Définitions
TO = Taux d’Occupation
RMC = Recette Moyenne par Chambre louée
RevPAR = Revenu moyen par chambre disponible
Les statistiques portent exclusivement sur les recettes d’hébergement (hors petit déjeuner et autres prestations)
Performances hôtelières globales France en 2016
Ces données globales ne peuvent refléter l’hétérogénéité des performances, d’une région à l’autre et d’une commune à l’autre.
Ainsi, Lyon, Toulouse et Nantes ont rayonné. Ce sont les seules grandes agglomérations de France où tous les indicateurs de fréquentation et de revenus étaient en hausse en 2016, quelles que soient les gammes considérées, du Super économique au Luxe. D’autres métropoles ont bien performé, à quelques nuances près : Bordeaux, Lille, Montpellier, Saint-Etienne, Biarritz-Anglet-Bayonne, par exemple.
A contrario, Nice est la ville qui aura enregistré les plus gros reculs. Une baisse de 6,8 % du Revpar dans le Luxe et Haut de Gamme (à 133 euros), la baisse volontaire de ses tarifs n’ayant pas réussi à pleinement stabiliser la fréquentation en recul de 1,3 %( Taux d’occupation de 68,7 %). Un recul qui atteint même 11,2 % dans le milieu de gamme (RevPar à 68 euros).
De son côté, Cannes a réussi à quasi stabiliser son RevPar dans ses hôtels de Luxe et de Haut de Gamme, qui ne recule que de 1,3 % à 203 euros avec une fréquentation en recul de 1 % (58,2%). En revanche, les hôtels cannois classés en Super Economique par In Extenso ont vu leur RevPar dégringoler de 11,2 % à 29 euros.
D’autres villes en France ont connu des performances en dent de scie, c’est le cas d’Avignon (-9,6 % de RevPar sur le Luxe et le Haut de Gamme), du Havre (-7,2 % sur le milieu de gamme) ou encore de Montpellier (- 6,2 % en Super Eco). Et même Marseille (en recul dans le Milieu de Gamme, l’Eco et le Super Eco mais en hausse dans le Luxe).
Trois questions à Philippe Gauguier, Associé – Chartered Surveyor (MRICS) In Extenso Tourisme Culture Hôtellerie (membre de Deloitte)
C’est seulement à partir du mois de novembre que les deux régions les plus en difficultés, Paris-Ile de France et Côte d’Azur, ont vu leur taux d’occupation, mais dans une bien moindre mesure leur revenu, repartir à la hausse par rapport à la même période de 2015. Pensez-vous que ces deux régions, sauf évènement imprévisible, une crise internationale ou une nouvelle vague terroriste, sont désormais engagés dans un redressement durable de leurs performances ? Nonobstant un nouveau paysage concurrentiel pour les hôtels ?
« Tout d’abord, rappelons les causes de la crise : nous avons été confronté à des actes de terrorisme sans précédent en France, car se répétant quasiment quatre fois, entre janvier et novembre 2015, puis mars (Bruxelles) et juillet (Nice) en 2016.
Nous ne sommes ni frappés par une sur capacité hôtelière (que nous avions subit début des années 90) ni par une crise sanitaire.
Nous observons d’ailleurs qu’en régions, hors Côte d’Azur, 2015 et 2016 furent de très bonnes années (+3 à 5% en 2015 et +2 à 10% en 2016). La destination France bénéficie donc, légitimement, d’une bonne dynamique.
Certes Airbnb et autres sites de location meublée sont arrivés sur le marché, venant prendre des parts de marché.
Ainsi, nous pouvons conclure que la chute des performances sur Paris et la Côte d’Azur sont essentiellement la conséquence du terrorisme.
Or, il est intéressant d’observer que toutes les crises de terrorisme subies depuis trente ans partout dans le monde ont affecté l’activité hôtelière pendant une centaine de jours, avec une reprise progressive à partir du quatrième mois.
La reprise de novembre s’inscrit pratiquement dans cette logique, c’est-à-dire trois mois après l’attentat de Nice, les autres attentats successifs ayant repoussé la date de reprise de la demande.
Bonne image, capacité globalement en ligne avec le marché, année impaire (favorable aux marchés de la réunion) : ainsi, et bien sûr sauf nouvel attentat, 2017 devrait être une année de reprise. »
En 2015, le marché hôtelier français avait globalement stagné. En 2016, peut-on plutôt conclure, au global toujours, à un recul de la fréquentation et des revenus ?
« Globalement, les performances en France ont été plus affectées par une compression des prix de ventes moyen que par la chute de fréquentation, surtout pour ce qui concerne les catégories haut de gamme. Et les crises subies sur Paris et la Côte d’Azur ont eu pour conséquence un recul sur les moyennes tirées sur la France entière, ce qui illustre le poids économique de ces deux pôles hôteliers.
Des facteurs complémentaires aux attentats viennent compléter cette réflexion. Et nous devons évoquer l’Euro de football, qui a eu un effet bénéfique sensible sur certaines agglomérations (Lille, Saint Etienne, etc.), mais aussi l’accélération des impacts de la numérisation de nos métiers, avec des risques (Airbnb) et des opportunités (OTA, réseaux sociaux, etc.).»
Malgré tout, des agglomérations et même des régions, celles du littoral atlantique par exemple, ont amélioré leurs performances. Qu’est-ce qui l’explique ? La météo ? Un mix client porteur ? Un calendrier événementiel favorable, en loisirs comme en affaires ?
« Le littoral et en particulier les centres de thalassothérapie ont bénéficié d’une excellente année 2016.
On ne peut pas dire que la météo, les inondations et les grèves de centres de distribution de carburant ont pu aider le tourisme en France. Mais la destination France présentant de tels atouts et une image de telle qualité que les consommateurs de tourisme se sont repliés vers les destinations sûres, et éviter ainsi Paris et la Côte d’Azur.
La fermeture de certains pays de soleil Maghreb, Turquie, pour ne citer que ceux-ci, a sans doute aussi favorisé nos régions. Et la demande intérieure, nationale, a certainement soutenu le dynamisme touristique français. Ceci est illustré par la forte progression des centres de thalasso, qui comptent, en général, environ 95% de clientèle nationale.
Mais c’est sûrement aussi des chantiers de longue haleine entrepris par les régions, dont la structuration de l’image et la commercialisation ont porté leurs fruits en 2016. Citons bien sûr Bordeaux, primée par Lonely Planet, mais nous pourrions évoquer les festivals, ou même le gain de l’Euro de football qui sont la conséquence de gros efforts.
Il restera à définir, comme partout dans le monde, dans quelle mesure la coordination entre les acteurs publics et les entrepreneurs privés est optimisée.»