En 2024, les hébergements touristiques collectifs ont stabilisé leur capacité d'hébergement autour de 2,419 millions de chambres et d'emplacements. Mais ils perdent encore 195 adresses, dont 128 en hôtels, 26 en campings et 53 en résidences de tourisme et villages de vacances. Tendance de fond, la montée en gamme des adresses d'hôtels et de campings vise les 4 et 5 étoiles. Mais la concentration géographique du parc se poursuit. En dix ans, le nombre de communes avec hôtel est tombé de plus de 5 900 à moins de 5 300. Ce recul touche aussi les campings.
Hébergements touristiques collectifs en France : l’évolution sur cinq ans
Aucun doute, l’érosion du parc se poursuit. Mais à un rythme nettement plus ralenti qu’en 2023. Et toujours d’intensité variable selon les secteurs. Mais globalement, le parc d’hébergements touristiques collectifs perd à nouveau des adresses. Pour la sixième année consécutive ! A la seule exception des auberges de jeunesse.
L’Insee et ses partenaires régionaux recensaient 30 290 collectifs en 2015. Ils n’en dénombrent plus que 27 605 dix ans plus tard, soit un recul de 9 %. L’érosion est un peu moins forte s’agissant des chambres et emplacements, près de 6 %. Le parc en a perdu 148 000 sur un total de 2,419 million d’unités d’hébergement.
Des évolutions fort différenciées selon le type d’hébergement
Si l’on examine chaque type d’hébergement, les évolutions sont plus différenciées. Deux secteurs seulement affichent autant un recul de leurs adresses que de leurs emplacements ou chambres : l’hôtellerie de plein et les villages vacances.
Les campings comptaient ainsi 8 376 adresses en 2015. Ils comptaient près de 1 000 de moins début 2024, soit une baisse de 11,6 %. Parallèlement, le nombre de leurs emplacements passait de près de 921 000 à environ 859 000 cette année, soit une baisse de 6,7 %.
Au passage, on observe le même phénomène que sur les hôtels : l’augmentation des capacités. De l’ordre de 5 % en dix ans, la capacité moyenne étant passée de 110 à 116 emplacements.
Moins d’adresses = moins de couverture géographique
De façon concommittante, ce recul du nombre d’adresses se traduit par une moindre couverture géographique. Si on compte encore 5 008 communes équipées d’au moins un camping, on en dénombrait 5 245 en 2015.
La diminution du nombre de villages vacances est encore plus marquée. Ils ont perdu 16 % de leurs adresses depuis l’année 2015 (1 025 vs 861). Mais ils n’ont perdu que 7 % de leurs nombre de places (de l’ordre de 18 000 sur un total de 243 686).
Et dans ce secteur aussi, d’avantage encore que dans les campings, la capacité moyenne a fortement augmenté, grimpant de 245 unités en 2015 à 283 cette année (soit une hausse de 16 %). Une condition nécessaire à leur rentabilité d’exploitation.
A même cause, même effet. Seules 623 communes disposaient cette année d’un village de vacances. C’est 80 de moins qu’en 2015 (- 16 %).
Les auberges de jeunesse attirent (enfin) les investisseurs, les consommateurs n’attendent que cela
Avec les auberges de jeunesse, les voyants passent au vert. Et il faut s’en réjouir pour un nécessaire rééquilibrage du marché. En 2024, leurs adresses (24 supplémentaires comme leur nombre de lits (710 supplémentaires) augmentent. Ce qui n’était pas le cas en 2023, avec la perte de 5 enseignes.
Sur le temps long, les auberges de jeunesse nouvelle génération ont le vent en poupe. Les jeunes consommateurs, leur clientèle cible, sont peu disposés et peu en capacité de dépenser ne serait-ce que 100 euros et plus par nuit pour une chambre de 12 m2. Et par ailleurs, les investisseurs, britanniques et allemands surtout, sont au rendez-vous.
De fait, en 2015, le territoire français n’offrait que 262 auberges répartis sur 230 communes et 31 663 chambres. Dix ans plus tard, il en propose 355 (+ 35 % !) dans 282 communes, dotés de 46 346 chambres (+ 46 %). On note aussi au passage une hausse de 8 % de la capacité moyenne de 130 chambres. Sachant que certains hostels privés en comptent beaucoup plus. Comme le Generator Paris 10 ème, avec ses 920 lits répartis dans 199 chambres.
Le succès est bien au rendez-vous pour les auberges de jeunesse. Mais il faut les ramener à leur juste proportion. Elles ne représent qu’1 % des adresses d’hébergements touristiques collectifs. Il est souhaitable que les investisseurs soient encore au rendez-vous dans les années à venir. Et que les instances publiques (Bpifrance en tête) prennent leur part dans l’effort d’investissement. Plutôt que de privilégier assez systématiquement le haut et très haut de gamme.
La capacité unitaire des hôtels proche des 40 chambres
Les hôtels, enfin, résument bien deux tendances tranverses. En premier lieu, une contraction du nombre d’établissements, pour la huitième année consécutive. D’environ 9 % sur les dix dernières années. Le territoire comptait 18 328 hôtels en 2015 et 16 722 début 2024. Contraction mécaniquement géographique aussi. Seules 5 237 communes disposent aujourd’hui d’au moins d’un hôtel sur son territoire ( 3 093 n’en disposant que d’un) contre 5 934 dix ans plus tôt.
En revanche, le parc hôtelier a regagné de nouveau des chambres, environ 5 300 pour un total de 656 965. Si le gain est modeste (+0;8 %), il peut laisser augurer un renversement de tendances. Au passage, les hôtels augmentent à nouveau, légèrement…, leur capacité unitaire. Elle est passée de 38,7 chambres à 39,3 chambres. Dix ans plus tôt, elle était de 36 lits. Et en 2002, on était à 32,5 lits.
La hausse progressive de la capacité unitaire des hôtels est historiquement liée au développement des chaînes d’hôtels intégrées. Au début des années 2 000, elles n’envisageaient que des projets gros porteurs. En 2005, notait l’Insee, un hôtel de chaîne offrait en moyenne plus de 76 chambres. Quand celui d’un indépendant n’en proposait que 25.
Les hôtels gagnent en 1, 3, 4 et 5 étoiles
Les évolutions par gamme sont assez similaires à celles observées sur 2023. A savoir, un recul encore plus prononcé du segment des non classés. Ils sont passés sous la barre des 4 000 adresses après en avoir comptées plus de 5 100 en 2015. S’ils regroupent encore près de 84 700 chambres, ils en dénombraient 106 500 il y a dix ans. Et leur taille moyenne est la plus faible du secteur avec 21 chambres seulement.
Un nouveau recul également des classés 2 étoiles qui enregistrent un déficit de 190 établissements et 2 500 chambres.
Si deux gammes reculent, les quatre autres progressent tant en adresses qu’en chambres. Y compris, de nouveau, les hôtels classés en 1 étoile qui repassent au-dessus du seuil des 400 établissements, très éloigné toutefois de leur niveau de 2015 (681 adresses). Ils engrangent même 4 000 chambres supplémentaires, soit une hausse de 31 % en un an. Ce bond est-il en lien avec le recul répété depuis 2021 des non classés qui en perdent encore en 2024 plus de 6 200 ? Une hypothèse plausible…
Les 3 étoiles toujours ventre du marché
La seule nouvelle donne, c’est l’expansion retrouvée des 3 étoiles. Ils avaient perdu 100 adresses en 2023 par rapport à 2022. Ils en gagnent 64 cette année. En revanche, leur nombre de chambres avait continué d’augmenter. C’est évidemment le cas cette année. En dix ans, ce segment, qui reste le premier du marché, a gagné 10 % de chambres supplémentaires.
La progression est encore plus spectaculaire chez les 4 étoiles. 52 % d’adresses supplémentaires depuis 2015. Et 38 % de chambres de plus… Cette gamme, très investie par les chaînes hôtelières intégrées, est également celle qui présente la plus grande taille moyenne : 66 chambres par établissement. Elle a toutefois reculé par rapport à celle de 2015 qui grimpait à 73 %.
Quant aux 5 étoiles, ils demeurent les champions de la croissance, même s’ils ne pèsent que 3 % du parc français et 0,4 % de son volume de chambres. Ils sont par ailleurs concentrés sur 205 communes seulement.
Les 5 étoilés n’étaient que 286 en 2015 et regroupaient 19 656 chambres. Début 2024, l’Insee en recensait 463, dont 106 à Paris, abritant 28 088 chambres. Une croissance inégalée de 62 % en adresses et de 43 % en nombre de chambres. Un choix stratégique de la part des investisseurs facilité sans doute, par le référentiel accomodant du classement hôtelier.
Sources des données et du tableau
- Insee en partenariat avec la DGE (Direction Générale des Entreprises) et les partenaires territoriaux en région
- HR-infos pour la conception du tableau comparatif des données annuelles
Précisions
- données France (hors Mayotte) actualisées au 1er janvier 2023
- les résidences de tourisme incluent des établissement dits « assimilés »
- Les villages de vacances incluent les maisons familiales de vacances
- Les auberges de jeunesses incluent les centres internationaux de séjour et les centres sportifs
- Les données en bleu correspondent à des chiffres en progression par rapport à ceux de à l’année N – 1
- Les données en rouge correspondent à des chiffres en recul par rapport à ceux de l’année N – 1
Article à venir : focus sur les cinq plus importantes villes hôtelières de France
Les dix communes de France les plus équipées en hôtels
Ce classement, on le voit, ne se calque pas sur la taille des communes. Nantes (46 hôtels, 2 610 chambres), sixième ville de France, n’apparait pas dans ce Top 10. Pas plus que la septième, Montpellier (55 chambres et 3 073 chambres). Et ni la dixième, Lille (56 hôtels et 3 935 chambres).
A l’inverse, Lourdes, qui ne compte que 1 7 231 habitants (recensement 2021) tient aussi solidement sur le podium. Bernadette Soubirous fait aussi des miracles pour l’hôtellerie lourdaise…
Les dix communes de France les plus équipées en campings
L’intensité s’explique exclusivement par la situation géographique en littoral de la commune et par son rayonnement touristique populaire.
Sur le littoral méditerranéen, Argelès compte 10 500 habitants en hiver et 158 000 en été ! Sur la façade atlantique Vendéenne, Saint-Jean-de-Monts grimpe de 9 000 à 100 000…