Le tribunal de grande instance de Nanterre a débouté le chef savoyard qui l'avait saisi aux motifs que la décision du Guide Michelin de lui retirer la troisième étoile à son restaurant de la Maison des Bois à Manigod (Haute-Savoie), n'était pas motivée et lui avait causé dommage et préjudice.
Selon les termes de la décision du TGI rendue le 31 décembre, le chef et sa société SCS Marc Veyrat « ne produisent aucune pièce relative à l’existence d’un dommage et à la réalité de leur préjudice ». Le chef de Manigod considérait qu’en rétrogradant de trois à deux étoiles son restaurant de Manigod (Haute-Savoie) La Maison des Bois, quelques mois seulement après son ouverture, le guide rouge avait fait une « erreur » et demandait un euro symbolique de réparation.
Marc Veyrat avait d’ailleurs indiqué en novembre dernier avoir vu le chiffre d’affaires de La Maison des Bois grimper de «7% en un an», faisant dire à Maître Malka, à l’audience, que l’action en justice du chef n’était qu’une «opération publicitaire».
Par la voix de son avocat, Mars Veyrat avait demandé, à l’audience fin novembre, à obtenir les preuves des inspections du guide et des compétences de ses inspecteurs, ainsi que «la trace des débats» ayant conduit au déclassement de son établissement. Après une réunion infructueuse en mars avec le directeur du guide Michelin, le célèbre chef l’avait attaqué en justice.
«Très affecté», Marc Veyrat «ne peut que continuer de penser que le restaurant La Maison des Bois a été victime d’une erreur d’appréciation avec des inspecteurs qui ont notamment confondu une recette complexe à base de produits savoyards avec une vulgaire tranche de cheddar», a réagi son avocat, Emmanuel Ravanas. «Si on me dit: « Mon Veyrat, votre cuisine est moins bonne qu’avant », j’accepte tout. Je respecte le Michelin, je dis : « Amen, on va faire le nécessaire »», mais «là c’est des critères incroyables», a de son côté commenté Marc Veyrat.
Le tribunal de Nanterre a cependant estimé que les pièces qu’il avait produites étaient «insuffisantes à démontrer l’existence d’un motif légitime de nature à justifier qu’il soit porté une atteinte disproportionnée à l’indépendance d’évaluation constitutive de la liberté d’expression des inspecteurs du guide».
Et le tribunal de rappeler que cette liberté était « garantie » par la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales. « Il doit être rappelé qu’il n’existe aucune protection légale particulière des critiques gastronomiques », a rétorqué Maître Ravanas.
«Il faut souhaiter que cette décision mette fin aux gesticulations médiatiques et aux divagations juridiques de M. Veyrat», a indiqué Richard Malka, avocat du Guide Michelin, estimant que les griefs du demandeur revêtaient un «caractère malveillant et totalement imaginaire».
En revanche, le tribunal n’a pas fait droit à la demande du guide qui réclamait 30 000 euros de dommages et intérêts au motif que la procédure lancée par le chef était abusive.
Le chef français a toutefois confirmé à l’AFP qu’il ne comptait pas s’arrêter là sur le plan judiciaire : «C’est pas fini, je suis un guerrier moi. Je ne me laisserai pas faire», a-t-il prévenu. Il a décidé de faire appel de la décision du TGI, a annoncé le 9 janvier son conseil. Selon Emmanuel Ravanas, la a décision du TGI « contient de nombreux points critiquables, apparaissant comme non fondés en droit.»? Un appel jugé « regrettable » par Richard Malka, l’avocat du Guide Michelin. « Mais nous démontrerons une fois de plus », a-t-il réagi auprès de l’AFP.
Il ne poursuit néanmoins « aucun objectif financier mais la simple demande d’être déréférencé pendant un temps » du Guide Michelin, a souligné son avocat. (avec AFP).