Négociations salariales des HCR : le grand écart entre les propositions du patronat et des syndicats

Tenue en visio-conférence le 18 novembre, la première réunion de négociations de la branche HCR s’est limitée à une présentation des propositions respectives des partenaires sociaux et à des refus réciproques. Les quatre organisations patronales (GNC, GNI, SNRTC, UMIH) partageant une proposition de hausse moyenne de 10,5 % des minima. Les syndicats de salariés (CGC, CFDT, CGC, FO) défendant séparément des hausses allant jusqu’à 34 %, assortie ou pas d’un 13 ème mois. Des positions inconciliables à ce stade. Prochaine réunion le 16 décembre, précédée de bilatérales.

Tenue en visio-conférence le 18 novembre, la première réunion de négociations de la branche HCR s'est limitée à une présentation des propositions respectives des partenaires sociaux et à des refus réciproques. Les quatre organisations patronales (GNC, GNI, SNRTC, UMIH) partageant une proposition de hausse moyenne de 10,5 % des minima. Les syndicats de salariés (CGC, CFDT, CGC, FO) défendant séparément des hausses allant jusqu'à 34 %, assortie ou pas d'un 13 ème mois. Des positions inconciliables à ce stade. Prochaine réunion le 16 décembre, précédée de bilatérales.

Une résolution par le haut du conflit qui se dessine entre les partenaires sociaux des HCR permettrait au secteur de redevenir attractif au près des jeunes. Même si, quoi qu'on en dise, beaucoup d'entre eux continuent d'y entrer au début de leur carrière. Photo : Davit85 - Adobe Stock.
Des propositions patronales aux antipodes des revendications syndicales. Des crispations. Un climat tendu. Une interruption de séance longue et imprévue. Un grand classique des négociations sociales… Surtout dans la branche HCR !

Cette première réunion, en tout cas, aura permis à chacun de dévoiler officiellement ses propositions. Et à tous de mesurer l’écart à combler avant d’aboutir à un accord de compromis équilibré. Au profit du pouvoir d’achat des salariés et de l’attractivité de la branche. Mais non au détriment de ses entreprises. C’est toute la complexité de cette négociation.

Côté patronat, d’abord, une moyenne d’augmentation de 10,5% des minima. Soit un peu plus qu’annoncé début octobre (autour de 9 %). Mais les syndicats ont pointé du doigt ce qui est à leurs yeux «  un leurre et un coup de com ».

« En réalité, la grande majorité des salariés, qui sont classés dans les trois premiers niveaux, vont bénéficier de 3 à 4 % seulement, pointe Nabil Azzouz, de la FGTA-FO (3ème syndicat de la branche), alors qu’on est à 20 % pour le niveau 5. Cette grille ne répond pas aux attentes. Et l’inflation qui accélère en 2021 va rapidement effacer les progressions. »

10,80 € pour le minimum des minima, échelon I du niveau 1

Sachant que le patronat propose 10,80 € pour l’échelon I du niveau 1, la différence est donc de 3,05 % avec le Smic en vigueur depuis le 1er octobre 2021 (10,48 euros). Elle est de 4 % à l’échelon 2, proposé à 10,90 €. Et de 4,77 % avec l’échelon 3 de ce même niveau 1, avec 10,98 €.

Symboliquement, en tout cas, et les symboles ont leur importance, le salaire minimum pratiqué dans les HCR serait de nouveau supérieur au Smic interprofessionnel. Comme il le fut de 2009 à 2018, date du dernier accord salarial.

Mais ce symbole ne pouvait suffire. Les négociateurs syndicaux demandaient des hausses plus significatives. En particulier sur les trois premiers niveaux qui concernent près de 80 % des salariés. Là justement, où l’hémorragie d’effectifs est la plus forte depuis le début de la crise sanitaire.

Retour d’une vielle revendication, le 13 ème mois

Des augmentations plus marquées, assorties pour au moins deux syndicats (FO et GGT-Services ) d’un 13 ème mois, d’une majoration des heures supplémentaires, des heures de nuit et du travail le week-end. « S’ils font ça, plus un rattrapage de 7 % sur la grille salariale et un treizième mois, FO sera signataire », déclarait monsieur Azzouz à l’AFP. Et  d’ajouter au quotidien Les Echos. « Nous sommes très loin de signer. Nous réfléchirons à une opposition majoritaire. »

Côté syndicat, la CFDT-Services (2ème syndicat de la branche), réputée jusqu’alors pour son réformisme accommodant (que lui reprochaient souvent ses deux rivaux CGT et FO), a provoqué un choc et une interruption de séance d’1 heure.

Contre toute attente, le 2 ème syndicat de la branche a dévoilé, en effet, une grille en progression moyenne de 34 %. «Notre proposition était la plus élevée, mais sans 13e mois, a déclaré à l’AFP Stéphanie Dayan, secrétaire nationale CFDT-Services. Et quand on retire les cadres, on est à 24% .»  La CGT proposait pour sa part 25 % à la reprise de la réunion. « Avec un treizième mois pour tous, qui est une attente très forte des salariés. », déclarait Arnaud Chemain, le délégué CGT.

« Pour les quatre organisations professionnelles, cette proposition est déconnectée de la réalité économique et financière des entreprises, en cette période de sortie de crise. », déclarait l’Umih après la réunion.

« C’était plus une réunion qu’une négociation »

« La négociation n’est pas un chantage,  déplorait Thierry Grégoire, le négociateur de l’Umih, joint par l’AFP. Je n’ai jamais vu ça. Beaucoup de salariés sont dans des niveaux intermédiaires et on a encore un million de salariés qui méritent d’être revalorisés. »

Mais un chantage, lui aussi, a été ressenti de l’autre côté. « La logique du  « c’est à prendre ou à laisser, vous prenez ma grille de salaires ou on ne signe pas », c’est inadmissible, s’indignait Stéphanie Dayan. On doit évoluer dans un cadre de discussions, de vraies négociations. Comme c’est le cas dans de nombreuses autres branches. »

« Le compte n’y est pas , ajoutait également Arnaud Chemain. C’était plus une réunion qu’une négociation. La CGT et la CFDT ont fait des contre-propositions. Et les employeurs nous ont répondu qu’ils n’avaient pas de mandat de leurs conseils d’administration pour négocier. On a senti une grosse crispation. »

Passée la crispation, les discussions devraient reprendre assez rapidement, dans l’objectif, évidemment, de rapprocher les positions. Avec toutefois, un désaccord aussi à résoudre sur le champ de la négociation. Le patronat entend se concentrer sur la grille des salaires. Quand les syndicats de salariés voudraient aussi que l’on traite d’autres sujets clefs pour les salariés. La possibilité de week-end non travaillé. La majoration du salaire le dimanche. L’encadrement et la compensation de la coupure…

Reprise inéluctable des discussions, en bilatérale d’abord, avant la plénière du 16 décembre

« On est prêt à rediscuter, mais pas à ces niveaux (NDLR : d’augmentation des minima), indiquait Thierry Grégoire, le négociateur de  l’Umih, à l’AFP. On a un agenda avec deux calendriers : la grille des salaires puis des négociations sur le reste et les conditions de travail. Ce serait irresponsable de ne pas signer une nouvelle grille avant la fin de l’année », a-t-il prévenu.

« Des choses vont maintenant se décanter en bilatérales, on a quatre semaines pour avancer tranquillement« , déclarait, pour sa part, Stéphanie Dayan à l’AFP. Qui veut oeuvrer, elle-aussi, pour la signature d’un accord d’ici fin 2021. Pourvu que l’effort porte tout particulièrement sur les trois premiers niveaux de la grille des salaires. Quitte, c’est une hypothèse, à diminuer les augmentations envisagées pour les niveaux 4 et 5.

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