Tous les indicateurs de réservations de séjours et de vols le confirment, le tourisme français devrait retrouver dès le printemps un niveau d'activité supérieur à l'exercice 2019. Sauf nouvelle crise internationale, sanitaire ou politique, qu'on ne peut exclure. Les hébergements touristiques, en particulier les hôtels un peu délaissés pendant deux ans, renoueraient avec une forte expansion. Celle-ci serait cette fois d'avantage portée par les visiteurs internationaux, qui feront un retour en force, alors qu'une proportion plus élevée de Français séjourneront cet été à l'étranger.
Tout un symbole ! Depuis les vacances de Pâques, jamais les Parisiens vivant dans les quartiers touristiques n’ont entendu autant parler espagnol ou italien autour d’eux. Nos voisins d’outre-Pyrénées sont même plus nombreux qu’en 2019, selon le Baromètre de l’Office du Tourisme et des Congrès de Paris (OTCP). Dès mars déjà, la clientèle hispanique arrivée par avion était 15 % plus importante qu’à la même période de 2019. Le marché espagnol est le premier à revenir, sur une échelle mensuelle, aux niveaux d’avant-crise.
A l’inverse, les premières données disponibles augurent, aussi, davantage de Français à prendre leurs vacances hors de leur pays. A l’instar des Espagnols… Selon LIDL Voyages (plus de 100 000 clients en 2021), qui se base sur ses ventes, cela ne fait même aucun doute. Les Français privilégieront l’étranger. Avec comme première destination, l’Espagne, pour la troisième année consécutive. Viennent ensuite la Grèce et la Tunisie. La France n’arrivant cette année qu’en 4ème position.
Le distributeur note également une forte progression du panier moyen. Aujourd’hui, il se situe autour de 2 132 euros pour les dossiers d’été contre 1 680 euros en 2019 et 1 484 euros en 2021. Commentaire de LIDL, « les Français n’hésitent plus à augmenter leurs dépenses pour s’évader à nouveau.»
Une double dynamique de croissance, domestique et internationale
Pour autant, une bonne partie des Français, même s’ils se répartiront davantage entre la France et l’international, devraient rester fidèles à l’hexagone. Ce qu’observe en tout cas le groupe Logis Hotels. Avec une hausse de 52 % du chiffre d’affaires généré ses clients français lors des vacances de Pâques. Et une augmentation attendue de 83 % cet été.
Une croissance qui s’ajoute à celle des Britanniques. Le leader des groupes hôteliers indépendants fait état de + 12 % pour Pâques et + 41 % pour l’été. Les autres grandes clientèles européennes de Logis ne sont pas à la traîne. En l’état des réservations, le volume d’affaires généré par les Belges progresse de + 13 % par rapport à 2019, celui des Allemands et des Hollandais respectivement de + 8 et + 5 %.
Toutes clientèles confondues, la centrale de réservation Logis a enregistré une hausse de 37 % de son chiffre d’affaires sur Pâques. Et à mi avril, le chiffre d’affaires de réservations pour l’été dépassait de 68 % celui de 2019.
Même optimisme pour le groupe Best Western Hotels & Resorts France. « Une très belle reprise en perspective pour le groupe, indique Olivier Cohn, son directeur général. « Le printemps est meilleur que 2019 et au-delà de nos prévisions, tant en termes de volume d’affaires que de pick-up. On avoisine les 30% de progression tant sur mai que juin. Et l’été s’annonce très prometteur, avec, à date, un mois de juillet en progression de plus de 60% par rapport à la même période en 2019. »
Best Western France note aussi ce retour de la clientèle étrangère. Elle représente 25% des réservations, majoritairement des Européens mais aussi, enfin, quelques américains.
Quant aux campings, c’est une nouvelle belle saison qui se profile. Selon les premiers chiffres fournis par la Fédération nationale de l’hôtellerie de plein air (FNHPA). Ses adhérents enregistrent + 24 % de réservations pour cet été. Et + 30 % en chiffre d’affaires.
Depuis avril, les réservations hôtelières sont le plus souvent supérieures à leur niveau de 2019
Le momentum de réservations établi par SiteMinder, numéro 1 des plateformes, compare les volume enregistrées sur les mêmes périodes de 2022 et 2019. Avec deux constats superposés.
D’une part, le marché français dépasse régulièrement son niveau d’avant-crise depuis avril. Le premier dépassement s’était produit le 25 février, à un niveau toutefois symbolique (0,5 point). A partir d’avril, l’écart s’est nettement creusé, atteignant même 15 points le 27 avril, pour redescendre autour de 10 points en mai.
D’autre part, ce marché français fait mieux que le mondial qui n’a pas encore renoué avec ses performances de 2019. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni, par exemple, restent très en retard. A l’inverse, l’Espagne est créditée d’une plus fort rebond et fait même mieux que la France (+ 17 points le 18 mai).
La prudence toutefois s’impose. Les volumes de réservations restent irréguliers d’un jour à l’autre, les creux inférieurs aux scores 2019 succédant aux pics supérieurs. Malgré tout la tendance au mois le mois dessine bien une évolution ascendante du marché français.
Source : SiteMinder World Hotel Index (panel mondial de 33 000 hôtels)
Lecture : le 18 mai 2022, le volume de réservations enregistrées pour des hôtels en France représentait 8,13 points de plus (108,13 % ) que son volume du 1er mai 2019.
Le marché hôtelier parisien renoue enfin avec son niveau d’avant-crise
La destination capitale a repris des couleurs vers la fin février avant de retomber à un niveau inférieur à 2019 de mars au 20 avril. A partir du 21 avril, sa progression a été continuellement supérieure à son rang de 2019.
Source : SiteMinder World Hotel Index (panel mondial de 33 000 hôtels)
Lecture : le jeudi 28 avril 2022, le volume de réservations enregistrées pour des hôtels à Paris représentait près de 13 points de plus (113 % ) que son volume du 1er mai 2019. Le 18 mai, il représentait 2,57 points de plus
La clientèle internationale de nouveau majoritaire dans le mix des hôtels français
Les internationaux sont redevenus prépondérants depuis le deuxième trimestre 2022. Et la tendance ne fait que s’accroître. En mars, ils représentaient 53 % des volumes des réservations hôtelières (chiffre arrondis), alors qu’ils n’en pesaient que 21 % en mars 2021. En avril, 56 %, au lieu de 22 % en 2021. Et en mai, 60 %, contre 23 % sur le même mois de l’année précédente.
Source : SiteMinder World Hotel Index (panel mondial de 33 000 hôtels)
Lecture : le jeudi 28 avril 2022, le volume de réservations enregistrées pour des hôtels à Paris représentait près de 13 points de plus (113 % ) que son volume du 1er mai 2019.
Des prévisions d’arrivées aériennes en très fortes progressions sans égaler encore 2019
Le tableau, réalisé par l’Office du Tourisme et des Congrès de Paris (OTCP) porte sur les arrivées prévues de mai à juillet 2022 (*). Leur progression est exponentielle par rapport à 2021. Mais des écarts inférieurs demeurent avec les volumes de 2019. Ils pourraient toutefois se réduire dans les semaines à venir. L’office du Tourisme et des Congrès de Paris anticipe une bascule à partir de juillet. Les arrivées cumulées des marchés européens dépasseraient pour la première fois le niveau de 2019 (+1,5%). Le nombre de sièges prévus sur les compagnies low-cost est en hausse de + 6,1 % par rapport à 2019.
* Arrivées prévues du 1er mai au 31 juillet, à partir du total des réservations effectuées jusqu’au 3 avril 2022.
Sources : Mastercard/Mabrian, Google, Meltwater, Orange Flux Vision, ForwardKeys, Office du Tourisme et des Congrès de Paris.