Chute rapide de l’activité des hébergements jusqu’à la fermeture des deux tiers du parc

Le marché européen des hébergements touristiques a basculé en l’espace de deux semaines dans une quasi paralysie. Passage en revue des principaux indicateurs.

Le marché européen des hébergements touristiques a basculé en l'espace de deux semaines dans une quasi paralysie. Passage en revue des principaux indicateurs.

Majestic, Carlton, Martinez.... Tous les hôtels de luxe de Cannes ont fermé. Le Martinez le 17 mars. Auparavant, il avait fait don de ses denrées à l’association SOS Gaspillage pour une redistribution aux personnes démunies et au SAMU social de Cannes. Yann Gillet, son DG, a ouvert sur Facebook un groupe Martinez Family, pour "rapprocher les gens dans ces circonstances, avec une belle dynamique de solidarité au sein des équipes". Le Martinez met aussi des lits à la disposition des autorités.

Dans l’hôtellerie, le marché a amorcé sa baisse en Europe dans les derniers jours de février. Sur les 29 jours de ce mois, les indicateurs de fréquentation et de revenus demeuraient toutefois en légère hausse. A l’exception de l’Italie, touchée plus tôt par l’épidémie.

Le bilan de mars sera tout autre ! Se basant sur les 19 premiers jours du mois, MKG observe déjà sur la France une baisse moyenne du taux d’occupation de 18 points. Celui-ci tombe à 41,3 %. Il chute même de plus de 30 points dans le haut de gamme, passant de 60,1 % à 32,7 %.

A Paris, par exemple, les taux d’occupation de l’échantillon Olakala (334 hôtels) atteignaient en moyenne 50,55 % le dimanche 1 mars. Soit une baisse d’environ 10 points par rapport au même jour de 2019. Le mercredi 11 mars, ils passaient à 40,31 %, soit 52 points de moins (92,38 %). Le RevPar a suivi le même chemin, avec un recul de 57,24 % à 69,17 euros (vs 161,76 euros en 2019)

Dans la deuxième quinzaine de mars, le taux d’occupation, à l’évidence, va accélérer sa baisse. La fréquentation a dégringolé à partir du 16, avec le coup de grâce du 17, date du confinement. Et une nouvelle donne va chambouler les performances et leurs mesures. C’est la fermeture pure et simple de milliers d’établissements dans toute la France. Faute de clients français et internationaux ! Beaucoup ont écourté leur séjour pour rentrer chez eux avant la fermeture de leur frontière nationale.

Les hôtels des segments Haut de gamme et Luxe les plus impactés

Ainsi à Cannes, tous les fleurons de la destination ont fermé vers le 17 mars. Grand Hôtel, Croisette Beach, Radisson Blue, Five Seas Hôtel. Et bien sûr, Majestic Barrière, Intercontinental Carlton et Martinez by Hyatt. Le Martinez faisait état d’un taux d’occupation de 20 % le week-end du 14 et 15 mars. Le 16, les derniers clients en quête d’un avion faisaient leurs valises. Le 17, l’établissement fermait.

Combien d’hôtels sont fermés aujourd’hui ? Une majorité assurément. Un chiffrage précis s’avère difficile. Chaînes intégrées et chaînes volontaires rechignent à dévoiler leurs chiffres. A contrario, le groupement Contact Hôtels, spécialiste des hôtels bureaux 1 et 2 étoiles, fait preuve de transparence. Le 23 mars, le sondage effectué auprès de ses 300 adhérents indiquait 89 % d’établissements fermés, 10 % ouverts et 1 % réquisitionnés. D’autres groupes, positionnés sur le haut de gamme et le luxe, ont annoncé l’arrêt de tous leurs établissements, pour une durée d’au moins 1 mois. Les 18 hôtels du groupe Barrière et les 27 enseignes 4 et 5 étoiles du groupe Paris Inn.

Selon un comptage HR-infos, 16 %  des 247 hôtels Accor proposés sur Paris et la première couronne étaient disponibles à la réservation sur sa plateforme pour les nuitées du 27 et 28 mars. Le nombre d’hôtels ouverts est probablement plus élevé en région. Ainsi, sur le site centralisé de The Originals, 121 de ses 422 adresses hors Paris (29 %) étaient disponibles pour ces mêmes dates.

2 700 hôtels de chaînes intégrées à l’arrêt

La physionomie du parc a évolué très vite depuis la mi mars. Ainsi le Groupement National des Chaînes hôtelières (GNC) indiquait au média Les Echos 400 établissements fermés le mardi 16 mars. Leur effectif passait à 1300 le lendemain et à 1800 en fin de semaine, totalisant plus de 100 000 chambres. Plus de la moitié des hôtels de chaîne étaient déjà à l’arrêt. Cette suspension provisoire de l’activité va conduire à la mise en chômage partiel de plus de 18 000 salariés.

Interrogé par HR-infos le 25 mars, Jean-Virgile Crance, président du GNC, faisait état désormais de la fermeture dans les groupes hôteliers des 2/3 de leur capacité (2 700 hôtels pour 190 000 chambres). Sur les 4000 hôtels pour 330 000 chambres de leur parc, 1300 environ restent donc ouverts pour environ 110 000 chambres. « Chaque jour qui passe, nous avons un peu plus de fermetures, indique monsieur Crance, mais je pense que cela va se stabiliser pour permettre de répondre aux demandes tant d’hébergement d’urgence que pour le personnel soignant ou autre qui ont besoin de se loger dans le cadre de leur activité professionnelle. »

94 % des résidences de tourisme ont suspendu leurs activités

Du côté des résidences de tourisme, 94 % des 2200 destinations du secteur ont suspendu leur activité, selon le recensement effectué par le SNRT (Syndicat National des Résidences de Tourisme et des Appart’hôtels). Quelques résidences urbaines restent ouvertes pour continuer de prendre en charge des clients en long séjour. En regroupant pour des raisons économiques, sur un seul site, les clients dispersés sur plusieurs établissements. Près de 10 000 salariés ont commencé d’être placés en chômage partiel.

L’exercice 2020 est-il déjà d’ors et déjà définitivement hypothéqué pour l’industrie hôtelière ? Il est prématuré de l’affirmer. L’importance de sa récession dépendra de la durée de la crise et de la résilience du marché. Domestiques, internationales, professionnelles ou de loisirs…. Toutes ses clientèles ne vont pas reprendre le chemin des hôtels simultanément et avec la même intensité, d’ici l’été. Quant aux campings et aux centres de vacances, fermés par arrêté jusqu’au 15 avril, ils ne profiteront que partiellement des vacances de Pâques, en raison du calendrier 2020 des trois zones scolaires.

Les stations de sports d’hiver fermées six semaines avant la fin de leur saison

En revanche, le bilan 2019-2020 est d’ors et déjà fortement dégradé pour les stations d’hiver. Commencé sur les chapeaux de roue, leur saison s’achève sur les jantes, très prématurément. Leur calendrier est amputé d’au moins six semaines. Mars et début avril coïncident en effet avec les dernières semaines d’activités hivernales.

Selon les projections du cabinet Contours réalisées pour l’Observatoire Savoie Mont-Blanc, le manque à gagner pour les stations savoyardes dépasserait les 800 millions d’euros. L’épidémie a dégradé toutes leurs activités. A commencer par leurs hébergements touristiques, qui perdront 10 millions de nuitées. Les résidences de tourisme, les plus impactées, vont abandonner 2 millions de nuitées, soit 28 % du volume de la saison. L’hôtellerie en lâchera 800 000 (23 %). Les autres hébergements collectifs verront 1 million de nuitées se volatiliser, le tiers de leur activité ! Gîtes de France n’est pas épargnée, avec un déficit de 53 000 nuitées, le quart de son activité hivernale.

COMMENT LE MARCHÉ A BASCULÉ EN MARS

Source des tableaux : MKG – Olakala, extraits de son rapport au 20 mars sur l’industrie hôtelière européenne
Le comptage quotidien sur le mois de mars s’arrête au 19 mars.

Taux d’occupation : des baisses de 20 à 30 points sur les principaux marchés européens

RevPar : des baisses de 45 % en Allemagne à 88 %  en Italie

Dégradation de la fréquentation plus marquée sur Paris et l’Ile de France

TO : Les gammes économiques ont mieux résisté que le milieu de gamme le haut de gamme

L’effondrement des RevPar s’est accélérée avec les fermetures des restaurants et l’anticipation du confinement

 

 

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