(Ce n’est que notre analyse mais on la partage)
De la restauration collective à une myriade de services, un modèle familial résistant
Qu’est-ce-qui relie encore Sodexo à son passé d’entreprise cinquantenaire née à Marseille en 1966 ? Sa famille, toujours détentrice du contrôle du capital et du conseil d’administration, et son positionnement de société de services.
Pour le reste, beaucoup de choses ont changé dans la physionomie de Sodexo, outre sa taille. Les Bellon ne sont plus aux commandes opérationnelles du groupe depuis 2005 et la prise de fonction de Michel Landel qui succéda au père fondateur, Pierre Bellon. Par ailleurs, la société n’est plus focalisée sur la restauration collective, bien qu’elle en demeure le numéro 2 mondial (derrière le britannique Compass). Elle s’est ouverte à une multitude de services, à commencer par la plus lucrative, les titres de services prépayés, dont elle est également devenue numéro 2 (derrière Edenred).
Le groupe a assuré sa croissance par l’internationalisation de ses activités et l’extension de leur périmètre, en multipliant au fil des ans des acquisitions majeures et en sachant tirer partie des grandes vagues d’externalisation de par le monde. Mais en gardant toujours les contrats de services comme dénominateur commun. Pas d’usines ni de laboratoires chez Sodexo, trop gourmands en fonds propres, en dehors de quelques cuisines centrales. Mais des services aux entreprises et aux collectivités. De services aux individus séjournant ou travaillant au sein de structures publiques ou privées. Et désormais aussi, des services aux personnes vivant à leur domicile.
De la prise en charge complète de base-vies aux soins à domicile pour personnes âgées, de la maintenance technique de bâtiment à la conciergerie d’entreprise, de la restauration du cabaret Le Lido à la gestion de crèche, le groupe français déploie aujourd’hui plus 100 métiers différents dans 80 pays. Il a réalisé plus de 20 milliards d’euros de CA en 2015-2016 (en hausse de +2,2 % par rapport à l’exercice précédent), 637 millions d’euros de résultat net part du groupe (en baisse de 6,8 %) et affiche une capitalisation boursière de 18,9 milliards d’euros qui le place de nouveau, depuis 2016, dans l’indice CAC 40.
Sans cet actionnariat familial de long terme, des investisseurs « professionnels » contrôlant Sodexo auraient sans doute opéré des cessions parmi ce conglomérat de services regroupés un peu artificiellement sous l’accroche « Services de qualité de vie ». AccorHotels constitue en la matière le parfait contre exemple de Sodexo. Les fonds actionnaires du groupe hôtelier, Colony en tête, pour mieux valoriser leurs investissements, revendirent en effet toutes les activités historiques de titre-services et de restauration développées par les fondateurs du groupe, Paul Dubrule et Gérard Pélisson.
Lequel des deux modèles est le plus pertinent ? Vaste question ! Pour un investisseur financier, la réponse semble évidente. Pour un actionnaire patrimonial, elle l’est beaucoup moins. Encore que ! Dubrule et Pélisson le furent au départ avant d’être rapidement dilués, compte tenu des besoins en fonds propres dont l’industrie hôtelière était fort avide, bien davantage que les sociétés de services. Le duo adouba d’ailleurs la cession historique des titres-services, après avoir longtemps expliqué qu’Accor, c’était deux métiers complémentaires…
Aucun indice ne laisse penser en tout cas que la famille Bellon envisage d’infléchir la stratégie de Sodexo. Qui semble lui réussir d’un strict point de vue financier. En l’espace de 5 ans (entre le 8 juin 2012 et le 2 juin 2017), la valeur de l’action Sodexo a augmenté de 108,5 % (chiffre arrondi), celle d’AccorHotels de 79,2 % (arrondi) et celle de l’indice CAC 40 de 75,9 %. Quant à sa politique de dividendes, elle fut relativement généreuse ces cinq dernières années : 2,40 euros par action pour l’exercice 2016, 2,20 euros en 2015. Ce qui ne fut pas toujours le cas dans un passé plus lointain. AccorHotels a versé pour sa part 1,05 euros par action en 2016 et 1 euros en 2015. Comparaison toutefois n’est pas raison, le seul cours de bourse et le seul dividende étant évidemment insuffisants pour juger du rendement d’un investissement.