Le bilan définitif de l’exercice est désormais établi et disponible depuis le mois de novembre dans l’édition 2017 du Mémento du Tourisme, « Bible » officielle statistique de l’industrie du tourisme.
Force est de le constater, 2016 fut une « annus horribilis »… La France n’a tout simplement pas connu de croissance l’an dernier, les compteurs restant bloqués à 158,9 milliards d’euros (compte satellite du tourisme). Du coup, la part de cette industrie dans la richesse nationale (le PIB) a reculé de 7,24 % à 7,13 %. Le pays ne doit qu’à la vigueur des vacances françaises des Français d’avoir évité une récession touristique pure et simple. Leurs dépenses en effet ont progressé de 1% (108,1 milliards d’euros) quand celles des internationaux baissaient de 1% (50,8 milliards d’euros).
La reconquête des visiteurs internationaux, priorité des gouvernements Ayrault et Valls, n’a donc pas eu lieu. La raison principale en est connue. Les attentats de juillet 2016 et surtout de novembre 2015 ont produit sur les arrivées un effet dépressif immédiat et durable, d’une durée d’environ quatre trimestres, à cheval sur deux années. Une raison principale certes mais qui n’est pas unique. La destination souffre toujours d’un manque de compétitivité malgré les efforts entrepris et les progrès réalisés.
Certes, la France conserve encore sa première place mondiale pour le nombre d’arrivées internationales (82,6 milliards en 2016), en dépit d’un recul de 2,2 %. Mais elle perd encore des parts de marché à l’échelle mondiale (6,7 % en 2016 VS 7,1 % en 2015). Ce qui n’est pas choquant en soi, au regard du développement touristique tardif en Chine. Ce qui l’est peut-être d’avantage et qui ne s’était jamais produit jusqu’alors, c’est que la France perd aussi désormais des parts de marché en Europe. Hexagone et Dom-Tom ne représentent plus que 13,4 % des arrivées internationales en Europe, contre 14 % en 2015 et 20 % en 1990. Ses principaux concurrents sont plus que jamais espagnols et Italiens, la Grande-Bretagne ayant marqué le pas.
L’objectif officiel d’accueillir 100 millions de touristes internationaux à l’horizon 2020, reste toujours accessible. Mais il se complique. Dans l’hypothèse désormais probable d’au moins 88 millions de touristes en 2017, il faudrait donc atteindre une croissance moyenne annuelle de 3,8 %.
Le plus inquiétant dans ce bilan tient à la baisse des recettes générées par les visiteurs internationaux, pour la deuxième année consécutive. Du coup, elle rétrograde la France du 4 ème au 5 ème rang mondial des recettes, devancée désormais par la Thaïlande. Selon les données provisoires de l’OMT, les dépenses des visiteurs internationaux auraient baissé en 2016 de 5,1 % à 38,4 milliards d’euros, après avoir déjà diminué 1 an plus tôt. L’Organisation Mondiale du Tourisme a d’ailleurs révisé à la baisse les recettes 2015 à 40,4 milliards d’euros (contre 41,4 milliards initialement publiés).
Preuve supplémentaire aussi de la fragilité de la destination, c’est le nouveau recul de la dépense moyenne par tête. Les non-résidents ont dépensé en moyenne 464,9 euros lors de leur séjour en France, contre 478,1 euros en 2015. Par comparaison, en Italie, les internationaux dépensaient en moyenne 694,7 euros (36,4 milliards de recettes réparties entre 52,4 millions de visiteurs)et en Espagne723,8 euros (50,9 milliards de recettes pour 68,2 millions de visiteurs).
Ce bilan globalement négatif sera-t-il le dernier du genre ? La France du tourisme va-t-elle enfin sortir de ce tunnel de deux ans ? Nous avons de très bonnes raisons de penser qu’elle a atteint son point bas. Sur la base des bilans statistiques disponibles à fin octobre 2017, le redressement semble acquis. Le retour en masse des visiteurs internationaux et la résistance des dépenses des Français vont déclencher la remontée des indicateurs d’activité. Mais elle ne devront pas masquer les faiblesses structurelles persistantes de l’offre touristique française.
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