La reprise très progressive du tourisme en Europe ne se traduit pas encore dans les chiffres, malgré l'assouplissement des restrictions aux voyages et les mesures de soutien au secteur. A fin avril, l'Organisation Mondiale du Tourisme évaluait à 44 % le recul des touristes internationaux en Europe. L'institution spécialisée des Nations Unies maintient ses trois scénarios de baisse entre 58 % et 78 % pour 2020.
Le Tourisme érigé au rang des priorités des Etats ! L’OMT a publié son premier rapport de synthèse sur les mesures prises par les nations pour atténuer les effets de la crise. Sur les 220 pays et territoires observés, 144 ont adopté des politiques budgétaires et monétaires. Et 100 ont pris des mesures de soutien à l’emploi et à la formation, dans le tourisme et dans d’autres secteurs économiques clé.
A cet égard, l’Europe montre la voie. 33 % des pays de la zone ont adopté des actions ciblées sur le redémarrage du Tourisme. En particulier la France. Notre pays a pris des mesures financières (PGE…), fiscales (report ou annulation des charges) et sociales (chômage partiel). Mais également promotionnelles pour relancer le tourisme interne. A l’image de la campagne #CetÉtéJeVisiteLaFrance d’Atout France. Enfin, l’Europe a également pris des mesures sanitaires : protocoles, guides, labels, certifications…. Mesures indispensables pour rétablir la confiance des voyageurs.
Dans les autres régions du monde, cette politique pro-tourisme ne semble pas aussi marquée. Du moins pour le moment. En Asie-Pacifique, seulement 25 % des destinations ont adopté des politiques de soutien au secteur. La proportion tombe à 14 % dans les Amériques et à 4 % en Afrique.
L’Europe a déjà perdu 44 % de ses visiteurs internationaux
Bien entendu, l’assouplissement, à fortiori la levée des restrictions sur les voyages, vont constituer un levier décisif de la reprise des voyages internationaux. Au 15 juin, 22 % des destinations (48) avaient assoupli leurs restrictions contre seulement 3 % le 18 mai. Dans ce domaine aussi, l’Europe avance plus vite. 37 pays d’Europe, dont 24 des 26 États membres de l’espace Schengen, ont réouvert au moins partiellement leurs frontières. Dont la France.
Il faudra attendre la prochaine livraison de l’OMT, en juillet, pour mesurer l’ampleur réelle de la reprise touristique. A fin avril, en tout cas, la situation continuait de se dégrader. Le marché européen avait enregistré en janvier et février de belles progressions de touristes internationaux (8 et 6 %). Tout a basculé en mars, avec une chute de 40 % des arrivées. Pire en avril encore, avec une dégringolade de 98 %. Entre janvier et fin avril, selon les données collectées par l’OMT, l’Europe a perdu au moins 77,3 millions visiteurs par rapport à la même période de 2019, soit un recul de 44 %.
L’Espagne, à elle seule, a vu près de 11 millions de touristes étrangers se volatiliser en quatre mois. Le nombre d’arrivées dans le pays a reculé de 51 % dans la période. Et la France ? Assez étonnamment, aucune donnée ne figurait le 23 juin dans les rapports de l’OMT.
1 000 milliards de dollars de recettes volatilisées en 12 mois
L’OMT, à ce stade, maintient pour l’année 2020, ses précédentes projections, faites en avril. Elle a bâti trois scénarios, tous de baisse. Parce que la crise n’est pas résolue. Et que la pandémie s’aggrave même dans certaines régions du monde (Amérique du Sud en tête). En conséquence, les flux de visiteurs et de recettes vont continuer de fortement baisser dans les mois à venir.
Entre janvier et avril, le monde a perdu 180 millions d’arrivées internationales et 195 milliards de recettes d’exportations. A la fin 2020, il pourrait perdre au minimum 58 % de ses 1,5 milliards de visiteurs internationaux (soit 870 millions d’arrivées). Et au maximum 78 %, soit 1,170 milliard ! L’OMT ne fournit pas de prévisions sur les pertes de recettes. En 2018 (dernière année connue), celles-ci avaient atteint 1 700 milliards de dollars. On peut raisonnablement estimer à au moins 60 % la diminution des à venir. Fin 2020, le marché touristique aura alors perdu plus de 1000 milliards de dollars.
Il faut espérer trouver dans une prochaine publication de l’OMT des projections par grandes régions du monde. L’Europe, continent le plus frappé jusqu’à maintenant, pourrait au final se rétablir plus rapidement que l’Asie ou l’Amérique. Sauf nouvelle vague endémique gravissime…