Travail le soir, la nuit et le week-end, les salariés de la branche empilent les horaires atypiques

En 2021, 65 % des salariés de l’Hébergement-Restauration ont travaillé en horaire atypique au moins une fois sur une période de quatre semaines, selon une étude du ministère du Travail. C’est le secteur d’activité où les salariés travaillent le plus le soir, le samedi et le dimanche. Leurs modalités de travail, qui répondent à des besoins de continuité de la vie sociale des consommateurs, génèrent une organisation plus contraignante de leurs horaires, avec des journées de travail davantage morcelées et la privation de deux jours consécutifs de congés.

En 2021, 65 % des salariés de l'Hébergement-Restauration ont travaillé en horaire atypique au moins une fois sur une période de quatre semaines, selon une étude du ministère du Travail. C'est le secteur d'activité où les salariés travaillent le plus le soir, le samedi et le dimanche. Leurs modalités de travail, qui répondent à des besoins de continuité de la vie sociale des consommateurs, génèrent une organisation plus contraignante de leurs horaires, avec des journées de travail davantage morcelées et la privation de deux jours consécutifs de congés.

L'importance du chômage partiel dans la branche au premier semestre 2021 (on enregistrait encore plus de 700 000 inscrits en mars et plus de 400 000 en juin) a minoré le pourcentage de salariés soumis aux horaires atypiques cette année là. Leur proportion de 65 % restait pourtant la plus élevée parmi tous les secteurs d'activité public et privé. Photo : Maksym - Adobe Stock

Cette étude de la Direction de la Recherche (Dares) du ministère du Travail mesure assez précisément une situation que l’on ignorait pas. Parmi toutes les spécificités de la branche H&R, celle des horaires de travail « atypiques » (qui ne correspondent pas à la norme dominante) n’est pas des moindres. En France, tout secteur d’activité confondu, moins d’1 salarié sur 2 (45 %) travaille le soir, la nuit ou le week-end. Mais dans l’Hébergement Restauration, ils sont 65 % à y être soumis. Loin devant le Commerce (59 %) et le Transport-entreposage (56 %).

La branche arrive largement en tête sur trois des quatre types d’horaires atypiques. 57 % des salariés ont travaillé le samedi, contre 54 % dans le Commerce ou 44 % dans l’Agriculture. 44 % exerçaient le soir, entre 20 h et minuit, contre 34 % dans la Fonction publique et le Transport. Et 44 % officiaient également le dimanche, contre 31 % dans l’Administration.

Le travail de nuit fait exception 

En revanche, le travail de nuit, entre minuit et 5 heures du matin, y est moins répandu. Il concernait malgré tout 12 % de ses salariés. Mais c’est 15 % dans l’Industrie, encore adepte des 3-8. Ou même 22 % dans le Transport et l’Entreposage.

Cette soumission aux horaires atypiques, quel que soit le secteur à les pratiquer, a d’autres conséquences pour les salariés assujettis, qu’ils travaillent à temps partiel ou à temps complet. Leurs durées annuelles de travail augmentent. A 1 774 heures contre 1 537 heures en moyenne pour les temps complets, tout secteur confondu. De même, ils travaillent d’avantage de jours dans l’année (222 contre 199 jours). Et ils affichent également une durée quotidienne de travail un peu plus longue (8,0 heures contre 7,7 heures).

Des conséquences sur l’organisation même du travail

Ces horaires atypiques causent également un surcroît de contraintes organisationnelles. On contrôle davantage le travail des salariés au moyen d’une pointeuse, d’un badge ou d’une fiche horaire… Et leurs journées de travail sont plus souvent morcelées (la fameuse coupure de trois heures ou plus !). Quand l’employeur, en plus de cela, ne décide pas, à chaud, de les rallonger pour diverses raisons : surcroît de réservations ou absence d’un autre salarié, par exemple.

Enfin, une majorité d’entre eux, à commencer par ceux qui travaillent durant les week-ends, ne bénéficient pas de deux jours de congés consécutifs au cours d’une semaine. Cela fait beaucoup…

Perçus plutôt comme peu compatibles avec les engagements sociaux et familiaux

La part des horaires atypiques restait assez stable depuis 2013. Jusqu’à l’arrivée de la crise sanitaire. Tout secteur confondu, elle a légèrement baissé en 2020 avant de se stabiliser en 2021. Car l’Hébergement Restauration fait là aussi exception. La chute de son activité a été vertigineuse et le recours au chômage partiel massif. Avant la crise, la proportion de salariés sous horaires atypiques était nettement plus élevée. Comme le relève le tableau de résultats ci-dessous portant sur l’année 2017. Encore plus éclairant, puisqu’il établit des données séparées pour l’Hébergement de la Restauration.

Evidemment, ces horaires atypiques font rarement l’affaire des salariés concernés. Interrogés par la Dares, seuls 29 % d’entre eux considèrent que ces horaires atypiques « s’accordent très bien » avec leurs engagements sociaux et familiaux. Contre 49 % chez ceux soumis à des horaires standards… A l’heure où l’on se demande comment attirer et fidéliser des salariés, difficile de faire l’impasse sur ce repoussoir. Qui nécessiterait quelques compensations…

Fréquence moyenne mensuelle des horaires atypiques en 2021 selon le statut et les secteurs

 

Lecture :

  • En 2021, 64, 96 % des salariés de l’Hébergement Restauration sont soumis à au moins un horaire atypique
  • 44,5 % des salariés de l’Hébergement Restauration travaillent le soir (entre 20 h et minuit).
  • 57,15 % travaillent le samedi
  • 44,42 % travaillent le dimanche
  • 11,74 % travaillent de nuit (entre 0 H et 5 h du matin)

Champ : ensemble des salariés ; France (hors Mayotte).
Sources : Insee, enquête Emploi 2021 ; calculs Dares.

Des horaires atypiques encore plus présents avant-crise

Fréquence moyenne mensuelle des horaires atypiques en 2017 selon le statut et les secteurs

Pour l’année 2017, la Dares fait apparaître distinctement les résultats des salariés de l’Hébergement et ceux de la la Restauration. Ce qu’elle ne fait pas pour l’année 2021. Ce qui complique la comparaison.

Les salariés de la Restauration regroupaient cette année là 77 % de l’effectif de la branche. Leur prépondérance va donc influer à la baisse ou à la hausse le pourcentage global de salariés affectés.

S’agissant des horaires du Samedi, en 2017, on peut estimer à 64,6 % le nombre de salariés exerçant ce jour là. En 2021, cette proportion tombait à 57 %. Constat similaire pour le Soir et le Dimanche avec 49 % en 2017 et 44 % en 2021.

L’Hébergement Restauration a connu un exercice 2021 fortement affectée par la crise sanitaire. L’année 2017, peu perturbée, reflète donc mieux l’importance structurelle des horaires atypiques dans son organisation du travail.

NS : non-significatif (faibles effectifs)
Lecture
:

  • En 2017, plus de 70 % des salariés de l’Hébergement Restauration sont soumis à au moins un horaire atypique (estimation HR-infos)
  • 51,8 % des salariés de la Restauration travaillent le soir (entre 20 h et minuit).
  • 66,3 % des salariés de l’Hébergement travaillent le samedi
  • 56,5 des salariés de l’Hébergement % travaillent le dimanche
  • 14,2 % des salariés de la Restauration travaillent de nuit (entre 0 H et 5 h du matin)

Champ : ensemble des salariés ; France (hors Mayotte).
Sources : Insee, enquête Emploi 2017 ; calculs Dares.

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