Ce n’est que notre avis (mais on le partage)
Airbnb crée de la valeur mais en détruit aussi !
On ne fera pas de procès d’intention à ses auteurs ni à son commanditaire. Mais disons le tout net, nous nous interrogeons sur la rigueur de cette étude et mettons en doute cette estimation de 6,5 milliards d’euros.
Asterès en effet, n’envisage à aucun moment la destruction de valeur entraînée par la plate-forme, destruction induite par « l’innovation Airbnb », comme l’a mis en évidence un siècle plus tôt, à partir d’autres cas d’espèces, l’insurpassé Joseph Schumpeter. Ce chiffrage, il est vrai, est beaucoup plus complexe à réaliser. Ce n’est pas une raison pour que les économistes l’escamotent.
Comment en effet peut-on concevoir que ces 8,3 millions de voyageurs « Airbnb » aient produit 6,5 milliards d’Euros de recettes sans en avoir supprimé quelques autres par ailleurs ? Ces nouveau adeptes du collaboratif ne ne sont pas tous des primo-arrivants sur le marché touristique hexagonal. Une bonne partie d’entre eux avaient déjà consommé des séjours en France, à commencer par les Français eux-mêmes qui représentent 59 % des voyageurs. Et ils envisageaient probablement d’y séjourner à nouveau, avec ou sans Airbnb. Une partie de ces voyageurs récurrents ont donc choisi de passer par Airbnb plutôt que de continuer à séjourner dans un hébergement collectif marchand. Ce qu’ils vont donc dépenser chez l’un, ils ne dépenseront plus chez l’autre. De ces 6,5 milliards de recettes brutes devraient donc être retranchées les recettes perdues ailleurs de manière à déterminer les recettes nettes finales. Exercice évidemment fort compliqué !
Pour prétendre estimer l’impact d’Airbnb sur l’économie française, il faudrait donc chiffrer la part de son activité générée par la clientèle ayant abandonné les autres modes d’hébergements et celle apportée par des clients qui ne les avaient jamais fréquentés auparavant.
L’économie française ne serait pleinement gagnante avec Airbnb, Abritel, Homeway… que si leur offre réussissait à créer des demandes nouvelles et à apporter des voyageurs et des recettes supplémentaires. Chose à vrai dire probable. L’activité des hébergements touristiques collectifs, malgré la concurrence d’Airbnb et le recul du nombre de visiteurs internationaux, a en effet plutôt résisté en 2015 et 2016 (grâce à la clientèle française), même s’ils ont probablement pâti d’une conversion d’une part de leurs clients au mode collaboratif. Quelle a été l’ampleur de ce transfert du collectif au collaboratif ? On l’ignore. Aux économistes de le mesurer.
Ces 6,5 milliards de recettes supposées générées par la location collaborative ne sont pour le mieux que des recettes brutes. Mais en aucun cas des recettes nettes supplémentaires pour la balance commerciale touristique.
Résumé de l’étude