Le tribunal de commerce de Nanterre a acté le 21 juin le rachat par le groupe angevin La Boucherie de la marque Courtepaille et de 87 de ses restaurants, dont les 77 franchisés et 10 exploités en succursale. Cette reprise très partielle entraine la fermeture de 128 restaurants Courtepaille et le licenciement de près de 1 300 salariés sur les 2 029 que le réseau comptait. Parmi les autres salariés, 158 devraient être repris par La Boucherie et 512 par Napaqaro, l'ancien propriétaire de Courtepaille, pour ses restaurants Buffalo Grill et Popeyes.
Un vrai sinistre économique et social, comme la branche Hébergement Restauration en a assez peu connu. Avec à ce stade, la fermeture définitive de près de 130 restaurants. Et le licenciement de plus d’un salarié sur deux de Courtepaille, soit près de 1 300. Licenciement assorti d’aucune offre de reclassement. C’est d’avantage encore que chez Flunch en 2021. L’enseigne du groupe Auchan avait alors licencié 980 employés et fermé 49 restaurants.
Le bilan aurait été encore beaucoup plus lourd sans l’offre acceptée du groupe La Boucherie. Le groupe indépendant angevin restait d’ailleurs le seul candidat encore en lice.
Selon le quotidien Le Figaro, au moins deux autres candidats avaient manifesté leur intérêt avant de se retirer. En l’occurence, le fonds américain HIG Capital (Quick) et le groupe Bertrand (Hippopotamus, Burger King…), déjà éconduit en août 2020, lors du précédent redressement judiciaire de Courtepaille. Le tribunal de commerce d’Evry-Courcouronnes lui avait alors préféré l’offre de TDR (Napaqaro), la jugeant mieux-disante. Napaqaro s’engageait sur la reprise de 2 208 salariés et sur un business plan plus ambitieux. Qui aura finalement échoué…
Le Figaro évoque aussi un candidat «outsider», Hakim Benotmane. Cet entrepreneur et homme d’affaires (fondateur de l’enseigne Nabab Kebab) avait proposé de reprendre l’intégralité des restaurants. Le tribunal avait finalement écarté sa candidature faute de garanties suffisantes.
L’offre de reprise partielle de la Boucherie
Le groupe La Boucherie va reprendre l’intégralité des 77 restaurants franchisés de l’enseigne. Ainsi que dix établissements en succursale. Soit au total, 40 % du parc. Il reprend également la marque Courtepaille, qu’il conservera comme enseigne commerciale.
« Nous sommes ravis d’accueillir Courtepaille au sein de notre famille de marques et de travailler à préserver son identité et son héritage tout en lui insufflant une nouvelle dynamique », a déclaré Alexandre Baudaire, directeur général délégué de La Boucherie, cité par un communiqué du groupe. Le groupe « s’appuiera sur les équipes Courtepaille et les franchisés pour relancer la marque et son développement », a-t-il ajouté.
Sur les 87 restaurants, cinq seraient repris par des salariés (Gonesse, Saint-Brice-sous-Forêt, Rennes Pacé), ou par des franchisés (Brie-Comte-Robert, Ormesson).
La Boucherie, par ailleurs, s’engagerait à soutenir d’autres repreneurs de restaurants Courtepaille fermés. Sous réserve d’accords avec les bailleurs des fonds de commerce.
Sur les 2 039 salariés de Courtepaille, majoritairement employés dans les 144 restaurants filiales de Napaqaro, son propriétaire, plus d’un millier ne seront pas repris à ce stade.
De son côté, Napaqaro proposerait 512 offres de reclassement interne au sein de ses enseignes Buffalo Grill et Popeyes.
La Boucherie, spécialiste de la viande de boeuf et de la franchise
Le premier restaurant La Boucherie a vu le jour en 1974 à Megève. Sa création revient à Jacques Salmon, boucher de métier.
En 1987, Jacques Salmon s’associe à Bertrand Baudaire, diplômé de l’École Hôtelière de Saint-Nazaire, président actuel du groupe La Boucherie. Ensemble, ils créent une « Société de Franchisage des Restaurants La Boucherie », chargée du développement et de l’animation du réseau La Boucherie Restaurant.
Aujourd’hui, le groupe s’est étoffé d’autres enseignes. En particulier Poivre Rouge (78 restaurants), racheté en 2019 au groupement des Mousquetaires. Mais également Bistrot du Boucher (5 unités), Le Kiosque du Boucher, (2 unités) Mister Döner (4 unités) et Constant. Il possède également depuis 20 ans,un atelier de découpe et de maturation à Brive-la Gaillarde (Corrèze).
Avant Courtepaile, le groupe, présidé par Bertrand Baudaire, détenait 160 restaurants franchisés dans l’Hexagone et dans le monde (Thaïlande, Suisse…). Avec, en 2022, un volume d’affaires sous enseignes de 160 millions d’euros TTC.
Avec la reprise de Courtepaille, il comptera 253 restaurants et près de 3 000 collaborateurs.