Adieu sans regret à une tour omni-bureaux opaque et énergivore. Bienvenue à la future tour Montparnasse, appelée à se métamorphoser en édifice vivant, translucide et écologique, aux usages et aux destinations multiples.
Ce futur emblème de la modernité architecturale à Paris revient à un trio d’agences françaises Chartier-Dalix, Franklin Azzi et Hardel et Le Bihan, baptisé nouvelle AOM, désigné à l’unanimité le 19 septembre au terme du troisième tour d’un concours international d’architecture lancé en juin 2016.
Les travaux, qui nécessiteront de vider la tour de bureaux de ses occupants, devraient débuter fin 2019 et durer environ trois ans et 4 mois afin de s’achever « à temps pour les Jeux olympiques de 2024 », a déclaré à la presse Gilles Vuillemard, président de l’EITMM (Ensemble Immobilier Tour Maine Montparnasse). « Nous allons créer une tour qui vivra 24 heures sur 24, avec un hôtel et des services qui pourront également être offerts aux Parisiens, afin qu’ils soient fiers de la tour et puissent se l’approprier avec de nouveaux usages », a-t-il expliqué.
Aujourd’hui sombre et enclavé dans une austère dalle de béton, le bâtiment inauguré en 1973 deviendra « clair, transparent, exemplaire au plan énergétique », a affirmé l’architecte Franklin Azzi, et pourra accueillir 12 000 personnes par jour, contre 6 000 aujourd’hui. « Ce sera une renaissance, et l’occasion de tourner la page de l’amiante », a expliqué, de son côté, Gilles Vuillemard.
La tour comprendra notamment un hôtel sur 4 étages et une crèche. Au niveau du premier tiers, où seront logés la plupart des services (cafés, restaurants) destinés aux occupants des bureaux, un « jardin suspendu » à ciel ouvert donnera un aspect plus « vert » au bâtiment, renforcé par des balcons végétalisés à chaque étage.
Et aux 210 mètres qui font de la tour Montparnasse le plus haut édifice parisien s’ajouteront les 18 mètres d’un étage supplémentaire où seront logés une « serre agricole » et 850 mètres carrés de panneaux photovoltaïques. Ceux-ci fourniront « la moitié des besoins en éclairage artificiel » de la tour, a précisé l’ingénieur Raphaël Ménard, de la société Elioth. Grâce à une ventilation naturelle aux deux tiers et au réemploi des matériaux sur le chantier notamment, le bâtiment devrait être « exemplaire » au plan environnemental, a-t-il assuré, à la fois « à énergie positive et bas carbone ».
Avec ces profonds changements, la consommation énergétique actuelle de la tour sera divisée par 10. Quelque 70 % des 40 000 mètres carrés de vitrages bruns existants seront réutilisés à l’intérieur de la tour afin de créer une paroi interne, sur toute la hauteur de la tour, accueillant de la signalétique – sur les 30 % restants, une partie sera concassée et finira dans des remblais sur le site. La tour sera élargie de 2 mètres à sa base et sur les 13 premiers étages, tandis que 4 patios « révéleront ses racines » en permettant à la lumière d’entrer au sous-sol.