Napaqaro, son propriétaire, va solliciter l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire auprès du tribunal de commerce de Nanterre. La déclaration, faite le 27 mars, intervient moins de deux mois après l'annonce par le groupe détenu par le fonds britannique TDR Capital de sa décision de céder l'enseigne. Napaqaro argue de difficultés économiques et financières provoquées par la crise Covid et aggravées ensuite par l'inflation. Courtepaille avait déjà été placé en redressement judicaire en 2020 et repris pour 17 millions d'euros par TDR.
Bis repetita ! L’enseigne Courtepaille va connaître son deuxième redressement judiciaire en l’espace de deux ans et demi.
En juillet 2020 déjà, le fonds d’investissement britannique ICG, qui en était le propriétaire depuis 2011, avait provoqué cette procédure pour accélérer la vente du réseau déjà en difficultés. Un processus qui s’était achevé en septembre avec la cession à Buffalo Grill, préféré à l’offre du groupe Bertrand. Buffalo étant lui-même détenu depuis 2018 par un autre fonds d’outre-Manche, TDR Capital.
Le schéma de redressement judiciaire annoncé le 27 mars semble identique et ses raisons similaires. Le groupe fait à nouveau face «à de graves difficultés économiques et financières », indique le communiqué de presse de Napaqaro, maison mère de Courtepaille et Buffalo Grill. Des difficultés nées lors de la crise du covid et aggravées par la suite.
Les dirigeants de Courtepaille invoque l’inflation qui a grossi les coûts matière et amaigri la fréquentation des restaurants. Contraints dans leur budget, les consommateurs ont arbitré dans leurs dépenses de loisirs, et souvent en défaveur de la restauration à table.
Les quelques 200 restaurants Courtepaille n’avaient toujours pas retrouvé un niveau de fréquentation proche de celui de 2019. Il accusait encore un repli de 25% l’an dernier avec un chiffre d’affaires de 190 millions d’euros, équivalent à celui de 2018.
Casse sociale à craindre
Le redressement judiciaire vise à protéger l’entreprise à court terme et à accélérer sa remise en vente annoncée dès février 2022.
Pendant la période d’observation, la direction, assistée de «deux administrateurs judiciaires désignés par le tribunal, mettra tout en œuvre pour rechercher des solutions de reprise de Courtepaille ‘(…) et trouver la meilleure solution possible pour préserver l’activité et les emplois », détaille le communiqué.
«Cette décision était inéluctable compte tenu de la situation financière de Courtepaille », poursuit le communiqué, «le modèle économique, déjà fragilisé, ne fonctionne plus au vu de l’inflation actuelle qui engendre la hausse des coûts des matières premières et la baisse du niveau de fréquentation des restaurants».
Courtepaille compte 144 restaurants exploités en propre et 76 en franchise. Il emploie 2 089 salariés.
Il est à craindre que le repreneur se désaississe des unités jugées les moins rentables et qu’il supprime à nouveau, par conséquent, des emplois.
En 2020, TDR s’était engagé à reprendre 145 succursales sur 170. Pari presque tenu. Il devait reprendre 2 208 salariés sur un total de 2 477. Il en déclare 2 089 aujourd’hui, soit 119 de moins. Début 2020, Courtepaille en employait encore 3 000.
Buffalo Grill conservé, Popeyes développé
Napaqaro est également propriétaire de Buffalo Grill, qu’il entend conserver jusqu’au terme du cycle d’investissement de TDR. La chaine française compte aujourd’hui 341 restaurants et plus de 11 000 salariés (en incluant les franchises). Buffalo Grill s’était par ailleurs ouverte avant la crise sanitaire à la vente à emporter et à la livraison.
Napaqaro détient également la master franchise pour la France de Popeyes Louisiana Kitchen, numéro 2 mondial de la restauration rapide de poulet derrière KFC.
Napaqaro a ouvert début février un premier restaurant succursale sur la gare du Nord à Paris. Il ambitionne d’ouvre 20 restaurants ou « dark kitchens » cette année. Et vise les 300 à l’horizon 2030.
Popeyes avait fait une première incursion en France vers 2018 sur Montpellier, puis Toulouse et Blagnac en 2019. Son master franchisé de l’époque, Lodarest, avait finalement converti ses trois sites sous l’enseigne « Independance Burger ».