La Société des Bains de Mer remise à flots

La société gestionnaire des principaux hôtels et casinos de la Principauté de Monaco a dégagé un résultat net de 74,6 millions d’euros sur son dernier exercice (clos le 31 mars 2022) , après avoir essuyé une perte historique de 79 millions d’euros un an plus tôt, en raison de la crise sanitaire. Avec un chiffre d’affaires qui progresse de 53,7 % à 530,5 millions d’euros, porté par les recettes hôtelières (213 M€, + 95,7 %) et les jeux (208 M€, + 61,5 %), la SBM dégage à nouveau un résultat opérationnel positif. Mais au prix d’un vaste plan social et du départ volontaire de 234 salariés.

La société gestionnaire des principaux hôtels et casinos de la Principauté de Monaco a dégagé un résultat net de 74,6 millions d'euros sur son dernier exercice (clos le 31 mars 2022), après avoir essuyé une perte historique de 79 millions d'euros un an plus tôt, en raison de la crise sanitaire. Avec un chiffre d'affaires qui progresse de 53,7 % à 530,5 millions d'euros, porté par les recettes hôtelières (213 M€, + 95,7 %) et les jeux (208 M€, + 61,5 %), la SBM dégage à nouveau un résultat opérationnel positif. Mais au prix d'un vaste plan social et du départ volontaire de 234 salariés.

Vue de l'Hôtel Hermitage, façade Excelsior, l'un des 4 hôtels du groupe avec l'Hôtel de Paris, le Monte-Carlo Bay et le Monte-Carlo Beach.

Exit le covid, exit la crise économique. Au moins provisoirement. Le Covid n’a pas totalement disparu. Et la guerre en Ukraine pourrait également impacté les activités de la Principauté, qui comptent pas moins de 750 résidents russes.

Mais d’autres difficultés, managériales cette fois et d’une bien moindre ampleur, se profilent sans doute pour la SBM.

Le groupe d’hôtellerie de luxe et de loisirs se rapproche, en tout cas, de son volume d’activité record réalisé en 2019-2020 (619,8 millions d’euros). En profitabilité pure, la SBM, avec un CA inférieur de 14 %, a dégagé  un résultat opérationnel bien supérieur à son niveau d’avant-crise : 35,4 millions d’euros, contre 22,6 millions d’euros il y a deux ans. Son résultat net passe d’ailleurs 2,577 millions d’euros à 76,4 millions d’euros. Un seuil jamais atteint jusque là qui s’explique en grande partie par les excellents résultats de sa filiale Betclic Everest Group (qui va être cédée cette année, pour une valorisation à 850 millions d’euros de sa participation de 47,3 %).

La SBM n’a pas encore détaillé pour l’exercice 2021-2022 la profitabilité de ses trois métiers : hôtellerie, jeux, locatif. Lors des trois derniers exercices, seul son secteur locatif (boutiques, bureaux, résidences) dégageait un résultat opérationnel positif. Contrairement à l’hôtellerie (hébergement et restauration) et aux jeux dont le déficit opérationnel s’était creusé en 2021.

De la crise financière à la tension sociale 

C’est peut-être la question sociale qui turlupine le plus aujourd’hui la SBM. Le groupe sort tout juste d’un plan social lancé en 2020. Il a conduit à 236 suppressions de postes, dont 234 volontaires. Elles concernaient des salariés de 57 ans et plus. La SBM avait provisionné environ 25,3 millions d’euros. Un coût amorti par les économies récurrentes. De l’ordre de 25 millions par an, dès l’exercice 2021-2022. Les effectifs du premier employeur monégasque ont baissé d’au moins 10 % pour atteindre environ 3200 salariés aujourd’hui.

La problématique sociale se concentre aujourd’hui sur les revendications de salaires et conditions de travail et le manque de main d’oeuvre.

Des mouvements sociaux, grève et manifestations, ont eu lieu en mai. Les salariés revendiquent un salaire minimum mensuel brut porté à 2250 euros. Les partenaires sociaux doivent se retrouver à la mi juin pour débattre de nouvelles propositions, sous l’égide du Gouvernement Princier.

La pénurie de saisonniers risque de brider l’activité

Quant à la pénurie de main d’oeuvre, elle semble avoir gagné aussi les adresses luxueuses de la Principauté. Ce qui ajoute aussi au malaise du personnel en place, surchargé. Lors de sa conférence de presse du 31 mai, Jean-Luc Biamonti, président délégué de la SBM, faisait état de « 30 à 40 » saisonniers manquant à l’appel. Sur les 700 que la SBM emploie habituellement entre mai et septembre.

Du coup, la SBM pourrait être conduite à supprimer des services et limiter les niveaux de réservation. Biamonti prend l’exemple du Em Sherif, le restaurant libanais de l’hôtel de Paris. Si, désormais, il sera ouvert toute la semaine, ce sera seulement à partir de 16 h. Et en contingentant les réservations pour éviter de mécontenter les clients admis.

Valorisé environ 2,1  milliards d’euros, le capital de la Société des Bains de Mer (coté sur Euronext Paris) est détenu à hauteur de 64,21 % par l’Etat monégasque. Les actions au main du public représentent 25,8 %. Une filiale du groupe LVMH (Ufipar) et une filiale de Galaxy Entertainment Group détiennent depuis 2018 respectivement 5 % et 4,99 %).

Comparaison des deux derniers exercices

Chiffre d’affaires de 530,5 millions d’euros contre 336,9 millions d’euros l’exercice précédent avec :

  • un chiffre d’affaires jeux de 200,8 millions d’euros contre 124,3 millions d’euros en 2020/2021
  • des recettes hôtelières de 213,3 millions d’euros contre 109 millions d’euros précédemment
  • la croissance continue des activités locatives avec un chiffre d’affaire en hausse de 11 % à 117,6 millions d’euros
  • Le chiffre d’affaires reste cependant inférieur de 14 % à celui réalisé au cours de l’exercice 2019/2020.

Résultat opérationnel en profit de 35,4 millions d’euros contre un résultat déficitaire de – 103,3 millions d’euros l’exercice précédent et un profit opérationnel de 22,6 millions d’euros en 2019/2020.

Résultat net consolidé en profit de 76,4 millions d’euros contre un déficit de 79,1 millions d’euros pour l’exercice 2020/2021, avec :

  • un résultat financier négatif de – 5,2 millions d’euros
  • la prise en compte des impacts liés à la participation dans Betclic Everest Group pour un montant de + 46,2 millions d’euros contre + 30,9 millions d’euros l’exercice précédent

L’évolution des résultats depuis dix ans

Un résultat opérationnel porté jusque là par le secteur locatif

La rentabilité opérationnelle des activités hôtelières (hébergement + restauration) et des jeux apparaissait comme négative lors des trois exercices précédents. Seul le secteur locatif dégageait une profitabilité opérationnelle. Ce pôle regroupe les activités de location de boutiques et de bureaux ainsi que
les activités des résidences hôtelières du Monte-Carlo Bay, du Balmoral, des Villas du Sporting et du One Monte-Carlo.

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