Les tarifs hôteliers redeviennent le foyer principal d’inflation dans la branche H&R

Alors que l’inflation a de nouveau décéléré en juin sur l’ensemble de l’indice Insee des Prix à la Consommation (+0,2 % sur 1 mois et +4,5% sur 12 mois), les prix des services de restauration et d’hébergement ont au contraire poursuivi leur ascension, au rythme mensuel de 1,3 % et annuel de 5,6 %. Toutefois, au sein des sept principaux postes de ces services, celui des hôtels est le seul poste à enregistrer une nouvelle flambée, avec une hausse mensuelle de 7,6 % et annuelle de 9,2 %. A l’inverse, l’inflation mollit à nouveau dans la restauration, y compris rapide.

Alors que l'inflation a de nouveau décéléré en juin sur l'ensemble de l'indice Insee des Prix à la Consommation (+0,2 % sur 1 mois et +4,5% sur 12 mois), les prix des services de restauration et d'hébergement ont au contraire poursuivi leur ascension, au rythme mensuel de 1,3 % et annuel de 5,6 %. Toutefois, au sein des sept principaux postes de ces services, celui des hôtels est le seul à enregistrer une nouvelle flambée des prix, avec une hausse mensuelle de 7,6 % et annuelle de 9,2 %. A l'inverse, l'inflation fléchit à nouveau dans la restauration, y compris rapide.

Paris est l'une des destinations où les prix moyens ont le plus augmenté. Ici, une chambre du Padam, nouveau 4* ouvert dans le 16 ème arrondissement. Ses tarifs bénéficient d'une offre de lancement de -30 %. Pour cette chambre supérieure de 17 m2, avec literie haut de gamme 160 x 200 et douche à l'italienne, compter 235 euros (au lieu de 336 euros) ou 281 euros (vs 362 euros), petit déjeuner inclus.

Une évolution des prix à deux vitesses dans les CHR

Les experts de l’Insee anticipent un reflux de l’inflation, lent mais progressif. Ce mouvement a débuté en mai. Après être resté sur un plateau de 6 % pendant 11 mois, le glissement annuel des prix à la consommation avait diminué à +5,1 % en mai.  Et ce fléchissement s’est poursuivi en juin (4,5%).

La presque totalité des biens et services entrant dans le panier de l’Insee ont profité de la stabilité des prix de l’énergie (+0,1 % après ‑3 % en mai). Ainsi que d’une accalmie sur les prix de l’alimentation (+0,3 %). Chez la majorité d’entre eux, le quasi équilibre de ces deux gros postes de dépenses a suffi à ralentir significativement la hausse de leur propre prix à la consommation.

Les services de restauration et d’hébergement n’ont pas épousé ce mouvement. Certes, leur poste agrégé enregistre une décélération d’inflation. Mais elle reste encore modeste, de 0,5 points seulement. Son indice est passé d’une hausse annuelle de +6,1 % en avril à une hausse de +5,6 % en mai et en juin.

Si leur indice est resté sur un plateau au cours des deux derniers mois, c’est en raison essentiellement de la virulence des prix des hôtels. La demande, déterminant clef du revenue management, ne se dément pas depuis le deuxième semestre 2022, avec le retour des clientèles longs courriers. Elle incite donc les hôteliers à booster leurs tarifs. A fortiori dans cette période de haute saisonnalité estivale à dominante internationale.

Campings, villages vacances et résidences de tourisme attentifs au budget de leurs clientèles

Au sein des services d’hébergement, les hôtels font d’ailleurs bande à part. Les tarifs des villages vacances, des résidences de tourisme  et plus encore des campings bénéficient, eux-aussi, d’une demande dynamique. Et cependant, leur inflation est moins prégnante actuellement.  

Leur hausse saisonnière de 3,1 % en juin ne contredit pas la tendance à un ralentissement. En avril, leur hausse sur 12 mois atteignait encore 8,8 %.  Sur mai, elle fléchissait à +3,5 %. En juin, elle ne pointait plus qu’à +1,3 %.

Nous émettons l’hypothèse que ces établissements disposent de moins de marge de manoeuvre vis-à-vis de leur coeur de clientèles, au budget plus contraint et au pouvoir d’achat affaibli par l’inflation générale. Ces clientèles, majoritairement françaises, ne seraient sans doute pas prêtes à accepter de fortes hausses d’une saison sur l’autre.

Le scénario d’une évolution des prix à deux vitesses que nous dessinions en mai semble se vérifier. Avec une inflation redevenant modérée dans la restauration. Y compris dans la restauration rapide, qui alignait des hausses record au 1er trimestre 2023. Et une inflation plus enlevée dans les hébergements, du moins dans les hôtels. Comme en témoigne la forte hausse des prix moyens observée en juin par les cabinets privés (MKG, CDS groupe, E-axess spot pilot…)

En juin 2022, les prix des services de restauration et d’hébergement calculés par l’Insee avaient pris + 1,4 % sur 1 mois (après +1,6 % en mai !). Ils avaient grimpé deux fois plus vite (0,7%) que l’ensemble de l’Indice des Prix à la Consommation. 12 mois plus tard, ils affichent +1,4 %, quand la totalité de l’IPC se limite à +0,2 %.

C’est à partir de cette période, mai-juin 2022, que les tarifs de la branche étaient entrés dans une tendance fortement haussière. Jusqu’à aujourd’hui, elle ne s’est pas démentie.

Source : Insee – traitement HR-infos

L’évolution annuelle des prix des services d’hébergement depuis janvier 1990

IPC-Services-dhebergement-HR-Infos- 062023

L’évolution annuelle des prix des services d’hôtels – motels -auberges depuis janvier 1990

IPC-Hotels-HR-Infos-062023

L’évolution annuelle des prix des services de restaurants et cafés depuis janvier 1990

IPC-Restaurants-cafes-HR-Infos–062023

L’INSEE MODIFIE SES PONDÉRATIONS EN ÉLEVANT LA PART DES CONSOMMATIONS
DES MÉNAGES CONSACRÉES AUX SERVICES DE RESTAURATION ET D’HÉBERGEMENT

A noter que la pondération appliquée aux hôtels, motels et autres auberges est de nouveau plus élevée que celle des campings, résidences de tourisme et centres de vacances. Ils dépassent même leur pondération de 2019 (91 vs 87).

Ce qui tend à signifier que ces services d’hébergement sont redevenus plus importants dans les consommations touristiques des ménages.

Tous services confondus, les hébergements, avec une pondération de 196, pèsent davantage au sein de l’Indice des Prix à la Consommation (IPC) qu’ils ne pesaient en 2022 (137) et même en 2019 (177).

La méthodologie Insee

Interrogés par HR-infos, les experts prix de l’Institut expliquent partir des estimations semi-définitives de la consommation 2021. Ces estimations sont produites par la comptabilité nationale et valorisées aux prix de décembre de l’année 2022.

Ensuite, l’Insee applique des évolutions en volume fournies par les comptes trimestriels sur l’année 2022. « Nous prenons donc en compte dans l’évolution des montants de consommation à la fois un effet « Prix » mais aussi un effet « Volume » », explique l’Insee.

Ainsi, le poids des « restaurants et hôtels » en 2023 atteint 895. Ce constitue son niveau le plus élevé depuis 1990. Mais il avait atteind des niveaux assez proches au milieu des années 90.

Le poids des « services de restauration » en 2023 est de 699, niveau le plus élevé depuis 1990. Des niveaux proches avaient été observés au début des années 90 et des années 2000.

Le poids des « services d’hébergement » en 2023 représente 196. Un niveau élevé mais légèrement moins qu’entre 1993 et 1997.

Effet prix et effet volume se conjuguent pour porter le poids des restaurants et hôtels
à leur plus haut niveau depuis 1990

Qu’est-ce qui explique cette évolution importante entre 2022 et 2023 du regroupement « restaurants et hôtels » ? « C’est d’une part un effet « Prix », explique l’Institut, puisque l’évolution entre la moyenne 2021 et décembre 2022 est de +5,3% et d’autre part un effet « Volume » évalué par les comptes trimestriels 2022. »

Surpris par la pondération des « services de restauration rapide et à emporter » (7 points en 2023 vs 6 en 2022), l’Insee répond à HR-infos que son niveau reste « faible » par rapport à l’ensemble « services de restauration » car le montant de départ (estimation semi-définitive 2021) était faible dans la comptabilité nationale. Et ce malgré un effet « Prix » (+5,9% entre les moyennes 2021 et 2022) et un effet « Volume » entrainant une augmentation de son niveau par rapport à 2022.

On observe que l’augmentation du poids de la restauration rapide (7 vs 6, soit +16,7 %) est inférieure à celle de l’ensemble « restaurants et hôtels » (895 vs 660, soit + 35,6 %). La « rapide » représente moins d’1% de l’indice des prix à la consommation du regroupement. 0,21 % exactement.

 

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