristique intérieure ». Autrement dit, les dépenses des touristes en France, qu’ils soient résidents ou non-résidents. Pour cela, elle soustrait des dépenses des ménages (regroupées dans « La consommation finale totale des ménages ») celles qui n’ont pas été effectuées par les touristes. Chaque activité dite touristique présente ainsi un « taux de touristicité » révisé chaque année.
L’Insee, par exemple, considère que 100 % des dépenses dans les hôtels et les campings constituent des dépenses de tourisme. Mais seulement 12 % en relèvent pour se loger dans le parc résidentiel. Tous types d’hébergement confondus (collectifs touristiques ou résidences secondaires), 16,2 % des dépenses d’hébergement, étaient, en 2021, imputables au tourisme, en incluant la location et l’exploitation de biens immobiliers. Même analyse pour les dépenses des restaurants et les cafés. En 2019, 24 % de celles-ci provenaient de touristes. Un taux qui est descendu à 20 % en 2021.
La richesse que produit directement l’hôtel
La phase suivante consiste à déterminer la « valeur ajoutée brute directe du tourisme ». Pour cela, l’Insee isole les consommations intermédiaires.
L’Institut prend le cas d’une nuitée hôtelière avec petit déjeuner. Le prix final acquitté par le touriste sert notamment à payer les aliments du repas matinal, mais aussi le ménage, l’énergie, le chauffage… Autant de consommations dites intermédiaires qui ne créent pas directement de richesses. De ce fait, la Comptabilité nationale les retire du montant de la dépense des touristes de manière à mesurer la valeur ajoutée « directement produite par l’hôtel. »
Dans la même approche, la Comptabilité déduit aussi les importations de biens et de services. Une illustration qui parlera : l’objet souvenir made in China acheté en France par un visiteur étranger. Ne comptera dans la valeur ajoutée du tourisme que la différence entre le prix de vente du produit et son prix d’importation.
De la valeur ajoutée brut au PIB direct
Le dernier étage du schéma montre la constitution du « PIB direct du tourisme » (Produit Intérieur Brut). Il correspond à la somme des valeurs ajoutées directement liées aux dépenses des touristes dans chaque secteur d’activité relevant du tourisme (neuf d’entre eux, caractéristiques du tourisme, ayant un taux significatif de touristicité).
De ces dépenses ont donc été retirées les consommations intermédiaires et les importations. En revanche, le PIB intègre les impôts nets sur les produits et les importations. La Comptabilité nationale déduit toutefois les subventions.
Bilan pour 2021 ? L’Insee estime là consommation touristique intérieure à 140 milliards d’euros. Après soustraction des consommations intermédiaires et importations, la valeur ajoutée brute directe du tourisme s’établit à 67 milliards d’euros. Dont 30 milliards générés par l’hébergement. Et 6,7 milliards apportés par les restaurants et cafés.
Quant au PIB direct du tourisme, il s’établit à 75,7 milliards d’euros. La différence nette de 8,7 milliards d’euros par rapport à la valeur ajoutée brute provient des impôts.
Au final, en 2021, le PIB direct du tourisme représentait 3 % du PIB total de la France (2 523 milliards d’euros). A titre de comparaison, en 2019, avant le déclenchement de la crise, il s’élevait à 88,1 milliards et représentait 4,1 % du PIB français.
La France dans la moyenne européenne inférieure pour la valeur ajoutée touristique
Cette approche par la valeur ajoutée confirme un écart depuis longtemps relevé, mais qui ne se comble pas. La France peut se féliciter d’accueillir un nombre important de touristes. Mais elle ne pourrait se satisfaire du montant relativement limité de leurs dépenses touristiques.
Ainsi, en 2019, la France restait toujours dans le trio de tête des arrivées touristiques. En revanche, la part de son PIB tourisme dans la valeur ajoutée totale (4,1 %) demeurait également inférieure à la moyenne constatée pour l’ensemble de Union européenne (4,5 %), rappelait l’Insee. Et sur ce plan, elle se situe très loin de la Croatie (11,8 %), du Portugal (8,1 %), de l’Espagne (6,9 %) ou de l’Italie (6,2 %).


