C'est, en principe, le lundi 17 et mardi 18 septembre que le tribunal de commerce de Marseille devrait examiner les offres définitives des candidats à la reprise du groupe hôtelier Maranatha.
Rappelons que les structures de tête du groupe marseillais fondé en 2007 par Olivier Carvin, ont été placées en redressement judiciaire en septembre 2017. De même, la majorité de ses 58 hôtels en gestion ont été mis en redressement en octobre et novembre 2017, les derniers en janvier 2018
Les deux administrateurs judiciaires, les cabinets Aja et Gillibert & Associés, ont examiné 23 offres depuis avril dernier. Pour en présélectionner finalement 5, susceptibles d'être modifiées et améliorées jusqu'au mercredi 12 septembre.
Et peut-être 6, selon une information du JDD (9/09/2018), s'il décide le 10 septembre de retenir l'offre de Cidhotel, véhicule d'investissement réunissant le groupe PRI du marchand de biens de luxe Pierre Reynaud, la SARL Mespar Invest de Jean-Raoul Ismaël et l'audit expert-comptable Alain Guinot. L'opérateur Hotels en ville, qui gère une quinzaine d'établissements à Paris, apporterait son savoir-faire d'exploitant.
"Nous sommes le petit Poucet de la bande", se qualifie Pierre Reynaud (cité par le JDD). Autre particularité : Cidhotel se dit prêt à racheter tous les actifs pour un montant de 450 millions d'euros dans le cadre d'un plan de cession immédiat et non d'un plan de continuation. "La continuation, c'est la garantie d'un scandale à l'arrivée parce que les repreneurs redéposent le bilan au bout de deux ou trois ans après avoir dépecé l'entreprise et effectué des licenciements", fait valoir le fondateur du groupe PRI.
Cidhotel disposerait d'une ligne de crédit de la banque Barclays de 500 millions d'euros. Il s'engagerait à conserver les 2500 salariés des établissements de Maranatha et une partie des 80 des services administratifs.
Ce montant de 500 millions d'euros correspondrait, grosso modo, à la fourchette basse des offres de reprise. Sachant que le passif du groupe est estimé entre 700 et 750 millions d'euros, avec 5 700 épargnants individuels ayant investi près de 450 millions d'euros (hors intérêts) et près de 300 millions d'euros (intérêts compris) provenant de la société Cale Street (du fonds souverain du Koweït).
Ce qui complique la donne, c'est que l'un des candidats à la reprise, Attestor Capital, a contesté une ordonnance du juge commissaire autorisant un accord préalable entre les candidats repreneurs et Cale Street. Ce fonds britannique d'origine koweiti, principal créancier de Maranatha, détient des garanties réelles sur sa créance de 275 millions (hors intérêts), avec un nantissement sur les titres des sociétés détenant les fleurons de Maranatha, les hôtels du groupe Hôtels du Roy. Cet accord, selon Attestor, violerait le principe d'égalité entre créanciers.
Attestor Capital soutient également que Cale Street " pourrait être visé par une enquête de la brigade financière sur une éventuelle banqueroute".
Sur les 5 candidats déclarés au printemps, 4 en tout cas ont négocié une transaction avec Cale Street pour une reprise totale ou partielle de sa dette, à l'exception d'Attestor justement...
Le tribunal devait examiner la requête d'Attestor le 4 septembre dernier. Est-elle susceptible de repousser la date du choix du repreneur ? Selon l'avocat Thierry Montéran, associé et co-fondateur d'UGGC Avocats, et auteur d'une tribune publiée le 2 août 2018 dans le quotidien Les Echos, cette probabilité est assez faible. Quelle que soit l'hypothèse (renvoi de l'examen du dossier ou jugement en faveur ou en défaveur du requérant, "(...) "le tribunal ne sera pas contraint de renvoyer l'examen des offres à une audience ultérieure", affirme celui-ci.
"Rien n'empêche le tribunal de choisir dès le 17 septembre le repreneur dont il estimera que le projet présente les meilleures garanties et préserve les équilibres économiques de tous les créanciers, estime maitre Montéran dans les Echos. Cela vaudra aussi pour l'offre présentée par Attestor Capital dès lors qu'en absence d'accord avec Cale Street, elle présentera des garanties financières équivalentes permettant de couvrir les risques du contentieux avec Cale Street."
DERNIERE MINUTE : QUATRE OFFRES TIENDRAIENT LA CORDE : Paris Inn/Apollo/123IM, Colony Capital/AccorHotels, Tikehau- Groupement De l'Hôtellerie, Algonquin/Benson Elliott. L'offre d'Attestor - Loxi serait écartée, compte tenu de la tierce opposition que le groupe a engagée.
Selon Les Echos (édition internet du 10 septembre), qui s'appuie sur une" source proche du dossier", ces quatre offres (celle de Cidhotel n'es pas citée) "seraient à égalité sur le plan social (reprise intégrale des 80 salariés de la centrale de réservation et des 2500 employés des hôtels. Et à égalité également sur les créances, "valorisant les Hôtels du Roy à 450 millions d'euros, et la partie historique d'une cinquantaine d'établissements à 225 millions. Sur les Hôtels du Roy, Cale Street recevrait 150 millions dès la reprise, 150 millions dans 5 ans, et les quelque 2.000 petits porteurs, 150 millions dans 5 ans".
La différenciation pourrait donc se faire sur l'engagement de continuité, indique la source des Echos."Sur ce plan, écrit le quotidien, le duo Schroder et Benson, qui a renforcé son offre en s'engageant d'investir 80 millions sur 5 ans, et celui formé par Tikehau et Gilles Douillard, tiendraient la corde".
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