Cotisations sociales : les débats sur le fameux article 10 (recodifié article 18 dans le texte final)
Les plateformes tenues de déclarer au fisc les revenus des loueurs à partir du 1er janvier 2019
Sauf nouveau coup de théâtre (les débats parlementaires n’étant pas terminés), un amendement au projet de loi de finances rectificative pour 2016, adopté par l’Assemblée nationale le 5 décembre, imposera à compter de 2019 aux plate-formes collaboratives de déclarer automatiquement à l’Administration fiscale le montant annuel des revenus bruts perçus par chaque utilisateur.
L’auteur de l’amendement, le député socialiste Pascal Cherki, a expliqué lors des débats que ces revenus « en pratique, sont très rarement déclarés, et in fine très rarement imposés. Il en résulte une perte de recettes pour l’État, une insécurité juridique pour le contribuable, et une concurrence déloyale pour certains secteurs. »
Les enjeux financiers de l’encadrement de l’économie collaboratives sont considérables. Le député socialiste Dominique Lefebvre vice-président de la Commission des Finances faisait état « d’études récentes estimant le montant total des transactions dans les cinq principaux secteurs de l’économie collaborative en Europe – finance, hébergement, transports, services à la personne et services aux entreprises – à environ 28 milliards d’euros. Ce montant pourrait être multiplié par vingt en dix ans et atteindre 570 milliards ». Et d’ajouter « qu’il faudra pouvoir taxer également cette économie nouvelle, à la fois pour des raisons de concurrence et pour s’assurer que l’on conserve une base fiscale pour financer la dépense publique. » Dominique Lefebvre reconnaissait toutefois que cette disposition risquait de présenter des difficultés et des risques aussi bien juridiques que techniques.
Le gouvernement restait malgré tout opposé à la déclaration automatique, par la voix de son secrétaire d’Etat au Budget, Christian Eckert, « compte tenu, expliquait-il, des difficultés techniques et de la difficulté à cerner ce qui est imposable et ce qui ne l’est pas. Il ne faut pas non plus donner l’impression (…) de freiner le développement d’un secteur qui se plaint déjà d’une réglementation qui commence à l’encadrer assez sérieusement, comme cela est d’ailleurs nécessaire. (…) Nous sommes accusés d’empêcher le développement de l’économie collaborative » ou de « faire la chasse » au moindre revenu », a-t-il aussi souligné en émettant tout d’abord un avis défavorable.