Des effectifs salariés de la branche qui vont croissant, les difficultés à les recruter également

Dans une recherche menée sur les Données Sociales Nominatives (DSN), la Dares (direction des études et statistiques du ministère du Travail) met en évidence les liens entre les très fortes tensions de recrutement à l’été 2022 et la très forte croissance de la demande de travail émanant des entreprises du secteur. Tensions exacerbées par l’habituel pic saisonnier et par une moindre fidélisation de sa main d’oeuvre. Les entreprises répondent à ce besoin de saisonniers en attirant de plus en plus de salariés qui n’exercaient pas dans le secteur l’année précédente.

Dans une recherche menée sur les Données Sociales Nominatives (DSN), la Dares (direction des études et statistiques du ministère du Travail) met en évidence les liens entre les très fortes tensions de recrutement à l'été 2022 et la très forte croissance de l'offre de travail émanant des entreprises du secteur. Tensions exacerbées par l'habituel pic saisonnier et par une moindre fidélisation de sa main d'oeuvre. Les entreprises répondent à ce besoin de saisonniers en attirant de plus en plus de salariés qui n'exercaient pas dans le secteur l'année précédente.

Double difficulté pour la branche : recruter pour pallier à des départs croissants, par démission et refus de reconduction de contrat saisonnier, et pour couvrir des postes supplémentaires. Bilan : alors que ses effectifs augmentaient de 7,6 % entre juillet 2022 et 2021, le nombre de nouveaux entrants, non présents dans la branche, s'accroissait de 22 %. Photo : Davit85 - Adobestock

Sur 1,6 million de salariés, 39 % étaient de nouveaux entrants dans la branche

Leurs besoins de main d’oeuvre n’ont jamais été aussi importants. Il n’est donc pas surprenant que 75 % des entreprises de la branche déclarent rencontrer des difficultés de recrutement. Un niveau inédit depuis que cette information est collectée, souligne la Dares.

Leurs difficultés à embaucher ont commencé de fortement progresser à partir de l’été 2021, après la levée des restrictions de la 3ème vague de Covid-19. Puis de nouveau à l’été 2022. Toute l’économie française a connu ces tensions. Mais elles sont devenues encore plus vives dans l’Hébergement Restauration. A preuve, avant la crise sanitaire, ses difficultés étaient équivalentes à celles des services. Puis progressivement, elles sont devenues supérieures, de 11 points entre le 3ème trimestre 2021 et le 2e trimestre 2023.

368 000 salariés supplémentaires, un record historique 

Et pourtant, malgré ses difficultés, la branche a augmenté ses effectifs de 368 000 salariés (dont 234 000 dans la Restauration et 138 000 dans l’Hébergement) entre janvier et juillet 2022. Juillet étant le mois social culminant dans l’année, les effectifs reculant à partir du mois d’août. Et sur 12 mois, ses effectifs ont grimpé de 7,6% pour passer de 1,583 million à 1,655 million de salariés.

Ce surcroit de 368 000 salariés constitue d’ailleurs un record historique. En 2019, il culminait à 302 000 salariés (dont 182 000 en Restauration). Et en 2018, à 277 000 salariés (dont 117 000 dans l’Hébergement).

La stabilité du personnel en recul sensible

Et pourtant, alors que ses effectifs s’accroissaient en 2021 puis en 2022, la fidélisation de la main d’oeuvre déjà en place allait en décroissant. Les entreprises devaient donc embaucher davantage… En effet, seuls 66 % des salariés de l’hébergement-restauration en juillet 2021, soit environ 1 million, étaient encore en poste dans ce secteur en juillet 2022. Une proportion inférieure à celle des salariés qui avaient travaillé à la fois en juillet 2018 et juillet 2019 (68%).

L’autre difficulté majeure, pour la branche, tenait au remplacement de ce demi million de salariés disparus de la branche d’une année sur l’autre. 523 000 personnes qui travaillaient dans l’Hébergement Restauration en juillet 2021 en étaient sorties en juillet 2022… Qui dit pire ?

Des recrutements d’entrants sans expérience professionnelle dans la branche

Comment la branche a pu, malgré tout, reconstituer et étoffer ses effectifs ?  La Dares n’a pas étudié ici, ce n’était pas son objet, l’attractivité même de ses offres. Mais elle observe en tout cas que, plus que dans le passé, elle a étendu son recrutement au-delà du secteur de l’hébergement-restauration. Elle a été donc conduite à recruter des personnes dépourvues d’expérience professionnelle dans le secteur. Et n tout cas dans les 12 mois précédant l’embauche.

La conclusion de la Dares est claire : la forte hausse du nombre de nouveaux entrants dans le secteur a tiré la croissance des effectifs. On en dénombrait 640 000 en juillet 2022. Contre 524 000 le même mois en 2021. Et 535 000 en 2019… Sur les quelque 1,6 million de salariés en activité en juillet, 39 % ne travaillaient pas dans l’HR dans les 12 mois précédents. Ce pourcentage était sensiblement plus bas en juillet 2021 (34 %) et même en juillet 2019 (35 %)

« Ce renouvellement des effectifs plus important que les années précédentes accroît la charge associée aux embauches (recherches de candidats, de formation, etc.),»  conclue la Dares. Renouvellement qui pourrait être aussi, « pour partie, à l’origine de la hausse des difficultés de recrutement rapportées par les entreprises dans les enquêtes de conjoncture.» 

Enfin, ce qui complique aussi la tâche de recrutement, c’est la mobilité accrue entre entreprises. Ainsi, entre juillet 2021 et juillet 2022, 25 % des salariés de l’hébergement-restauration à ces deux dates changent d’employeur, contre 21 % entre juillet 2018 et juillet 2019.

Et, pour ne rien arranger, le taux de démission de CDI dans la branche est quant à lui passé de 28 % en 2019 à 31 % en 2022.

 

Lecture
En juillet 2022, 1 655 000 salariés ont au moins un contrat en Hébergement-Restauration (« salariés travaillant en H-R »), dont 1 015 000 (61 %) occupaient déjà un poste dans ce secteur un an plus tôt (« restants en H-R ») et 640 000 (39 %) qui n’exerçaient pas dans ce secteur un an auparavant (« nouveaux entrants en H-R »).

Ce même mois, 523 000 salariés présents en H-R en juillet 2021 ne sont plus salariés dans ce secteur: 214 000 rejoignent un autre secteur privé (« sortants (autre secteur) ». Et 309 000 quittent l’emploi salarié privé (« sortants (hors emploi salarié privé). »

Champ : France hors Mayotte, secteur de l’hébergement-restauration.
Source: Dares, DSN, calculs Dares.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]

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