La plate-forme lance un portail d'accès national à ses données AirBnb (P.A.N.D.A). Aux municipalités qui en feront la demande, ce portail fournira des données clefs pour appréhender l'activité des hôtes Airbnb sur leur territoire, les retombées économiques de leurs séjours ainsi que le nombre et le type d'hébergements AirBnb au sein de leur commune et dans chaque quartier. Autant de data qui permettraient aux élus, selon AirBnb, de mieux cibler leurs actions de régulation du marché des meublés touristiques. HR-infos vous révèle les dessous du Panda !
Opportune et opportuniste, la réaction d’AirBnb ne s’est pas fait attendre, après l’adoption le 7 novembre de la loi sur la régulation des meublés de tourisme à l’échelle locale. Le Parlement ayant tranché, la plateforme n’est plus en posture de la contester sur le fond. Son directeur général pour la France et la Belgique, Clément Eurly, s’est même dit réjoui de son adoption (Courrier des maires)…
Ses critiques s’étaient d’ailleurs surtout focalisées sur la réduction de la location de 120 à 90 jours dans les résidences principales. Mesure qui n’a aucun sens selon Eurly et qui n’aura même, selon lui, que des impacts négatifs (sur le pouvoir d’achat des ménages, la capacité d’accueil…). Mesure d’ailleurs que les Sénateurs contestaient, réfutant l’affirmation (NDLR : sans doute à juste titre), que cette réduction pourrait avoir un quelconque impact positif sur le logement.
Informer les décideurs locaux et éclairer leurs décisions
Opportune, en effet, sa réaction est matérialisée par PANDA. Avec son lancement, la plateforme met (enfin !) à la disposition des municipalités un ensemble de données et de tendances sur l’activité AirBnb qui devraient leur permettre de « mieux appréhender les principaux flux touristiques et l’activité des hôtes, d’évaluer les bénéfices de la location meublée touristique localement et de visualiser la part de meublés de tourisme dédiés à la courte durée au sein de chaque quartier » (extrait de son communiqué de presse). A priori (information non vérifiée), ses données porteraient sur l’ensemble des communes où AirBnb est présent. Plus de 29 000…
« Cet outil permettra aux villes, ajoute AirBnb, de nourrir leur stratégie touristique, et de limiter le nombre de meublés dédiés lorsque nécessaire, tout en préservant l’opportunité pour les familles françaises et les commerces locaux de bénéficier des retombées économiques positives issues des locations occasionnelles.»
Opportuniste également, cette initiative l’est assurément. Elle intervient à la veille du Salon des Maires et des Collectivités locales (du 19 au 21 novembre). Salon sur lequel AirBnb sera présent… L’opportunité pour la plateforme de montrer et vanter son PANDA aux élus et fonctionnaires territoriaux. Et à ces derniers de juger sur pièce ses promesses de transparence.
Elle intervient aussi à un moment où la location de court séjour est sur la sellette. La menace de leur interdiction pure et simple se rapproche. Ailleurs en Europe et dans le monde, des grandes villes sont passées à l’acte. New York déjà. Barcelone bientôt.
Différencier les meublés entre ceux dédiés à la location et ceux occasionnellement loués
Avec cette opération PANDA, AirBnb veut sans doute limiter la désinformation et l’hystérisation lobyiste du débat. Qu’en est-il réellement de ses parts de marché en France ? PANDA devrait soulever le voile. Et plus largement de ceux de La Location Meublée de Tourisme (LMT) .
Sur ce dernier point, une étude encore récente de Pwc (Pricewaterscoopers France, octobre 2023, commandée par AirBnb) dément aussi leur omniprésence. Les LMT dédiées ne représenteraient en réalité que 0,2% du parc de logements total (72 000 en 2022). Soit 41x moins que les logements vacants (3,1 millions). Et surtout, 8 % seulement des meublés sont dédiés à la location de courte durée. Les 92 % restant, dont la moitié en résidence principale, étant des meublés occasionnels.
En revanche, les LMT, tout type confondu (gîtes compris) sont bien devenus un pilier de l’hébergement touristique en France, pour différentes raisons, autant sociologiques qu’économiques, liées à la structure de l’offre et aux nouveaux comportements des consommateurs. Présent dans plus de 29 000 villes quand les hôtels sont regroupés sur 5 300, ils représentent de fait 40 % des nuitées passées en hébergement touristique.
Avec PANDA, AirBnb espère donc éclairer les décisions à venir des élus. En dissuadant les plus hostiles de prendre des votes sanctions et indifférenciés, sans tenir compte de la réalité locale du logement, quartier par quartier. Votes qui, de fait, limiteraient drastiquement et aveuglément les locations de meublés, qu’ils soient dédiés ou véritablement occassionnelles (comme dans le cas des résidences principales). Et, in fine, risqueraient de fragiliser leur capacité d’acceuil touristique.
Ce qu’AirBnb dit soutenir !
« Airbnb soutient depuis plusieurs années la mise en place de réglementations permettant de trouver un juste équilibre entre les besoins des familles qui souhaitent louer leur appartement ou maison de famille et les besoins locaux en matière d’hébergement et de tourisme. En France, nous collaborons déjà avec plus de 350 villes en leur communiquant des données sur l’activité des hôtes et en leur donnant accès à des outils pour faciliter le bon respect des règles. »
Clément Eulry, directeur d’Airbnb France
« Avec le nouveau cadre réglementaire récemment voté, les villes confrontées à des problématiques de logement auront prochainement la possibilité de se saisir d’un panel d’outils efficaces pour élaborer et mettre en œuvre leur propre politique encadrant la location de courte durée.
Grâce au nouveau portail de données d’Airbnb, ces villes disposeront d’une source d’information fiable pour prendre, si besoin, des mesures ciblées, proportionnées et justifiées, qui s’attaquent aux problèmes de logement là où ils se posent tout en continuant de permettre aux familles de louer occasionnellement leurs résidences principales ou secondaires.
En France, la location occasionnelle permet à des centaines de milliers de familles françaises de payer leurs charges et aux entreprises et commerces locaux de bénéficier des revenus positifs du tourisme. Les données de ce portail seront également très utiles pour nourrir la stratégie touristique de nombreux territoires »
Le portail d’accès réservé aux municipalités
HR-infos a voulu visiter le portail. Il semble que son contenu ne soit pas accessible à des tiers autres que des membres de la commune visée.
Un aperçu des datavisualisation que les municipalités devraient trouver sur PANDA
Portail-dAcces-National-aux-Donnees-Airbnb-P.A.N.D.A-APERCU-1-1-1Les informations clefs disponibles sur le site PANDA et mis à jour régulièrement
- Le nombre de nuitées et de voyageurs hébergés par les hôtes,
- Les retombées économiques générées par les séjours
- le nombre d’hébergements et leur nature (chambre chez l’habitant, résidence principale, résidence secondaire ou locations de meublés de tourisme dédiées) au sein de la ville et dans chaque quartier.
Les autres informations qu’AirBnb communiquerait déjà
- Enregistrement obligatoire – Airbnb continuera de déployer l’enregistrement obligatoire dans toutes les villes qui mettent en œuvre cette mesure
- Portail des territoires – Airbnb donnera accès à ces villes au portail des territoires – un outil innovant permettant aux villes de supprimer les annonces non conformes aux règles locales.
- Sensibilisation de la communauté – Airbnb informera les hébergeurs de leurs obligations, via son hub réglementaire dédié et des emails d’information