Entre travailleurs indépendants classiques et micro-entrepreneurs, de gros écarts de revenus d’activités

Sur les 191 000 travailleurs indépendants que comptait l’Hébergement Restauration en 2023, plus de 74 % étaient des indépendants classiques. Tandis que près de 26 % relevaient du statut de micro-entrepreneurs. Tant en revenus qu’en évolution démographique, les différences et les écarts se creusent entre ses deux catégories. Ainsi par, exemple, le revenu mensuel moyen d’un micro-entrepreneur s’élève à 680 euros. Tandis que celui des indépendants classiques monte à 2060 euros. Un revenu pourtant bien inférieur à celui de la majorité des autres secteurs d’activité.

Sur les 191 000 travailleurs indépendants que comptait l'Hébergement Restauration en 2023, plus de 74 % étaient des indépendants classiques. Tandis que près de 26 % relevaient du statut de micro-entrepreneurs. Tant en revenus qu'en évolution démographique, les différences et les écarts se creusent entre ses deux catégories. Ainsi par, exemple, le revenu mensuel moyen d'un micro-entrepreneur s'élève à 680 euros. Tandis que celui des indépendants classiques monte à 2060 euros. Un revenu pourtant bien inférieur à celui de la majorité des autres secteurs d'activité.

Indépendant classique ou micro-entrepreneur ? On l'ignore. S'il se déclare micro-entrepreneur, il a de plus fortes chances d'exercer d'autres activités en parallèle qu'un indépendant classique mais il est probable aussi qu'il déclare des revenus moins élevés. Photo : Oksana - Adobe Stock. Avec l'aide de l'IA.

Fin 2023, 142 000  non-salariés (hors micro-entrepreneurs) travaillaient dans le secteur de l’Hébergement Restauration. En proportion d’environ 85 % dans la Restauration et de 15 % dans l’Hébergement.

Leur effectif a légèrement diminué (-1,2 %) par rapport à celui de 2022. Il est également en recul de 2,8 % sur son niveau de 2019. Cette diminution va à rebours de la tendance générale. Avec une stabilité au regard de 2022 (+0,1%) et une modeste hausse au regard de 2019 (+0,8 %).

Ce recul est également en contradiction avec la hausse des effectifs de micro-entrepreneurs. Et celle des salariés. L’Insee constate la tendance mais ne la décrypte pas dans cette étude « quanti ».

Parmi ces travailleurs indépendants classiques de la branche (hors micro-entrepreneurs), près d’1 sur 5 (18,7 %) affichaient cette année-là un revenu d’activité nul ou déficitaire. Un taux nettement plus élevé que la moyenne calculée pour l’ensemble de secteurs d’activité (10,6%). Et légèrement moins élevé que celles des deux secteurs d’activité les plus affectés : les activités immobilières (- 27,3 %) et le commerce de détail hors magazin (-21 %).

Pour ces non-salariés classiques, le revenu d’activité moyen mensuel s’élève à 2 060 euros. Il recule en euros constants (inflation comprise) de -5,8 % entre 2023 et 2022 et de -8,1 % entre 2023 et 2019. Tout comme en 2022, une forte inflation a nettement pesé sur leurs revenus disponibles, et in fine, sur leur pouvoir d’achat. Ce constat se vérifie pour la totalité des secteurs d’activité.

1 travailleur indépendant « classique» sur 2 perçoit moins de 1 790 euros par mois 

Parmi les travailleurs indépendants classiques qui ont déclaré un revenu positif, 1 sur 10 percevait moins de 340 euros par mois. Alors que la moyenne inter sectorielle de ce 1er Décile (note 1) se monte à 670 euros.

Cette comparaison défavorable se vérifie pour le 1er quartile (note 2). 1 indépendant HR sur 4 perçoit moins de 910 euros. Alors que la moyenne inter sectorielle grimpe à 1 560 euros. Avec des pointes à 4 800 euros pour les médecins et dentistes.

Vient ensuite le revenu dit médian (note 3). L’écart est là aussi important. 1 indépendant sur 2 de la branche perçoit moins que le revenu médian de 1 790 euros. Alors qu’il atteint 2 990 euros en moyenne, tout secteur d’activité confondu.

Au troisième quartile (note 4), 25 % des TI classiques perçoivent un revenu d’activité supérieure à 3 050 euros. A comparer aux 5 260 euros pour la moyenne sectorielle. Chez les médecins et dentistes, il grimpe à 12 570 euros.

Quant au 9ème décile (note 5), qui concerne 10 % des indépendants, il s’élève à 5 050 euros, contre 9 300 euros pour la moyenne sectorielle.

La dispersion des revenus est donc très importante. Le rapport entre les 10 % qui touchent le moins (1er décile) et les 10 % qui touchent le plus (9ème décile) est de 14,7. Les 10 % les mieux rémunérés chez les indépendants classiques perçoivent un revenu près de 15 fois plus élevés que les 10 % les plus mal rémunérés.

Les micro-entrepreneurs en progression d’effectifs et de revenus 

Ce statut a-t-il le vent en poupe dans la branche ? Leur effectif progressait encore en 2023 (+7,2%) quand celui des indépendants classiques reculait.  Dans l’Hébergement et la Restauration, 25,6 % des 191 000 travailleurs indépendants étaient des micro-entrepreneurs (près de 49 000, dont près de 20 % dans l’Hébergement). 22,9 % de ces micro-entrepreneurs étant des pluriactifs (**). Contre environ 9,5 % chez les indépendants classiques.

Leur revenu mensuel moyen de 680 euros est pourtant nettement inférieur à celui des indépendants classiques. Mais il a légèrement progressé par rapport à 2022 (+ 2,5 % en euros constants)

Ces 680 euros correspondent toutefois à la moyenne intersectorielle. Dans le secteur de l’architecture et de l’ingénierie, il se monte à 1 160 euros. Et dans le secteur des professions paramédicales et des sages-femmes, il atteint à 1 320 euros.

L’Insee n’a pas publié les déciles des revenus des micro-entrepreneurs.

(**) qui exercent simultanément plusieurs activités, non salariées à titre principal, et/ou salariés.

(1) le premier décile (noté généralement D1) est le revenu au-dessous duquel se situent 10 % des indépendants.

  • (2) le premier quartile (noté généralement Q1) est le salaire au-dessous duquel se situent 25 % des revenus.

 (3) Revenu tel que la moitié des non salariés gagne moins et l’autre moitié gagne plus. 

(4)  Revenu au-dessus duquel se situent 25 % des non salariés.

(5) le 9ème décile (D9) du revenu disponible correspond au niveau au-dessous duquel se situent 90 % de ces revenus. C’est de manière équivalente le niveau au-dessus duquel se situent 10 % des revenus.

Source : données Insee 

Les données Urssaf

L’Urssaf recensait fin 2023 environ 203 500 travailleurs indépendants administrativement actifs dans la branche. Dont 33 250 dans l’Hébergement. Et envirion 170 250 dans la Restauration et les Débits de Boissons.

Ce recensement est donc un peu supérieur aux données Insee (191 000 non-salariés).

Le terme d’indépendant masque des statuts fort différents et des réalités professionnelles encore plus disparates. Ainsi, la première famille de travailleurs indépendants, dits classiques, comprend aussi bien des commerçants que des artisans ou même des professions libérales.

Si l’on se fie aux données de l’Urssaf sur leur effectif administrativement actif en 2023, on recensait ainsi dans l’Hébergement environ 20 250 indépendants classiques, dont 19 265 commerçants, mais seulement 471 artisans et 389 professions libérales. Ventilation pas exactement similaire dans la Restauration et les Débits de Boissons. Sur les 114 215 indépendants classiques, les commerçants sont également majoritaires (96 746). Mais les artisans proportionnellement plus nombreux (16 811, soit 15 % de l’effectif).Et, à l’inverse, les libéraux encore plus marginaux que dans l’Hébergement (489, soit 0,4 % de l’effectif).

Cette trinomie se retrouve aussi chez les micro-entrepreneurs administrativement actifs. Sur les 56 000 opérant dans la Restauration et les Débits de Boissons, près de 32 000 se déclarent en tant que commerçants, plus de 23 800 en qualité d’artisans. Et seulement 324 en profession libérale…

Surtout des commerçants chez les micro-entrepreneurs 

Dans l’Hébergement, la ventilation est fort différente. les quelques 13 000 micro-entrepreneurs sont très majoritairement déclarées en commerçants (12 600), les artisans n’étant que près de 300 et les Professions libérales une centaine. »>données de l’Urssaf</a> sur leur effectif administrativement actif en 2023, on recensait ainsi dans l’Hébergement environ 20 250 indépendants classiques, dont 19 265 commerçants, mais seulement 471 artisans et 389 professions libérales.

Ventilation pas exactement similaire dans la Restauration et les Débits de Boissons. Sur leurs quelque 114 215 indépendants classiques, les commerçants sont également majoritaires (96 746). Mais les artisans proportionnellement plus nombreux (16 811, soit 15 % de l’effectif) et les libéraux encore plus marginaux que dans l’Hébergement (489, soit 0,4 % de l’effectif).

Cette trinomie se retrouve aussi chez les micro-entrepreneurs administrativement actifs. Sur les 56 000 opérant dans la Restauration et les Débits de Boissons, près de 32 000 se déclarent en tant que commerçants, plus de 23 800 en qualité d’artisans. Et seulement 324 en profession libérale…Dans l’Hébergement, la ventilation est fort différente. les quelques 13 000 micro-entrepreneurs sont très majoritairement déclarées en commerçants (12 600), les artisans n’étant que près de 300 et les Professions libérales une centaine.

Quant aux revenus, les résultats de l’Urssaf, non directement exploitables, nécessiteraient un article à part entière. On peut toutefois dégager quelques tendances.

Pour ne prendre que quelques exemples, la somme annuelle des revenus déclarés des indépendants classiques de la Restauration et des Débits de boissons s’élève en 2023 à 2,530 milliards d’euros répartis entre 112 226 cotisants ayant dégagé un  revenu. Ce qui fait une moyenne annuelle de 22 545 euros de revenus déclarés par cotisant. Soit une moyenne mensuelle de 1 879 euros (vs 1 877 euros en 2022). Un montant proche de celui de l’étude Insee.

Chez les micro-entrepreneurs de la Restauration et des Débits de boissons, le niveau de leur revenu est beaucoup plus bas. 6 273 euros annuel (vs 6008 en 2022), soit 523 euros mensuel (501 euros en 2022).

Chez les indépendants classiques exerçant dans l’Hébergement, le revenu par cotisant est également inférieur à celui constaté dans la Restauration et les Débits de boissons. Il s’élève à 1 707 euros par mois.

Comparaison inversée chez les micro-entrepreneurs en Hébergement.  Leur re revenu mensuel est nettement supérieur à leurs homologues de la Restauration et des Débits, puisqu’il s’établit en moyenne à 812 euros. Seule une analyse qualitative permettrait d’identifier les raisons de ces différences.

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