Le chiffre d'affaires du leader européen de l'hospitalité a reculé de 60 % à 1,621 milliards d'euros, son RevPar chutant de 62 % à 24 euros. Accor accuse une perte de 1,998 milliards d'euros, contre un bénéfice de 464 millions en 2019. Les fermetures de frontières et les confinements nationaux ont impacté toutes ses régions, à commencer par l'Europe. Et toutes ses activités, en premier lieu les redevances de Management & Franchise. Le groupe note toutefois au 4ème trimestre des premiers signes de reprise en Asie, Afrique-Moyen Orient et Amérique du Sud. Son réseau et sa solidité financière seront autant d'atouts pour se relancer dès cette année.
Comparaison édifiante et jamais vue… Le montant des pertes qu’Accor a enregistrées de janvier à décembre (2,244 milliards d’euros) est supérieur au chiffre d’affaires qu’il a réalisé sur la même période (1,621 milliard d’euros). Le résultat net part du groupe recule de 564 %, pendant que son chiffre d’affaires baisse de 60 %. On mesure ainsi la gravité du séisme qui a bouleversé les activités du groupe à partir de mars 2020.
Deux indicateurs hôteliers classiques expliquent le sinistre en exploitation. Un taux d’occupation de chambres qui s’écroule de 69,5 % à 37,2 %. Et un prix moyen qui dégringole de 16,7 %, à 71 euros. En découle un RevPar en déroute, abandonnant 62 % et tombant à 24 euros.
Ce niveau d’activités, trop faible pour couvrir charges fixes et variables, ne pouvait qu’entraîner des pertes d’exploitation. Accor affiche, en effet, un Excédent Brut d’Exploitation négatif de 391 millions d’euros après avoir dégagé 825 millions en 2019. La marge d’EBE, bien entendu, est également négative. Elle était de + 20,4 % en 2019. Elle est de – 20,1 % en 2020.
Les investisseurs rassurés par la solidité financière d’Accor et par son modèle asset light
Cette avalanche de chiffres épouvantables ne constitue pas pour autant une surprise. Les analystes financiers, d’ailleurs, les avaient anticipés. Le 24 février, la Bourse a même bien réagi à ces annonces… Sur Euronext Paris, la valeur Accor progressait de 2,84 %, à 35,15 euros (relevé à 17 h).
L’action du groupe progresse même de 18,48 % depuis janvier 2021. Et sur 1 an, elle n’enregistre plus qu’une baisse de – 3,40 % (mais toujours de – 26,7 % sur 3 ans). Après avoir perdu jusqu’à 40 % de sa capitalisation boursière en cours d’année. 2020 s’est d’ailleurs soldé par sa sortie du CAC 40. La première fois depuis le 31 décembre 1987 et son entrée dans l’indice phare d’Euronext le 31 décembre 1987.
Le marché semble également rassuré par la solidité financière du Français. Accor disposait fin décembre d’une liquidité d’environ 4 milliards d’euros. En incluant les 239 millions d’euros ressortis de la cession de 1,5 % de son franchisé chinois Huazu. Le groupe a également activé son programme RESET de réductions de coûts, évalué à 200 millions d’économies récurrentes à l’horizon 2022 (135 millions en 2021). Il a par ailleurs réduit sa consommation de liquidité mensuelle à 61 millions d’euros sur l’année 2020, contre 80 millions d’euros sur le premier semestre 2020.
Accor « plus fort » après la crise ?
Par ailleurs, sur le plan commercial, le réseau Accor est en ordre de marche. 82% de ses hôtels (plus de 4 000 adresses) étaient déjà ouverts fin décembre 2020. Signe de l’attractivité de ses marques auprès des investisseurs, le groupe a pu ouvrir 205 hôtels en 2020 ( 28 942 chambres). Et il dispose d’un pipeline de 1209 hôtels et 212 000 chambres, localisé à 73% dans les marchés émergents.
Le groupe, par ailleurs, compte tirer profit de ses investissements sur le créneau très porteur de l’hôtellerie « lifestyle ». Il a d’ailleurs créé l’an dernier avec Ennismore (contrôlé à 70 %) une entité dédiée regroupant 12 marques (notre article).
« Accor sera plus fort après la crise », promet Sébastien Bazin. Il dispose de 12 mois pour commencer à le démontrer. En premier lieu à ses actionnaires, à qui il ne versera pas de dividendes cette année. Le marché semble, pour l’instant, lui faire crédit. Même si Accor doit renoncer à son objectif d’EBE à 1,2 milliards d’euros en 2022.
La cession progressive de 70 % de ses parts dans AccorInvest (près de 5 milliards de liquidités brutes engrangées) s’avère, a posteriori, une excellente affaire pour l’opérateur asset light. Cession sans laquelle Accor ne disposerait pas de son assise financière actuelle.
Sébastien Bazin, PDG de Accor
« L’industrie hôtelière mondiale a traversé en 2020 une crise sans précédent. Face à la pandémie, Accor, ses collaborateurs et ses propriétaires se sont mobilisés de manière extraordinaire, à travers le monde, pour soutenir les plus touchés et continuer à faire vivre leurs valeurs de générosité, d’accueil et de partage. Dans le même temps, le Groupe a mis en place, rapidement et avec discipline, des mesures de protection de ses ressources. Ces mesures ont porté leurs fruits dès le second semestre et permis de limiter l’impact de la crise sanitaire.
Le Groupe a également poursuivi le déploiement d’initiatives majeures pour anticiper la reprise et consolider sa position de leader dans le lifestyle : mise en place d’une nouvelle organisation simplifiée et agile, rapprochement avec Ennismore au travers de la création d’une entité dédiée regroupant 12 marques uniques dans l’hôtellerie et signature d’un partenariat stratégique avec la marque Faena.
En 2021, alors que le déploiement de la vaccination permet un rebond progressif du tourisme porté notamment par la clientèle de loisirs, Accor est donc idéalement positionné pour bénéficier de la reprise et poursuivre avec détermination sa feuille de route. »